Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking
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Jean-Paul Baquiast
Viernes, 27 de Mayo 2011
Pour échapper au discours général opposant la liberté entachée d'irresponsabilité des blogueurs et le sérieux des journalistes professionnels, il semble nécessaire de rappeler que certains de ceux que l'on nomment blogueurs peuvent être extrêmement sérieux, responsables et professionnellement compétents. S'ils choisissent la voie chaotique du blog, c'est parce que celle des grands médias « mainstream » leur est fermée.
On doit en priorité évoquer ici un certain nombre d'économistes qui proposent (comme nous l'avons fait nous-même ici) d'échapper à la crise imposée par la domination des marchés financiers en modifiant radicalement le statut de la banque centrale européenne, en créant un secteur public européen des banques de dépôts, en mettant en place un fonds stratégique d'investissements financé par l'impôt ou par des participation des petits épargnants européens garanties par les Etats. Vous vous imaginez bien que ces réformes en profondeur seront à juste titre jugées si révolutionnaires par les pouvoirs en place qu'elles n'auront aucune chance d'être présentées sur les chaines ou dans la presse. Il existe une alliance objective, comme l'on disait dans le temps, entre ces grands médias, les intérêts financiers et les gouvernements visant à imposer le silence sur de tels sujets. Comme il s'agit de sujets difficiles, très techniques, ne pas en parler abouti à les enfouir sous une chape de plomb. Circulez, il n'y a rien à voir.
Or précisément les manifestants qui dans une partie de l'Europe (tels en Espagne les "indignados") commencent à se dresser contre le « Système global » auraient besoin de connaître et discuter de telles propositions, ou d'autres analogues. Elles sont concrètes et raisonnables et permettraient, si elles étaient mises en oeuvre, d'éviter de rejeter les jeunes dans des solutions de désespoir. Les experts qui les formulent estiment donc devoir les faire connaître par la voie des divers blogs et sites qu'ils animent à leurs frais pour pouvoir s'exprimer. Certes, par cette voie, la diffusion de ces idées sera incertaine, elle ne touchera sans doute pas les manifestants qui auraient le plus intérêt à en être informés. Mieux vaudrait certes les présenter sur France 2. Néanmoins, par les chemins mystérieux de la contamination virale, il en restera nécessairement quelque chose, dont on pourra, après coup, mesurer l'effet.
Pourquoi parler à ce propos de contre-expertise? Parce que les experts officiels, économistes et politologues accueillis sur les grands médias, si nul ne les contredit, ne sortiront jamais de leur discours imposé. Il faut donc que d'autres experts, non-officiels mais tout aussi compétents, proposent leur contre-expertise par la voie de leurs sites et de leurs blogs. Les journaux qui accueillent de tels blogs, rendent donc au public en général un service très précieux. Par la même occasion, ils sauvent l'honneur de la presse.
Inutile de dire que le domaine potentiel des contre-expertise est très vaste. Il ne se limite pas à l'économie ou à l'organisation politique. Il sera donc essentiel que des contre-expertises concernant tous les aspects de la société se généralisent sur le web. Certes, il sera difficile de distinguer entre les jugements sérieux, argumentés, et les innombrables polémiques qui fleurissent à tout propos. Tous ceux qui se diront contre-experts ne seront pas nécessairement crédibles. Mais dans ce domaine comme dans le domaine scientifique, la confrontation et la libre discussion des opinions fera émerger des « vérités relatives » qui seront au moins aussi crédibles que les « vérités officielles » martelées par les Relations Publiques des gouvernements et des banques.
NB. : Cet article s'inscrit dans la suite de celui intitulé : « Quel avenir pour le printemps espagnol? ». Il répond à certaines critiques reçues par ce dernier.
Or précisément les manifestants qui dans une partie de l'Europe (tels en Espagne les "indignados") commencent à se dresser contre le « Système global » auraient besoin de connaître et discuter de telles propositions, ou d'autres analogues. Elles sont concrètes et raisonnables et permettraient, si elles étaient mises en oeuvre, d'éviter de rejeter les jeunes dans des solutions de désespoir. Les experts qui les formulent estiment donc devoir les faire connaître par la voie des divers blogs et sites qu'ils animent à leurs frais pour pouvoir s'exprimer. Certes, par cette voie, la diffusion de ces idées sera incertaine, elle ne touchera sans doute pas les manifestants qui auraient le plus intérêt à en être informés. Mieux vaudrait certes les présenter sur France 2. Néanmoins, par les chemins mystérieux de la contamination virale, il en restera nécessairement quelque chose, dont on pourra, après coup, mesurer l'effet.
