Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking
|
|
|
Documents
Jean-Paul Baquiast
Miércoles, 8 de Junio 2011
Le 7 juin 2011 a été publiquement lancée (sur Internet) une campagne de mobilisation pour organiser, à partir du 6 octobre 2011 (dixième anniversaire de l'attaque US contre l'Afghanistan), l'équivalent à Washington D.C. de la " révolution égyptienne", place Tahrir, au Caire. Le projet est similaire : installer sur Freedom Plaza, à Washington D.C., un campement massif de protestation semblable à ce qui fut fait au Caire, en février-avril de cette année. Inutile de souligner l'importance géostratégique d'un soutien du peuple américain aux révoltes européennes.
Cet article a été publié en premier lieu sur le site Dedefensa dont notre ami Philippe Grasset est l'éditeur et le principal rédacteur. Nous ne pouvons qu'en souligner l'importance
JPB pour Automates Intelligents.
L'appel est notamment lancé sur CommonDreams.org, sous le titre : «History Is Knocking: Stop the Machine! Create a New World!» Le texte est très long et explique les raisons fondamentales de l'action, qui sont évidentes, qui renvoient au blocage général de notre civilisation, et notamment à la responsabilité des élites dans cette situation. Une des cibles principales se trouve dans tous les établissements, institutions, centres de pouvoir, qui représentent le système officiel de corruption de la direction américaniste (lobbying, corporate power, etc.). http://www.commondreams.org/view/2011/06/07-2Dans le texte, on trouve les précisions sur les débuts de l'action, dans quatre mois...
«October 6 is the 10th anniversary of the Afghanistan invasion, and the beginning of the new federal budget year—an austerity budget for everything except for war and the corporate security state. On this day, we are calling for sustained and nonviolent mass resistance in Washington, D.C. The action, Stop the Machine! Create a New World!, portends an American Tahrir Square at Freedom Plaza between the White House and Congress, a block away from the National Press Club and a few blocks from the Chamber of Commerce and K Street, the stomping ground of corporate lobbyists.»
L'organisation est déjà assez avancée et semble être très ambitieuse. Un site concernant cette action a d'ores et déjà été créé (). Il s'intitule très simplement October2011.org. La déclaration d'intention de cette action qui se veut à caractère, disons “semi-révolutionnaire”, ou “révolutionnaire postmoderniste”, se trouve sur ce site, sous forme de serment...
«I will be there – “I pledge that if any U.S. troops, contractors, or mercenaries remain in Afghanistan on Thursday, October 6, 2011, as that criminal occupation goes into its 11th year, I will commit to being in Freedom Plaza in Washington, D.C., with others on that day with the intention of making it our Tahrir Square, Cairo, our Madison, Wisconsin, where we will nonviolently resist the corporate machine until our resources are invested in human needs and environmental protection instead of war and exploitation. We can do this together. We will be the beginning ...”»
Les divers accès permettent de détailler les très nombreux noms de personnalités activistes ayant déjà signé et adhéré à l'appel. Divers sites et organisations sont également impliqués. Certains liens conduisent d'ailleurs à la découverte d'autres projets d'action, comme le site Veterans For Peace, qui soutient l'organisation de la “Democracy Convention”, les 24-28 août à Madison, dans le Wisconsin. Madison est un lieu désormais fameux de la contestation US depuis l'épisode de février 2011, ui-même déjà psychologiquement lié aux événements du Caire et du “printemps arabe”...
Les sceptiques diront que ce n'est pas la première fois qu'un mouvement de contestations est lancé aux USA durant la période actuelle (depuis 9/11). Le passé ne les dément pas. D'autre part, il existe des circonstances qui ont un poids considérables, des échéances d'un poids non moins considérable, une psychologie d'une considérable importance, qui ont toutes évolué, et sans doute d'une façon radicale depuis 2007-2009. (Entre la victoire démocrate de novembre 2007, la crise de 2008, l'élection de Barack Obama et la déception qui a suivi auprès des démocrates et “progressistes” US.) C'est pourquoi nous nous arrêtons à ce projet qui est assimilé à l'ambition de lancer un “automne américain”, comme il y a, en cours, un “printemps arabe”.
...Car l'intérêt du projet, immédiat dans l'apparence, est d'abord tactique. L'organisation de l'action de cet “automne américain” imite absolument l'action, c'est-à-dire la tactique de la place Tahrir, au Caire, en février 2011. Cette tactique est devenue, pour les actions populaires de masse en milieu urbain, le fondement de la possibilité d'une contestation efficace dans l'ère postmoderniste, cette époque qui est marquée principalement par l'activité considérable du système de la communication. Quelle que soit l'inspiration de cette tactique (y compris celle qu'on attribue à Gene Sharp , largement cité à propos des événements égyptiens et à propos de qui certains émettent des réserves qui n'ont guère d'intérêt ici), l'avantage est évidemment qu'elle “fixe” la contestation sur un lieu public, sans limitation de temps, constituant par sa seule présence pacifique le cœur de sa contestation, – celle-ci effectivement répercutée par le système de la communication, si friand de sensationnel.
