Or nous n'avons pas été déçus. Toutes les priorités ont été abordées, avec au cas par cas l'énoncé de solutions politiques et économiques susceptibles d'être portées par le futur président, mises en oeuvre par le futur gouvernement. Le lieu n'est pas ici de revenir sur la longue liste énoncée avec une conviction contagieuse par François Hollande. Citons dans le désordre la mise au pas de la finance, le financement de l'investissement industriel et scientifique, la réinsertion des quartiers périphériques, la relance de l'alliance avec l'Allemagne, la défense sans ambiguïté des valeurs de la République et de la laïcité, le soutien aux services publics, le renforcement du projet éducatif, le départ de l'Afghanistan, la refonte de certains points des traités européens devenus paralysants, le refus des extrêmes-droites nationalistes.
Nos voisins européens pourront se rassurer. François Hollande, outre une connaissance étendue des dossiers, a montré qu'il ne s'imaginait pas que la France puisse seule conduire ces réformes. Il lui faudra convaincre les autres Etats afin de mobiliser toutes les forces européennes dans une entreprise débordant largement les objectifs de la seule social-démocratie. De larges domaines de négociation diplomatiques pourront donc s'ouvrir dès les élections, sinon avant, afin de reconstruire l'Europe sur de nouvelles bases.
La droite française fait déjà largement valoir que les mesures proposées heurteront tellement d'intérêts qu'elles seront bloquées dans l'oeuf ou détournées. C'est là que le nouveau gouvernement devra reprendre le flambeau que vient de lui confier François Hollande. Celui-ci a su faire naître au Bourget une ferveur peu vue depuis 1981 et la Libération. Lorsqu'un grand projet politique transcende les intérêts particuliers en se mettant au service des valeurs républicaines, il peut provoquer des miracles de la part des citoyens. C'est ce que Victor Hugo avait superbement dit à propos des soldats de l'An II.
La tristesse et la peur leur étaient inconnues.
Ils eussent, sans nul doute, escaladé les nues
Si ces audacieux,
En retournant les yeux dans leur course héroïque
Avaient vu derrière eux la grande République
Montrant du doigt les cieux ! ...
Si la France sait générer un tel enthousiasme chez ses citoyens, nul doute que nos voisins et amis européens ne s'en inspirent aussi. Alors l'Europe n'aura plus d'adversaires susceptibles de l'inquiéter.
Jean Paul Baquiast