Pourquoi parler à ce propos de contre-expertise? Parce que les experts officiels, économistes et politologues accueillis sur les grands médias, si nul ne les contredit, ne sortiront jamais de leur discours imposé. Il faut donc que d'autres experts, non-officiels mais tout aussi compétents, proposent leur contre-expertise par la voie de leurs sites et de leurs blogs. Les journaux qui accueillent de tels blogs, rendent donc au public en général un service très précieux. Par la même occasion, ils sauvent l'honneur de la presse.
Inutile de dire que le domaine potentiel des contre-expertise est très vaste. Il ne se limite pas à l'économie ou à l'organisation politique. Il sera donc essentiel que des contre-expertises concernant tous les aspects de la société se généralisent sur le web. Certes, il sera difficile de distinguer entre les jugements sérieux, argumentés, et les innombrables polémiques qui fleurissent à tout propos. Tous ceux qui se diront contre-experts ne seront pas nécessairement crédibles. Mais dans ce domaine comme dans le domaine scientifique, la confrontation et la libre discussion des opinions fera émerger des « vérités relatives » qui seront au moins aussi crédibles que les « vérités officielles » martelées par les Relations Publiques des gouvernements et des banques.
NB. : Cet article s'inscrit dans la suite de celui intitulé : « Quel avenir pour le printemps espagnol? ». Il répond à certaines critiques reçues par ce dernier.
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Ciertos observadores comienzan a nombrar así al movimiento político que se desarrolla actualmente en España, a la fecha que escribimos (25 de mayo). Se caracteriza por la ocupación duradera de la Puerta de Sol en Madrid, procedente de manifestantes que rechazan globalmente un sistema que los condena al paro y a la miseria. Otras ciudades españolas se manifiestan también. Tales manifestaciones de rechazo se han producido anteriormente en otros países golpeados también por las medidas de rigor impuestas a las poblaciones por la voluntad de disminuir sus deudas públicas: en Grecia, en Irlanda e incluso en Gran Bretaña – por no mencionar las que han tenido lugar en Estados Unidos, sobre todo en Madison, en el Estado de Wisconsin. Estos hechos son susceptibles de reproducirse en todos los países europeos afectados, inclusive tal vez un día en Alemania. Por eso es necesario intentar comprenderlas.
Se habla hoy en día de la primavera española tomando como referencia al llamado movimiento de la primavera árabe que ha despachado a los gobiernos autoritarios de Túnez y del Cairo, bajo la presión de multitudes reunidas en lugares públicos de las principales ciudades de estos países. Movimientos semejantes, pero todavía blanco de la represión, se desarrollan en un cierto número de países árabes.
No obstante la comparación entre ambas “primaveras” muestra que la primavera española, si persiste y se precisa, planteará cuestiones mucho más complejas que aquellas abordadas por la primavera árabe. La primavera árabe se levantó contra poderes autoritarios o teocracias que eran relativamente fáciles de derrumbar, desde el momento que el apoyo del ejército y la policía les falló. El objetivo era relativamente claro, por lo menos en Túnez y en Egipto: obtener las libertades públicas y los derechos civiles que gozan las democracias políticas. En efecto, en el resto de Oriente Medio, la primavera árabe se complica actualmente por sus incidencias geopolíticas, étnicas o religiosas propias de estos países, pero estas últimas no interesan que indirectamente a los ciudadanos europeos.
La primavera española es infinitamente más compleja y difícil de interpretar con los instrumentos de la ciencia política tradicional. Ha nacido en un gran país europeo, hasta ahora globalmente próspero y bien administrado, presentando a pesar de algunos arcaísmos, el rostro de una sociedad moderna, democrática, abierta. España no es por otro lado el país más pobre de la Unión Europea, aunque atraviese actualmente una crisis grave. ¿Qué quieren entonces los manifestantes (que se han nombrado ellos mismos como “indignados” por referencia al libro de Stéphane Hessel)? Decir de ellos que allende de un rechazo al paro y al empobrecimiento, rechazan el Sistema, sin poder siempre precisar lo que se entiende por este término de Sistema, y lo que es rechazado al seno de éste. Pero se podría también decir que mucho de ellos son animados, aunque de alguna manera mal formulada, por una voluntad mucho más grandiosa, aquella de cambiar de civilización.
Así definido, la primavera española corre el riesgo de difundirse en un gran número de países europeos, si no en todos, porque el rechazo de un cierto tipo de civilización, mercantilista, selectiva, despilfarradora no es propia solamente de España. Los conservadores ven en esta contaminación casi “viral”, favorecida por la generalización de la sociedad de la información, numerosas amenazas. Los progresistas al contrario comienzan a atribuirles muchas esperanzas. ¿Podríamos esperar finalmente ver un universo marcado por las desigualdades, la destrucción ciega de los recursos naturales, el rechazo de las grandes ambiciones, ceder el lugar a un mundo más armonioso? ¿La utopía podría realizarse?
¿Qué quieren expresar los “indignados”?