Cette action soumet les contestataires à des risques beaucoup plus limités que des actions urbaines “offensives”, en laissant aux autorités la nécessité de l'initiative d'une action de répression quelconque pour disperser cette concentration, tout cela en plein cœur d'une vaste population urbaine et sous l'attention vigilante et agitée du système de la communication. Cette “fixation” dans un lieu public focalise inévitablement l'attention du système de la communication, tant au niveau médiatique qu'à celui des soi disant “réseaux sociaux”, ce qui agit quasi automatiquement comme une pression de renforcement de cette action.
D'autre part, les “revendications” du mouvement “Octobre 2011” sont suffisamment vagues et universelles par rapport à la période impliquée qui est celle qui nous affecte depuis 9/11, pour renforcer l'intérêt de l'initiative. Demander l'abolition du régime infâme du Système, de la corruption officiellement admise, de la dictature de la corporate machine, demander de faire cesser les activités de guerre, la destruction de l'univers et du cadre de vie dans cet univers en cours de déstructuration, tout cela implique un programme si vaste et si ouvert qu'il a peu de chance d'être satisfait par des mesures de compromis du Système, pour “récupérer” ou étouffer le mouvement. Il permet éventuellement, si le climat s'y prête, l'élargissement de la contestation vers la collectivité générale, dans des conditions de relative impunité, dans tous les cas par rapport à des actions “offensives” qui amènent aussitôt une riposte énergique des autorités.
Le point de l'universalité et de l'imprécision des revendications est sans aucun doute essentiel pour cette sorte de projet, dont le véritable but devrait être, s'il est conçu intelligemment, non pas tant d'obtenir des résultats concrets mais bien d'amorcer, d'étendre l'expression d'un mécontentement général. Selon nos conceptions, on ne doit pas placer un tel mouvement dans le sens d'un “résistance” active avec le but et l'espoir d'imposer des changements au Système, parce que le Système est, dans sa capacité de surpuissance, invincible et hermétiques selon les normes de confrontation ; on doit plutôt chercher la constitution d'un système antiSystème, dont l'effet est d'accélérer le désordre, et donc la pression déstructurante contre le Système, accélérant le propre mouvement d'autodestruction par déstructuration du Système.
Selon les modalités et les buts qui sont proclamés, un tel mouvement peut, soit fermer la porte à son extension à différentes tendances, soit l'ouvrir au contraire à de nombreuses tendances pour en faire une dynamique qui serait alors et d'un même élan “multi-partisane” et non-partisane. Dans le second cas, le projet permettrait le regroupement de toutes les forces de contestation, dont la division a jusqu'ici été, aux USA particulièrement, le handicap fondamental pour empêcher l'efficacité et la puissance. Un tel mouvement, pour réussir et devenir véritablement déstructurant dans un sens antiSystème, doit bannir toutes les références aux idéologies habituelles ; rassembler la gauche progressiste qui s'est manifestée à Madison ; attirer des éléments de la droite type Tea Party, et aussi de la droite antiwar qui semble connaître une résurrection.
De ce point de vue, tout reste à faire et à démontrer pour ce mouvement “Octobre 2011” pris comme référence, et rien ne peut être dit d'assuré, en aucune façon. Il reste quatre mois pour faire et démontrer. On observera simplement, parce que c'est l'évidence, que “Octobre 2011” confirme, comme le reste, le désordre et le bouillonnement de la vie politique américaine et américaniste, cette fois, en se dégageant du rythme imposé par le Système, des élections et des divers débats de l'establishment qui permettent en général au Système de contrôler et de récupérer toutes les tentatives antiSystème.
Philippe Grasset
08/06/2011
JPB pour Automates Intelligents.
L'appel est notamment lancé sur CommonDreams.org, sous le titre : «History Is Knocking: Stop the Machine! Create a New World!» Le texte est très long et explique les raisons fondamentales de l'action, qui sont évidentes, qui renvoient au blocage général de notre civilisation, et notamment à la responsabilité des élites dans cette situation. Une des cibles principales se trouve dans tous les établissements, institutions, centres de pouvoir, qui représentent le système officiel de corruption de la direction américaniste (lobbying, corporate power, etc.). http://www.commondreams.org/view/2011/06/07-2Dans le texte, on trouve les précisions sur les débuts de l'action, dans quatre mois...
«October 6 is the 10th anniversary of the Afghanistan invasion, and the beginning of the new federal budget year—an austerity budget for everything except for war and the corporate security state. On this day, we are calling for sustained and nonviolent mass resistance in Washington, D.C. The action, Stop the Machine! Create a New World!, portends an American Tahrir Square at Freedom Plaza between the White House and Congress, a block away from the National Press Club and a few blocks from the Chamber of Commerce and K Street, the stomping ground of corporate lobbyists.»
L'organisation est déjà assez avancée et semble être très ambitieuse. Un site concernant cette action a d'ores et déjà été créé (). Il s'intitule très simplement October2011.org. La déclaration d'intention de cette action qui se veut à caractère, disons “semi-révolutionnaire”, ou “révolutionnaire postmoderniste”, se trouve sur ce site, sous forme de serment...
«I will be there – “I pledge that if any U.S. troops, contractors, or mercenaries remain in Afghanistan on Thursday, October 6, 2011, as that criminal occupation goes into its 11th year, I will commit to being in Freedom Plaza in Washington, D.C., with others on that day with the intention of making it our Tahrir Square, Cairo, our Madison, Wisconsin, where we will nonviolently resist the corporate machine until our resources are invested in human needs and environmental protection instead of war and exploitation. We can do this together. We will be the beginning ...”»
Les divers accès permettent de détailler les très nombreux noms de personnalités activistes ayant déjà signé et adhéré à l'appel. Divers sites et organisations sont également impliqués. Certains liens conduisent d'ailleurs à la découverte d'autres projets d'action, comme le site Veterans For Peace, qui soutient l'organisation de la “Democracy Convention”, les 24-28 août à Madison, dans le Wisconsin. Madison est un lieu désormais fameux de la contestation US depuis l'épisode de février 2011, ui-même déjà psychologiquement lié aux événements du Caire et du “printemps arabe”...
Les sceptiques diront que ce n'est pas la première fois qu'un mouvement de contestations est lancé aux USA durant la période actuelle (depuis 9/11). Le passé ne les dément pas. D'autre part, il existe des circonstances qui ont un poids considérables, des échéances d'un poids non moins considérable, une psychologie d'une considérable importance, qui ont toutes évolué, et sans doute d'une façon radicale depuis 2007-2009. (Entre la victoire démocrate de novembre 2007, la crise de 2008, l'élection de Barack Obama et la déception qui a suivi auprès des démocrates et “progressistes” US.) C'est pourquoi nous nous arrêtons à ce projet qui est assimilé à l'ambition de lancer un “automne américain”, comme il y a, en cours, un “printemps arabe”.
...Car l'intérêt du projet, immédiat dans l'apparence, est d'abord tactique. L'organisation de l'action de cet “automne américain” imite absolument l'action, c'est-à-dire la tactique de la place Tahrir, au Caire, en février 2011. Cette tactique est devenue, pour les actions populaires de masse en milieu urbain, le fondement de la possibilité d'une contestation efficace dans l'ère postmoderniste, cette époque qui est marquée principalement par l'activité considérable du système de la communication. Quelle que soit l'inspiration de cette tactique (y compris celle qu'on attribue à Gene Sharp , largement cité à propos des événements égyptiens et à propos de qui certains émettent des réserves qui n'ont guère d'intérêt ici), l'avantage est évidemment qu'elle “fixe” la contestation sur un lieu public, sans limitation de temps, constituant par sa seule présence pacifique le cœur de sa contestation, – celle-ci effectivement répercutée par le système de la communication, si friand de sensationnel.
Cette action soumet les contestataires à des risques beaucoup plus limités que des actions urbaines “offensives”, en laissant aux autorités la nécessité de l'initiative d'une action de répression quelconque pour disperser cette concentration, tout cela en plein cœur d'une vaste population urbaine et sous l'attention vigilante et agitée du système de la communication. Cette “fixation” dans un lieu public focalise inévitablement l'attention du système de la communication, tant au niveau médiatique qu'à celui des soi disant “réseaux sociaux”, ce qui agit quasi automatiquement comme une pression de renforcement de cette action.
D'autre part, les “revendications” du mouvement “Octobre 2011” sont suffisamment vagues et universelles par rapport à la période impliquée qui est celle qui nous affecte depuis 9/11, pour renforcer l'intérêt de l'initiative. Demander l'abolition du régime infâme du Système, de la corruption officiellement admise, de la dictature de la corporate machine, demander de faire cesser les activités de guerre, la destruction de l'univers et du cadre de vie dans cet univers en cours de déstructuration, tout cela implique un programme si vaste et si ouvert qu'il a peu de chance d'être satisfait par des mesures de compromis du Système, pour “récupérer” ou étouffer le mouvement. Il permet éventuellement, si le climat s'y prête, l'élargissement de la contestation vers la collectivité générale, dans des conditions de relative impunité, dans tous les cas par rapport à des actions “offensives” qui amènent aussitôt une riposte énergique des autorités.