¿Después de todo por qué no? Pero antes de soñar en un cambio de civilización, hace falta tratar de comprender lo que quieren expresar los manifestantes de la Puerta del Sol. Podremos entonces preguntarnos si, más allá de la expresión de un sentimiento global de rechazo, no deberían fijarse objetivos más precisos. El ejemplo precedente de las manifestaciones del pueblo estadounidense en Madison es el que interesa a este respecto. Las multitudes de Wisconsin han rechazado explícitamente un cierto número de medidas de rigor juzgadas injustas y han buscado plegar a los electos del partido republicano que querían, en toda legitimidad constitucional, aplicarles.
El mensaje de los “indignados” españoles es más difícil de interpretar. Podemos pensar que más allá de una protesta contra la extensión del paro y del empobrecimiento, que afecta de la misma manera a los profesionales jóvenes que a los trabajadores de base, significa el hecho que la gente de izquierda ya no les otorga su confianza a los partidos de izquierda para representarlos. En el plan electoral, es este el mensaje que expresan paralelamente las elecciones municipales marcadas por la derrota del Partido Socialista Español (PSOE). La misma desconfianza hacia el partido socialista es difundida en términos parecidos en Portugal y en Grecia. Muchos manifestantes españoles, aunque se definan de izquierda, se indignan por el hecho que el gobierno dirigido por una mayoría socialista no los protege de los abusos del capitalismo financiero y de la especulación mundialista. Al contrario, este gobierno parece alinearse del lado de los especuladores nacionales e internacionales (bancas y empresas) para obligar a los ciudadanos a pagar por los fallas de gestión o las maniobras fraudulentas del mundo económico. El mismo reproche se les hace a los gobiernos griegos y portugueses, también gobernados por socialistas.
Los ciudadanos deducen que los partidos socialistas pertenecen a partir de ahora a las oligarquías sociales que oprimen a los ciudadanos privándolos de los productos de su trabajo y de su ahorro. En España como en otros países, los gobiernos, ya sean de izquierda o de derecha, mantienen el mismo discurso impuesto por la finanza internacional y dictada por el FMI: comprimir los gastos sociales, suprimir las inversiones públicas, despedir a los empleados, privatizar los establecimientos y las empresas públicas...
Ahora bien los “indignados”, por ingenuos que sean en economía, se dan cuenta de que esta destrucción progresiva de lo que quedaba del Estado protector se hace para beneficiar a las sociedades internacionales y a los fondos de inversiones especulativos. Las actividades abandonadas por el sector público, bajo pretexto de reequilibrar los presupuestos, serán recuperadas y aseguradas por inversores anónimos que sólo trabajarán para una clientela de elevados ingresos. El coste económico final de estos servicios no disminuirá, al contrario. Pero los accionistas y los managers responsables de estos nuevos servicios no se quejarán, ya que las sumas correspondientes vendrán directamente a incrementar sus beneficios.
Por nuestra parte, pensamos que lo que indigna particularmente a los manifestantes de la primavera española, que indignará también a aquellas otras primaveras por venir en otros países, tiende al descubrimiento progresivo de un acuerdo mundial entre privilegiados (que llamamos aquí oligarquías) para mantener debajo de la escala social a las diversas categorías de trabajadores que son de hecho los principales creadores de la riqueza en la economía real. Ahora bien, entre estas oligarquías se encuentran a partir de ahora, aparentemente y a menudo de hecho, los representantes de los partidos de izquierda, ya estén en la oposición o en el poder.
El descubrimiento de esta realidad, denunciada desde hace mucho tiempo por la extrema izquierda, provoca, en lo que seguiremos llamando clases populares, incluyendo a la clase media, un rechazo de la vida política y de las instituciones, sean estas nacionales o europeas: todos corruptos, según una fórmula fácil pero desgraciadamente a menudo verdadera. Este rechazo puede empujar a ciertos “indignados” hacia los movimientos de extrema derecha populistas y soberanistas, cuyo discurso ilusiona. Pero un mínimo de atención muestra que éstos tienen, todavía más que los socialistas, una relación con las oligarquías. Serán por otra parte, de todos modos, incapaces de proponer las soluciones que permitan poner la economía al servicio de los trabajadores, porque rechazan la dimensión europea imprescindible para hacerse escuchar ante los grandes países del mundo.
Si nos atenemos a la hipótesis anterior, diremos que el mensaje de los “indignados” se dirige primero a los partidos socialistas, en España como en el resto de Europa: cambiad o los cambiaremos. Siempre y cuando permanezca todavía un mínimo de democracia representativa, este primer mensaje lo comprenderán fácilmente los responsables políticos que quieren ser elegidos o reelegidos, ya a nivel nacional o local. José Luis Rodríguez Zapatero debería comprenderlo, como en Francia el candidato (o la candidata) del partido socialista a las elecciones presidenciales.