Le point de l'universalité et de l'imprécision des revendications est sans aucun doute essentiel pour cette sorte de projet, dont le véritable but devrait être, s'il est conçu intelligemment, non pas tant d'obtenir des résultats concrets mais bien d'amorcer, d'étendre l'expression d'un mécontentement général. Selon nos conceptions, on ne doit pas placer un tel mouvement dans le sens d'un “résistance” active avec le but et l'espoir d'imposer des changements au Système, parce que le Système est, dans sa capacité de surpuissance, invincible et hermétiques selon les normes de confrontation ; on doit plutôt chercher la constitution d'un système antiSystème, dont l'effet est d'accélérer le désordre, et donc la pression déstructurante contre le Système, accélérant le propre mouvement d'autodestruction par déstructuration du Système.
Selon les modalités et les buts qui sont proclamés, un tel mouvement peut, soit fermer la porte à son extension à différentes tendances, soit l'ouvrir au contraire à de nombreuses tendances pour en faire une dynamique qui serait alors et d'un même élan “multi-partisane” et non-partisane. Dans le second cas, le projet permettrait le regroupement de toutes les forces de contestation, dont la division a jusqu'ici été, aux USA particulièrement, le handicap fondamental pour empêcher l'efficacité et la puissance. Un tel mouvement, pour réussir et devenir véritablement déstructurant dans un sens antiSystème, doit bannir toutes les références aux idéologies habituelles ; rassembler la gauche progressiste qui s'est manifestée à Madison ; attirer des éléments de la droite type Tea Party, et aussi de la droite antiwar qui semble connaître une résurrection.
De ce point de vue, tout reste à faire et à démontrer pour ce mouvement “Octobre 2011” pris comme référence, et rien ne peut être dit d'assuré, en aucune façon. Il reste quatre mois pour faire et démontrer. On observera simplement, parce que c'est l'évidence, que “Octobre 2011” confirme, comme le reste, le désordre et le bouillonnement de la vie politique américaine et américaniste, cette fois, en se dégageant du rythme imposé par le Système, des élections et des divers débats de l'establishment qui permettent en général au Système de contrôler et de récupérer toutes les tentatives antiSystème.
Philippe Grasset
08/06/2011
Comentarios
Documents
Jean-Paul Baquiast
Martes, 7 de Junio 2011
David Deutsch est Visiting Professor à l'Université d'Oxford et membre du Center for Quantum Computation au Clarendon Laboratory de cette même Université. Il a écrit de nombreux articles sur la physique quantique et le calcul quantique qui font de lui une référence mondiale quoique non orthodoxe dans ces domaines difficiles. Il a reçu deux prix pour ces travaux.
Voir sa page personnelle
Voir aussi Wikipedia
_________________________________________________________________________________
Article temporaire, en cours de construction. Date de la présente version 06/06/2011
Dans notre commentaire du précédent livre de David Deutsch, « The Fabric or Reality » 1997, version française Cassini 2003,« L'étoffe de la réalité », nous avions cru pouvoir en signaler l'importance et celle de son auteur pour une réflexion critique sur l'avenir des connaissances scientifiques et la politique de la science.
Ce nouvel ouvrage « The Beginning of Infinity » confirme plus qu'amplement ce jugement. Il est si important, par l'étendu des thèmes qu'il aborde et l'intensité de son regard critique, que nous ne nous souhaitons pas en limiter la présentation à ce seul article. Nous discuterons par la suite certaines des grandes questions évoquées par l'ouvrage dans ce que nous nommerons des « Chroniques vers l'infini », reprenant le thème de l'auteur. Elles seront publiées sur notre site en lien avec le présent texte.
Mais il nous faut en priorité nous semble-t-il attirer l'attention des lecteurs de notre revue Automates Intelligents et de nos blogs par une courte introduction portant sur l'importance d'un travail qui risque de passer inaperçu du public français. Ceci du fait qu'il n'est pas encore traduit, qu'il comporte près de 500 pages difficiles et que l'auteur se heurtera probablement à un certain mur du silence provenant des ténors de la communauté scientifique et « épistémologique ». La virulence et - pensons-nous- la justesse de ses remises en cause ne lui feront pas que des amis. A l'inverse, il peut déjà se féliciter de certains soutiens enthousiastes, parmi lesquels, bien qu'il soit de faible poids, le nôtre.
Le livre compose dans l'ensemble une admirable défense et illustration de la méthode scientifique rendue célébre sous le nom de « Enlightment » (Les Lumières), qui s'est développée principalement en Occident depuis le 20e siècle. Aujourd'hui, cette méthode, bien que généralement appliquée de fait par tous ceux qui veulent comprendre et transformer le monde, aussi bien au plan technologique que conceptuel, est critiquée de toute part. L'Europe, qui en aurait le plus grand besoin pour sortir de son indiscutable déclin actuel, s'en détourne au profit de thèses prônant la stagnation sinon le recul de la science et de ses applications. Les Etats-Unis eux-mêmes ne s'y intéressent plus que sous l'angle de leur important programme de recherches militaires, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne bénéficie pas à l'ensemble des recherches civiles.
Bien évidemment, dans ce contexte, les agressions des religions qui n'avaient jamais diminué depuis les Lumières reprennent de plus belle, au prétexte que ce décrit la science ne figure pas dans les Textes dits sacrés, du fait surtout que la méthode dérange la belle assise millénaire faite de la conjonction des pouvoirs spirituels et temporels pour créer des « sociétés fermées » incapables d'échapper seules à leur emprise.
Le propre de la méthode scientifique est de générer en permanence des hypothèses d''explications du monde allant plus loin que les explications précédentes, mais comme elles destinées à être critiquées et dépassées. L'humain engagé dans la méthode scientifique se comporte ainsi comme une machine universelle à essayer d'expliquer le monde en étendant sans cesse, par la critique de ses propres propositions, la portée de ces explications. Ce faisant il le transforme. Il utilise pour cela les instruments technologiques qu'il a développés, mais il refuse en permanence de se laisser enfermer pas les apparents « faits d'observation » ou les lois en découlant, déduites de ces observations instrumentales, comme le font les scientifiques dits « instrumentalistes ».
De ce fait, pour David Deutsch, la méthode scientifique doit s'appuyer sur deux postulats: 1. elle suscite inévitablement des problèmes de toutes sortes et 2. ces problèmes peuvent être résolus par elle - suscitant d'autres problèmes qu'il faudra résoudre à leur tour. La science ne doit donc pas chercher à éviter ou fuir les problèmes, qu'ils soient théoriques ou sociétaux, comme le recommande le catastrophique « principe de précaution » mais au contraire s'attacher à les résoudre en donnant de ce fait une nouvelle portée à l'explication scientifique globale du monde. Nous reviendrons ultérieurement de façon plus détaillée sur ces points importants de méthodologie.
La guerre menée contre la science par le Système
Mais nous pensons qu'il faut aller plus loin dans la critique politique, afin de comprendre pourquoi la méthode scientifique - à propos de laquelle nous rereprendrons les excellentes approches épistémologiques de David Deutsch (lui-même très inspiré par le dernier Karl Popper), se heurte aujourd'hui à un véritable effort de destruction, analogue à celui ayant entraîné la chute des premières Lumières, celles de la civilisation athénienne, sous les offensives de la ville de Sparte entièrement tournée vers la conquête militaire.
David Deutsch (tout au moins dans son livre qui par la force des choses ne peut tenir compte des évènements politico-économiques les plus récents) n'insiste pas assez selon nous sur les causes de la mise en question actuelle de la méthode et de la pratique scientifique. Nous évoquons ici ce véritable cancer qui s'est étendu sur la planète entière avec la prise du pouvoir politique par la troïka des trois oligarchies associées, celles de la richesse, du capital financier et des médias.
Le mécanisme de cette prise de pouvoir est simple. Il s'est mis en place très rapidement. L'objectif en est de mobiliser la force de travail du monde en ne laissant aux travailleurs de la base, quels qu'ils soient, manuels ou intellectuels, qu'un minimum vital dépendant du niveau de développement des sociétés auxquels ils appartiennent. Le surplus est détourné et accumulé au profit des trois parties de la troïka. Pour les membres de celle-ci, en dehors des investissements militaires et de sécurité qui leur sont indispensables, ne comptent plus que les technologies s'inscrivant dans une perspective simple: produire en 2 ou 3 ans des résultats susceptibles de rapporter des taux d'intérêts de plus de 10%, par exemple dans tous les services privatisés pour riches ou dans des domaines comme la cosmétique susceptibles d'appâter un grand nombre de consommateurs illusionnés.
Il s'agit bien là d'un véritable Système, qu'il faut commencer à décrire en termes aussi scientifiques que possible, pour en sortir où même le détruire. Les concepts d'Etat protecteur du plus grand nombre et de services publics financés par la contribution de tous, constituent le premier rempart contre lequel s'est mobilisé le Système. Plus précisément, la recherche scientifique désintéressée, non programmable, aboutissant à une remise en question permanente des lois et connaissances du moment, reposant sur la critique et le dialogue , se présente pour le Système comme un danger à neutraliser. Il en résulte des situations comme celle que nous évoquions dans un article récent « Indignados, que faire de votre (notre) indignation ? » .