Más allá del rechazo, combatir por reivindicaciones específicas
Pero un llamamiento tan general no bastará para mantener la movilización de los manifestantes y de aquellos que los sostienen en la opinión pública. Será necesario que del seno de las manifestaciones surjan reivindicaciones más específicas (análogas al “Ben Ali fuera” de los manifestantes tunecinos). Los técnicos de la economía y de la política han formulado ya desde hace algunos meses los objetivos que hemos tomado por nuestra parte e ilustrado: transformar el estatus de la Banca Central Europea de modo que pueda recomprar y reestructurar las deudas públicas de los países; crear un servicio público bancario europeo que reagrupe las actividades de depósito y de préstamos a las empresas de las bancas europeas, distinguiéndolas claramente de las operaciones especulativas; crear un fondo europeo de inversión estratégica en beneficio de las actividades industriales y de investigación, capaz de crear empleos de fuerte valor añadido no reubicables; adaptar en consecuencia, armonizándolas, las legislaciones fiscales y aduaneras europeas.
Pero tales objetivos son complejos de explicar, difíciles, y lleva mucho tiempo ponerlos en marcha. Suponen un cierto número de cambios radicales de fondo contra los cuales se movilizarán juntas las oligarquías del poder. ¿Puede esperarse que las manifestaciones populares las realicen? Por nuestra parte, pensamos que existe una ventaja en ese sentido, que es Internet. Sería necesario que los (escasos) expertos que proponen tales medidas y los representantes de los partidos de izquierda, decididos a encontrar su vocación tradicional al servicio del cambio social, se obliguen a discutir de todo esto a través, sobre todo, de Internet, con el fin de popularizar las verdaderas revoluciones que pueden emanar.
Proposiciones inmediatas podrían entonces ser realizadas, al servicio de las cuales los “indignados” presentes y futuros podrían movilizarse. Se trataría primero de rechazar las medidas, tales como la supresión de empleos o las privatizaciones en los servicios públicos. Pero más allá del rechazo, proyectos de fuerte valor demostrativo podrían ser puestos en marcha a corto plazo. Implicarían sobre todo al sector cooperativo y asociativo, sin perjuicio de todas las inversiones de espíritu alternativo en sectores emergentes como las energías renovables, la rehabilitación de los hábitats y la formación-cultura. Los “indignados” podrían entonces manifestarse para que tales iniciativas sean reconocidas y tomadas en cuenta por los que disponen todavía de la autoridad. A falta de ello, estas autoridades serán descartadas, de una manera o de otra.
Nada impediría evidentemente que, del caos creador nacido de la indignación colectiva, nazcan otras ideas innovadoras y otras iniciativas concretas.
Traducción expedita y no menos indignada de Iben Xavier.
No obstante la comparación entre ambas “primaveras” muestra que la primavera española, si persiste y se precisa, planteará cuestiones mucho más complejas que aquellas abordadas por la primavera árabe. La primavera árabe se levantó contra poderes autoritarios o teocracias que eran relativamente fáciles de derrumbar, desde el momento que el apoyo del ejército y la policía les falló. El objetivo era relativamente claro, por lo menos en Túnez y en Egipto: obtener las libertades públicas y los derechos civiles que gozan las democracias políticas. En efecto, en el resto de Oriente Medio, la primavera árabe se complica actualmente por sus incidencias geopolíticas, étnicas o religiosas propias de estos países, pero estas últimas no interesan que indirectamente a los ciudadanos europeos.
La primavera española es infinitamente más compleja y difícil de interpretar con los instrumentos de la ciencia política tradicional. Ha nacido en un gran país europeo, hasta ahora globalmente próspero y bien administrado, presentando a pesar de algunos arcaísmos, el rostro de una sociedad moderna, democrática, abierta. España no es por otro lado el país más pobre de la Unión Europea, aunque atraviese actualmente una crisis grave. ¿Qué quieren entonces los manifestantes (que se han nombrado ellos mismos como “indignados” por referencia al libro de Stéphane Hessel)? Decir de ellos que allende de un rechazo al paro y al empobrecimiento, rechazan el Sistema, sin poder siempre precisar lo que se entiende por este término de Sistema, y lo que es rechazado al seno de éste. Pero se podría también decir que mucho de ellos son animados, aunque de alguna manera mal formulada, por una voluntad mucho más grandiosa, aquella de cambiar de civilización.
Así definido, la primavera española corre el riesgo de difundirse en un gran número de países europeos, si no en todos, porque el rechazo de un cierto tipo de civilización, mercantilista, selectiva, despilfarradora no es propia solamente de España. Los conservadores ven en esta contaminación casi “viral”, favorecida por la generalización de la sociedad de la información, numerosas amenazas. Los progresistas al contrario comienzan a atribuirles muchas esperanzas. ¿Podríamos esperar finalmente ver un universo marcado por las desigualdades, la destrucción ciega de los recursos naturales, el rechazo de las grandes ambiciones, ceder el lugar a un mundo más armonioso? ¿La utopía podría realizarse?