On voit la société occidentale, soumise au Système, n'offrant que le chômage ou des emplois précaires à des jeunes qui disposent potentiellement de la capacité intellectuelle et des connaissances scientifiques nécessaires à la création d'un monde entièrement renouvelé. Celui-ci, selon la vision de David Deutsch que nous partageons, reposant sur des acquis de savoir infiniment élargissables, pourrait augmenter quasiment à l'infini, au cours du temps, les possibilités des humains et de leurs idées associés aux instruments de la science et au renouvellement permanent des connaissances en découlant, entités que nous nommons pour notre part des systèmes anthropotechniques ou mieux, anthroposcientifiques.
Au plan de la connaissance fondamentale, les questions considérées encore comme innaccessibles au cerveau humain pourraient être résolues. Ceci parce que les cerveaux et les instruments de demain ne seront plus ceux d'aujourd'hui. Mais d'autres questions encore plus profondes, que l'on se rassure, seront apparues.
Face au scandale consistant à laisser en friche les cerveaux des jeunes d'aujourd'hui, une véritable révolution s'imposerait. Nous pourrions la définir sommairement comme la récupération des puissants moyens des laboratoires par des communautés politiques et sociales décidées à s'en servir pour poursuivre en avant la marche des Lumières. Nous reviendrons ultérieurement sur cette idée pour la préciser.
Malheureusement pour le moment les victimes du Système n'ont encore que des idées vagues relatives à la façon d'en sortir. Les mouvements politiques, y compris ceux dits de gauche, qui sont en général inféodés en Système, se gardent bien d'aborder des thèmes comme ceux développés dans le livre de David Deutsch. Il s'agit là de leur part d'une trahison que personne malheureusement ne dénonce.
La révolution nécessaire sera difficile, voire quasiment improbable. Il est possible cependant d'esquisser les voies permettant d'y parvenir. C'est ce que fait pour sa part David Deutsch, visionnaire réaliste d'une telle révolution. Nous allons essayer de le montrer.
( à suivre)
Dans notre commentaire du précédent livre de David Deutsch, « The Fabric or Reality » 1997, version française Cassini 2003,« L'étoffe de la réalité », nous avions cru pouvoir en signaler l'importance et celle de son auteur pour une réflexion critique sur l'avenir des connaissances scientifiques et la politique de la science.
Ce nouvel ouvrage « The Beginning of Infinity » confirme plus qu'amplement ce jugement. Il est si important, par l'étendu des thèmes qu'il aborde et l'intensité de son regard critique, que nous ne nous souhaitons pas en limiter la présentation à ce seul article. Nous discuterons par la suite certaines des grandes questions évoquées par l'ouvrage dans ce que nous nommerons des « Chroniques vers l'infini », reprenant le thème de l'auteur. Elles seront publiées sur notre site en lien avec le présent texte.
Mais il nous faut en priorité nous semble-t-il attirer l'attention des lecteurs de notre revue Automates Intelligents et de nos blogs par une courte introduction portant sur l'importance d'un travail qui risque de passer inaperçu du public français. Ceci du fait qu'il n'est pas encore traduit, qu'il comporte près de 500 pages difficiles et que l'auteur se heurtera probablement à un certain mur du silence provenant des ténors de la communauté scientifique et « épistémologique ». La virulence et - pensons-nous- la justesse de ses remises en cause ne lui feront pas que des amis. A l'inverse, il peut déjà se féliciter de certains soutiens enthousiastes, parmi lesquels, bien qu'il soit de faible poids, le nôtre.
Le livre compose dans l'ensemble une admirable défense et illustration de la méthode scientifique rendue célébre sous le nom de « Enlightment » (Les Lumières), qui s'est développée principalement en Occident depuis le 20e siècle. Aujourd'hui, cette méthode, bien que généralement appliquée de fait par tous ceux qui veulent comprendre et transformer le monde, aussi bien au plan technologique que conceptuel, est critiquée de toute part. L'Europe, qui en aurait le plus grand besoin pour sortir de son indiscutable déclin actuel, s'en détourne au profit de thèses prônant la stagnation sinon le recul de la science et de ses applications. Les Etats-Unis eux-mêmes ne s'y intéressent plus que sous l'angle de leur important programme de recherches militaires, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il ne bénéficie pas à l'ensemble des recherches civiles.
Bien évidemment, dans ce contexte, les agressions des religions qui n'avaient jamais diminué depuis les Lumières reprennent de plus belle, au prétexte que ce décrit la science ne figure pas dans les Textes dits sacrés, du fait surtout que la méthode dérange la belle assise millénaire faite de la conjonction des pouvoirs spirituels et temporels pour créer des « sociétés fermées » incapables d'échapper seules à leur emprise.
Le propre de la méthode scientifique est de générer en permanence des hypothèses d''explications du monde allant plus loin que les explications précédentes, mais comme elles destinées à être critiquées et dépassées. L'humain engagé dans la méthode scientifique se comporte ainsi comme une machine universelle à essayer d'expliquer le monde en étendant sans cesse, par la critique de ses propres propositions, la portée de ces explications. Ce faisant il le transforme. Il utilise pour cela les instruments technologiques qu'il a développés, mais il refuse en permanence de se laisser enfermer pas les apparents « faits d'observation » ou les lois en découlant, déduites de ces observations instrumentales, comme le font les scientifiques dits « instrumentalistes ».
De ce fait, pour David Deutsch, la méthode scientifique doit s'appuyer sur deux postulats: 1. elle suscite inévitablement des problèmes de toutes sortes et 2. ces problèmes peuvent être résolus par elle - suscitant d'autres problèmes qu'il faudra résoudre à leur tour. La science ne doit donc pas chercher à éviter ou fuir les problèmes, qu'ils soient théoriques ou sociétaux, comme le recommande le catastrophique « principe de précaution » mais au contraire s'attacher à les résoudre en donnant de ce fait une nouvelle portée à l'explication scientifique globale du monde. Nous reviendrons ultérieurement de façon plus détaillée sur ces points importants de méthodologie.
La guerre menée contre la science par le Système
Mais nous pensons qu'il faut aller plus loin dans la critique politique, afin de comprendre pourquoi la méthode scientifique - à propos de laquelle nous rereprendrons les excellentes approches épistémologiques de David Deutsch (lui-même très inspiré par le dernier Karl Popper), se heurte aujourd'hui à un véritable effort de destruction, analogue à celui ayant entraîné la chute des premières Lumières, celles de la civilisation athénienne, sous les offensives de la ville de Sparte entièrement tournée vers la conquête militaire.
David Deutsch (tout au moins dans son livre qui par la force des choses ne peut tenir compte des évènements politico-économiques les plus récents) n'insiste pas assez selon nous sur les causes de la mise en question actuelle de la méthode et de la pratique scientifique. Nous évoquons ici ce véritable cancer qui s'est étendu sur la planète entière avec la prise du pouvoir politique par la troïka des trois oligarchies associées, celles de la richesse, du capital financier et des médias.
Le mécanisme de cette prise de pouvoir est simple. Il s'est mis en place très rapidement. L'objectif en est de mobiliser la force de travail du monde en ne laissant aux travailleurs de la base, quels qu'ils soient, manuels ou intellectuels, qu'un minimum vital dépendant du niveau de développement des sociétés auxquels ils appartiennent. Le surplus est détourné et accumulé au profit des trois parties de la troïka. Pour les membres de celle-ci, en dehors des investissements militaires et de sécurité qui leur sont indispensables, ne comptent plus que les technologies s'inscrivant dans une perspective simple: produire en 2 ou 3 ans des résultats susceptibles de rapporter des taux d'intérêts de plus de 10%, par exemple dans tous les services privatisés pour riches ou dans des domaines comme la cosmétique susceptibles d'appâter un grand nombre de consommateurs illusionnés.
Il s'agit bien là d'un véritable Système, qu'il faut commencer à décrire en termes aussi scientifiques que possible, pour en sortir où même le détruire. Les concepts d'Etat protecteur du plus grand nombre et de services publics financés par la contribution de tous, constituent le premier rempart contre lequel s'est mobilisé le Système. Plus précisément, la recherche scientifique désintéressée, non programmable, aboutissant à une remise en question permanente des lois et connaissances du moment, reposant sur la critique et le dialogue , se présente pour le Système comme un danger à neutraliser. Il en résulte des situations comme celle que nous évoquions dans un article récent « Indignados, que faire de votre (notre) indignation ? » .
On voit la société occidentale, soumise au Système, n'offrant que le chômage ou des emplois précaires à des jeunes qui disposent potentiellement de la capacité intellectuelle et des connaissances scientifiques nécessaires à la création d'un monde entièrement renouvelé. Celui-ci, selon la vision de David Deutsch que nous partageons, reposant sur des acquis de savoir infiniment élargissables, pourrait augmenter quasiment à l'infini, au cours du temps, les possibilités des humains et de leurs idées associés aux instruments de la science et au renouvellement permanent des connaissances en découlant, entités que nous nommons pour notre part des systèmes anthropotechniques ou mieux, anthroposcientifiques.
Au plan de la connaissance fondamentale, les questions considérées encore comme innaccessibles au cerveau humain pourraient être résolues. Ceci parce que les cerveaux et les instruments de demain ne seront plus ceux d'aujourd'hui. Mais d'autres questions encore plus profondes, que l'on se rassure, seront apparues.
Face au scandale consistant à laisser en friche les cerveaux des jeunes d'aujourd'hui, une véritable révolution s'imposerait. Nous pourrions la définir sommairement comme la récupération des puissants moyens des laboratoires par des communautés politiques et sociales décidées à s'en servir pour poursuivre en avant la marche des Lumières. Nous reviendrons ultérieurement sur cette idée pour la préciser.