¿Qué quieren expresar los “indignados”?
¿Después de todo por qué no? Pero antes de soñar en un cambio de civilización, hace falta tratar de comprender lo que quieren expresar los manifestantes de la Puerta del Sol. Podremos entonces preguntarnos si, más allá de la expresión de un sentimiento global de rechazo, no deberían fijarse objetivos más precisos. El ejemplo precedente de las manifestaciones del pueblo estadounidense en Madison es el que interesa a este respecto. Las multitudes de Wisconsin han rechazado explícitamente un cierto número de medidas de rigor juzgadas injustas y han buscado plegar a los electos del partido republicano que querían, en toda legitimidad constitucional, aplicarles.
El mensaje de los “indignados” españoles es más difícil de interpretar. Podemos pensar que más allá de una protesta contra la extensión del paro y del empobrecimiento, que afecta de la misma manera a los profesionales jóvenes que a los trabajadores de base, significa el hecho que la gente de izquierda ya no les otorga su confianza a los partidos de izquierda para representarlos. En el plan electoral, es este el mensaje que expresan paralelamente las elecciones municipales marcadas por la derrota del Partido Socialista Español (PSOE). La misma desconfianza hacia el partido socialista es difundida en términos parecidos en Portugal y en Grecia. Muchos manifestantes españoles, aunque se definan de izquierda, se indignan por el hecho que el gobierno dirigido por una mayoría socialista no los protege de los abusos del capitalismo financiero y de la especulación mundialista. Al contrario, este gobierno parece alinearse del lado de los especuladores nacionales e internacionales (bancas y empresas) para obligar a los ciudadanos a pagar por los fallas de gestión o las maniobras fraudulentas del mundo económico. El mismo reproche se les hace a los gobiernos griegos y portugueses, también gobernados por socialistas.
Los ciudadanos deducen que los partidos socialistas pertenecen a partir de ahora a las oligarquías sociales que oprimen a los ciudadanos privándolos de los productos de su trabajo y de su ahorro. En España como en otros países, los gobiernos, ya sean de izquierda o de derecha, mantienen el mismo discurso impuesto por la finanza internacional y dictada por el FMI: comprimir los gastos sociales, suprimir las inversiones públicas, despedir a los empleados, privatizar los establecimientos y las empresas públicas...
Ahora bien los “indignados”, por ingenuos que sean en economía, se dan cuenta de que esta destrucción progresiva de lo que quedaba del Estado protector se hace para beneficiar a las sociedades internacionales y a los fondos de inversiones especulativos. Las actividades abandonadas por el sector público, bajo pretexto de reequilibrar los presupuestos, serán recuperadas y aseguradas por inversores anónimos que sólo trabajarán para una clientela de elevados ingresos. El coste económico final de estos servicios no disminuirá, al contrario. Pero los accionistas y los managers responsables de estos nuevos servicios no se quejarán, ya que las sumas correspondientes vendrán directamente a incrementar sus beneficios.
Por nuestra parte, pensamos que lo que indigna particularmente a los manifestantes de la primavera española, que indignará también a aquellas otras primaveras por venir en otros países, tiende al descubrimiento progresivo de un acuerdo mundial entre privilegiados (que llamamos aquí oligarquías) para mantener debajo de la escala social a las diversas categorías de trabajadores que son de hecho los principales creadores de la riqueza en la economía real. Ahora bien, entre estas oligarquías se encuentran a partir de ahora, aparentemente y a menudo de hecho, los representantes de los partidos de izquierda, ya estén en la oposición o en el poder.
El descubrimiento de esta realidad, denunciada desde hace mucho tiempo por la extrema izquierda, provoca, en lo que seguiremos llamando clases populares, incluyendo a la clase media, un rechazo de la vida política y de las instituciones, sean estas nacionales o europeas: todos corruptos, según una fórmula fácil pero desgraciadamente a menudo verdadera. Este rechazo puede empujar a ciertos “indignados” hacia los movimientos de extrema derecha populistas y soberanistas, cuyo discurso ilusiona. Pero un mínimo de atención muestra que éstos tienen, todavía más que los socialistas, una relación con las oligarquías. Serán por otra parte, de todos modos, incapaces de proponer las soluciones que permitan poner la economía al servicio de los trabajadores, porque rechazan la dimensión europea imprescindible para hacerse escuchar ante los grandes países del mundo.
Si nos atenemos a la hipótesis anterior, diremos que el mensaje de los “indignados” se dirige primero a los partidos socialistas, en España como en el resto de Europa: cambiad o los cambiaremos. Siempre y cuando permanezca todavía un mínimo de democracia representativa, este primer mensaje lo comprenderán fácilmente los responsables políticos que quieren ser elegidos o reelegidos, ya a nivel nacional o local. José Luis Rodríguez Zapatero debería comprenderlo, como en Francia el candidato (o la candidata) del partido socialista a las elecciones presidenciales.
Más allá del rechazo, combatir por reivindicaciones específicas
Pero un llamamiento tan general no bastará para mantener la movilización de los manifestantes y de aquellos que los sostienen en la opinión pública. Será necesario que del seno de las manifestaciones surjan reivindicaciones más específicas (análogas al “Ben Ali fuera” de los manifestantes tunecinos). Los técnicos de la economía y de la política han formulado ya desde hace algunos meses los objetivos que hemos tomado por nuestra parte e ilustrado: transformar el estatus de la Banca Central Europea de modo que pueda recomprar y reestructurar las deudas públicas de los países; crear un servicio público bancario europeo que reagrupe las actividades de depósito y de préstamos a las empresas de las bancas europeas, distinguiéndolas claramente de las operaciones especulativas; crear un fondo europeo de inversión estratégica en beneficio de las actividades industriales y de investigación, capaz de crear empleos de fuerte valor añadido no reubicables; adaptar en consecuencia, armonizándolas, las legislaciones fiscales y aduaneras europeas.
Pero tales objetivos son complejos de explicar, difíciles, y lleva mucho tiempo ponerlos en marcha. Suponen un cierto número de cambios radicales de fondo contra los cuales se movilizarán juntas las oligarquías del poder. ¿Puede esperarse que las manifestaciones populares las realicen? Por nuestra parte, pensamos que existe una ventaja en ese sentido, que es Internet. Sería necesario que los (escasos) expertos que proponen tales medidas y los representantes de los partidos de izquierda, decididos a encontrar su vocación tradicional al servicio del cambio social, se obliguen a discutir de todo esto a través, sobre todo, de Internet, con el fin de popularizar las verdaderas revoluciones que pueden emanar.
Proposiciones inmediatas podrían entonces ser realizadas, al servicio de las cuales los “indignados” presentes y futuros podrían movilizarse. Se trataría primero de rechazar las medidas, tales como la supresión de empleos o las privatizaciones en los servicios públicos. Pero más allá del rechazo, proyectos de fuerte valor demostrativo podrían ser puestos en marcha a corto plazo. Implicarían sobre todo al sector cooperativo y asociativo, sin perjuicio de todas las inversiones de espíritu alternativo en sectores emergentes como las energías renovables, la rehabilitación de los hábitats y la formación-cultura. Los “indignados” podrían entonces manifestarse para que tales iniciativas sean reconocidas y tomadas en cuenta por los que disponen todavía de la autoridad. A falta de ello, estas autoridades serán descartadas, de una manera o de otra.
Nada impediría evidentemente que, del caos creador nacido de la indignación colectiva, nazcan otras ideas innovadoras y otras iniciativas concretas.
Traducción expedita y no menos indignada de Iben Xavier.
Certains observateurs commencent à nommer ainsi le mouvement politique qui se développe actuellement en Espagne, à la date où nous écrivons (25 mai). Il se caractérise par l'occupation durable de la Puerta de Sol, à Madrid, provenant de manifestants rejetant globalement un système qui les condamne au chômage et à la misère. D'autres villes espagnoles sont aussi touchées. De telles manifestations de refus se sont produites précédemment dans d'autres Etats frappés eux-aussi par les mesures de rigueur imposées aux populations par la volonté de diminuer les dettes publiques: en Grèce, en Irlande et même en Grande Bretagne – pour ne pas mentionner celles qui ont eu lieu aux Etats-Unis, notamment à Madison dans le Wisconsin. Elles sont susceptibles de se reproduire dans tous les Etats européens touchés par la rigueur, y compris peut-être un jour en Allemagne. D'où la nécessité d'essayer de les comprendre.
On parle aujourd'hui de printemps espagnol par référence au mouvement dit du printemps arabe qui avait chassé les gouvernements autoritaires de Tunis et du Caire, sous la pression de foules rassemblées sur les places publiques des principales villes de ces pays. Des mouvements analogues mais encore en butte à la répression se déroulent dans un certain nombre d'autres Etats arabes.