Malheureusement pour le moment les victimes du Système n'ont encore que des idées vagues relatives à la façon d'en sortir. Les mouvements politiques, y compris ceux dits de gauche, qui sont en général inféodés en Système, se gardent bien d'aborder des thèmes comme ceux développés dans le livre de David Deutsch. Il s'agit là de leur part d'une trahison que personne malheureusement ne dénonce.
La révolution nécessaire sera difficile, voire quasiment improbable. Il est possible cependant d'esquisser les voies permettant d'y parvenir. C'est ce que fait pour sa part David Deutsch, visionnaire réaliste d'une telle révolution. Nous allons essayer de le montrer.
( à suivre)
Documents
Jean-Paul Baquiast
Domingo, 29 de Mayo 2011
Dans un ouvrage remarquable, que nous présenterons prochainement ici 1) le physicien et philosophe des sciences britannique David Deutsch explique que les humains, armés de la connaissance scientifique qu'ils ont commencé à accumuler depuis le début de l'ère des Lumières (Enlightment) sont devenus des « constructeurs universels ».
Ce sont les seuls d'ailleurs de ce type que l'on puisse identifier dans le système solaire et peut-être aussi dans la galaxie, sinon dans l'univers. Il entend par là que ces entités nouvelles, que nous qualifierions pour notre part, dans le vocabulaire que nous utilisons, de systèmes anthropotechnologiques, seraient capables avec un peu de temps, en exploitant et approfondissant les lois de l'univers mises à jour par la connaissance, d'étendre sans limites (à l'infini) et dans un premier temps sans doute sur d'autres planètes, les capacités transformatrices et constructrices de notre société scientifique.
Le défi intellectuel qu'affronte David Deutsch est très élevé. Nous verrons qu'il y répond fort bien et de façon extrêmement convaincante, c'est-à-dire intellectuellement « contagieuse ». Si bien d'ailleurs que ceux convaincus par cette hypothèse extraordinairement stimulante pensent immédiatement à vérifier sa pertinence. Les occasions n'en manquent pas.
Ainsi, on ne peut qu'y penser lorsque l'on entend les pouvoirs conservateurs expliquer que les jeunes, diplômés ou non, qui commencent à manifester par dizaines de milliers dans le monde entier, ne sont pas utilisables et doivent se satisfaire du statut de chômeur à vie. Ces jeunes manifestants ne veulent pas détruire les sociétés développés pour en revenir au désert. Ils s' « indignent » seulement, consciemment ou non, du fait que dans ces sociétés, dotées de toutes les ressources d'invention permises par la science, ils se voient interdire de jouer le rôle dont ils se sentent parfaitement capables, celui de « constructeurs universels » (ou polyvalents).
Il est clair que, transportés dans un désert, les « indignés » de la Puerta des Sol, d'autres lieux et bientôt de la place de la Bastille à Paris, seraient capables, avec les innombrables connaissances dont ils disposent, de survivre et sans doute aussi de reconstruire une société plus efficace. Ceci ne voudrait pas dire s'abriter sous des tentes en s'agglomérant autour d'hypothétiques barbecues. Cela voudrait dire réinventer, même sans ressources immédiatement disponibles, l'équivalent des solutions vitales dont les forces sociales actuellement au pouvoir se réservent la jouissance.
Que l'on ne nous demande pas ici que ce pourraient être les solutions qu'ils inventeraient. Ce serait à ces « indignés », armés, répétons-le, des innombrables connaissances qu'ils ont reçu en héritage de la société technoscientifique, de les imaginer puis de les construire. Ils ne manqueraient pas d'aide pour cela de la part de tous les détenteurs de connaissance certes dotés d'un minimum de statut mais qui se demandent si leur rôle social doit se limiter à favoriser le marketing de produits et services ne profitant qu'aux riches et aux puissants, quand il ne s'agit pas purement et simplement de technologies de sécurité-défense au service de ces derniers.
1) David Deutsch. The Beginning of Infinity, Allen Lane, 2011.
European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.
La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.
Network Members
Geoeconomía. Blog de Eduardo Olier
Conocimiento. Blog de Fernando Davara
Inteligencia. Blog de Fernando Velasco
Lasts Notes
Vers une fracture au sein de l'Otan
20/05/2014
Newropeans, une démarche à suivre
20/05/2014
PUISSANCE ET SOUVERAINETE
20/05/2014
Files/Archives/Archivo
Red Europea de Reflexión Geopolítica.Réseau Européen de Réflexion Géopolitique.European network of geopolitical thinking
Tendencias 21 (Madrid). ISSN 2174-6850
Tendencias 21 (Madrid). ISSN 2174-6850