Cependant la comparaison entre les deux « printemps » montre que le printemps espagnol, s'il persiste et se précise, posera des questions bien plus complexes que celles abordées par le printemps arabe. Le printemps arabe s'en est pris à des pouvoirs autoritaires ou à des théocraties qui étaient relativement faciles à renverser, dès lors que le soutien de l'armée et de la police leur a fait défaut. L'objectif en était relativement clair, tout au moins en Tunisie et en Egypte: obtenir les libertés publiques et les droits civils dont jouissent les démocraties politiques. Certes, dans le reste du Moyen-Orient, le printemps arabe se complique aujourd'hui d'incidences géo-politiques, ethniques ou religieuses propres à ces pays, mais ces dernières n'intéressent qu'indirectement les citoyens européens.
Le printemps espagnol est infiniment plus complexe et difficile à interpréter avec les outils de la science politique traditionnelle. Il a pris naissance dans un grand Etat européen jusqu'ici globalement prospère et bien géré, présentant malgré quelques archaïsmes le visage d'une société moderne, démocratique, ouverte. L'Espagne n'est pas par ailleurs le pays le plus pauvre de l'Union européenne, même s'il traverse actuellement une crise grave. Que veulent alors les manifestants (qui se sont nommés eux-mêmes des « indignados » par référence au livre de Stéphane Hessel) ? On dit d'eux qu'au delà d'un refus du chômage et de l'appauvrissement, ils refusent le Système, sans pouvoir toujours préciser ce que l'on entend par ce terme de Système, et ce qui est refusé au sein de celui-ci. Mais on pourrait aussi dire que beaucoup d'entre eux sont animés, fut-ce d'une façon mal formulée, par une volonté bien plus grandiose encore, celle de changer de civilisation.
Ainsi défini, le printemps espagnol risque de se répandre dans un grand nombre de pays européens, sinon dans tous, car le refus d'un certain type de civilisation, mercantiliste, sélective, gaspilleuse n'est pas propre à l'Espagne. Les conservateurs voient dans cette contamination quasi « virale », favorisé par la généralisation de la société de l'information, de nombreuses menaces. Les progressistes au contraire commencent à y attacher beaucoup d'espoir. Pourrait-on finalement espérer voir un univers marqué par les inégalités, la destruction aveugle des ressources naturelles, le rejet des grandes ambitions, céder la place à un monde plus harmonieux? L'utopie pourrait-elle commencer à se réaliser?
Que veulent exprimer les « indignados »?
Pourquoi pas après tout? Mais avant de rêver à un changement de civilisation, il faut chercher à comprendre ce que veulent exprimer les manifestants de la Puerta del Sol. On pourra ensuite se demander si, au delà de l'expression d'un sentiment global de refus, ils ne devraient pas se fixer des objectifs précis. L'exemple précédent des manifestations du peuple américain à Madison est intéressant à cet égard. Les foules du Wisconsin ont refusé explicitement un certain nombre de mesures de rigueur jugées injustes et ont cherché à faire plier les élus du parti républicain qui voulaient, en toute légitimité constitutionnelle, les faire appliquer.
Le message des « indignados » espagnols est plus difficile à interpréter. On peut penser qu'au delà d'une protestation contre l'extension du chômage et de l'appauvrissement, frappant aussi bien les jeunes diplômes que les travailleurs de la base, ils veulent signifier le fait que le peuple de gauche ne fait plus confiance aux partis de gauche pour le représenter. Au plan électoral, c'est ce message que viennent parallèlement d'exprimer les élections municipales marquées par la défaite du Parti socialiste espagnol (PSOE). La même défiance à l'égard du parti socialiste s'est répandue dans des termes voisins au Portugal en en Grèce. Beaucoup de manifestants espagnols, bien que se réclamant de la gauche, s'indignent du fait que le gouvernement dirigé par une majorité socialiste ne les protège pas des abus du capitalisme financier et de la spéculation mondialisée. Au contraire ce gouvernement paraît se ranger du côté des spéculateurs nationaux et internationaux (banques et entreprises) pour contraindre les citoyens à supporter les fautes de gestion ou les manœuvres frauduleuses du monde économique. Le même reproche est fait aux gouvernements grec et portugais, eux-aussi pourtant dirigés par des socialistes.
La population en déduit que les partis socialistes appartiennent désormais aux oligarchies sociales qui pressurent les citoyens en les privant des produits de leur travail et de leur épargne. En Espagne comme ailleurs, les gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, tiennent le même discours imposé par la finance internationale et relayé par le FMI: comprimer les dépenses sociales, supprimer les investissements publics, licencier les fonctionnaires, privatiser les établissements et les entreprises publiques...
Or les « indignés », aussi naïfs qu' ils soient en économie, se rendent bien compte que cette destruction progressive de ce qui restait de l'Etat protecteur se fait au profit des sociétés internationales et des fonds d'investissements spéculatifs. Les activités abandonnées par le secteur public, sous prétexte de rééquilibrer les budgets, seront récupérées et assurées à grand frais par des investisseurs anonymes qui ne travailleront que pour une clientèle à hauts revenus. Le coût économique final de ces services payants ne diminuera pas, au contraire. Mais les actionnaires et les managers en charge de ces nouveaux services ne s'en plaindront pas puisque les sommes correspondantes viendront directement accroître leurs profits.
Nous pensons pour notre part que ce qui indigne particulièrement les manifestants du printemps espagnol, qui indignera ceux d'autres printemps à venir dans d'autres pays, tient à la découverte progressive d'une entente mondiale entre privilégiés (que nous nommons ici des oligarchies) pour maintenir dans le bas de l'échelle sociale les diverses catégories de travailleurs qui sont en fait les principaux créateurs de richesse dans l'économie réelle. Or parmi ces oligarchies se trouvent désormais, en apparence et souvent en fait, les représentants des partis de gauche, qu'ils soient dans l'opposition ou au pouvoir.
La découverte de cette réalité, dénoncée depuis longtemps par les extrêmes-gauches, provoque dans ce que nous continuerons à nommer les couches populaires, y compris dans les classes moyennes, un rejet de la vie politique et des institutions, qu'elles soient nationales ou européennes: tous corrompus, selon une formule facile mais hélas souvent vraie. Ce rejet peut pousser certains « indignés » vers les mouvements d'extrême-droite populistes et souverainistes, dont le discours fait illusion. Mais un minimum d'attention montre que ceux-ci ont, encore plus que les socialistes, partie liée avec les oligarchies. Ils seront par ailleurs, de toutes façons, incapables de proposer les solutions permettant de remettre l'économie au service des travailleurs, puisqu'ils refusent la dimension européenne indispensable pour se faire entendre face aux grands Etats mondiaux.
Si nous retenons l'hypothèse qui précède, nous dirons que le message des « indignados » s'adresse d'abord aux partis socialistes, en Espagne comme dans le reste de l'Europe: changez ou nous vous changerons. Dans la mesure où demeure encore un minimum de démocratie représentative, ce premier message est facile à comprendre par des responsables politiques qui veulent être élus ou réélus, que ce soit au plan national ou au plan local. Jose Luis Zapatero devrait le comprendre, comme en France le candidat (ou la candidate) du parti socialiste aux élections présidentielles.
Au delà du refus, se battre pour des revendications précises
Mais un mot d'ordre aussi général ne suffira pas à maintenir la mobilisation des manifestants et de ceux qui les soutiennent dans l'opinion. Il faudra que du sein des manifestations émergent des revendications plus précises (analogues au « Ben Ali dehors » des manifestants tunisiens). Les techniciens de l'économie et de la politique ont formulé depuis quelques mois déjà des objectifs que nous avons pour notre part repris et illustrés: transformer le statut de la Banque centrale européenne de façon à ce qu'elle puisse racheter et restructurer les dettes publiques des Etats, créer un service public bancaire européen regroupant les activités de dépôt et de prêts aux entreprises des banques européennes en les distinguant clairement des opérations spéculatives, créer un fonds européen d'investissement stratégique au profit des activités industrielles et de recherche capables de créer des emplois à forte valeur ajoutée non délocalisables, adapter en conséquences en les harmonisant les législations fiscales et douanières européennes.
Mais de tels objectifs sont complexes à exprimer, difficiles et longs à mettre en oeuvre. Ils supposent un certain nombre de bouleversements de fond contrer lesquels se mobiliseront l'ensemble des oligarchies de pouvoir. Peut-on espérer que des manifestations populaires s'en saisissent? Nous pensons pour notre part qu'il existe un atout en ce sens, qui est l'Internet. Il faudrait que les (rares) experts proposant de telles mesures et les représentants des partis de gauche décidés à retrouver leur vocation traditionnelle au service du changement social s'obligent sans attendre en discuter via notamment l'internet afin de populariser les véritables révolutions pouvant en découler.
Des propositions immédiates pourraient alors être faites, au service desquels les « indignés » présents et futurs pourraient se mobiliser. Il s'agirait d'abord de refuser les mesures telles que les suppressions d'emplois ou les privatisations dans les services publics. Mais au delà du refus, des projets à forte valeur démonstrative pourraient être mis en oeuvre dans de courts délais. Ils impliqueraient notamment le secteur coopératif et associatif, sans préjudice de tous les investissements d'esprit alternatif dans des secteurs émergents comme les énergies renouvelables, la réhabilitation des habitats et la formation-culture. Les « indignés » pourraient alors manifester pour que de telles initiatives soient reconnues et prises en compte par ceux qui disposent encore de l'autorité. A défaut, ces responsables seront renvoyés, d'une façon ou d'une autre.
Rien n'empêcherait évidemment que, du chaos créateur né de l'indignation collective, naissent d'autres idées novatrices et d'autres initiatives concrètes.
European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.
La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.
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Tendencias 21 (Madrid). ISSN 2174-6850
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