Red Europea de Reflexión Geopolítica

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Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking





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Jean-Paul Baquiast
Miércoles, 11 de Mayo 2011


La décroissance de la consommation, luxe pour le monde développé, obligation pour le tiers-monde - ou le contraire? L'Europe doit donner l'exemple de la décroissance des consommations-gaspillages. Chacun est concerné, des institutions aux particuliers, en passant par les entreprises.



Chandran Nair est un consultant international en sciences de l'environnement. Né en Malaisie, il vit actuellement à Hong Kong. Il a fondé un Institut qui étudie les relations entre les valeurs asiatiques et les réalités du monde moderne, le Global Institute for Tomorrow

Très connu dans les pays émergents, il est encore relativement ignoré en Europe. D'où l'intérêt de l'interview que lui a consacré le Guardian le 21 avril 2011

Dans ce texte, comme dans l'ensemble de ses interventions, Chandran Nair refuse dorénavant de façon très affirmée, malgré le ton diplomatique de son langage, le modèle de développement que selon lui le monde capitaliste veut imposer à l'Asie. Il rappelle que ce modèle, fondé sur des incitations à la consommation toujours plus agressives, règne sur le monde depuis 60 ans. Les pays émergents semblent l'avoir adopté en ne le transposant que marginalement compte tenu de contraintes locales. Or il n'est pas viable et doit être refusé. La pression qu'exerceront sur les ressources mondiales et l'environnement plusieurs milliards de Chinois ou d'Indiens (5 milliards vers 2050) aspirant au niveau de vie nord-américain deviendra vite insupportable.

L'Asie doit donc développer un nouveau modèle de capitalisme, qu'il nomme le capitalisme contraint ou régulé (constrained capitalism) limitant l'accès aux ressources naturelles et contrôlant les comportements destructeurs imposés aux consommateurs. Chandran Nair n'a pas de mal à montrer la justesse de ce que divers environnementalistes occidentaux défenseurs de politiques de décroissance ont déjà amplement prouvé. Le mode de vie d'un citoyen américain ou même celui d'un européen de milieu modeste appliqué aux milliards d'humains actuels ou prévus nécessiterait les ressources cumulées de plusieurs planètes. Si rien n'était fait pour limiter cette boulimie, l'actuelle Terre sera rapidement détruite

Les pays asiatiques ont donc selon Chandran Nair un devoir urgent: « déconstruire » le rêve consommériste qui a été explicitement imposé à l'Asie comme au reste des pays pauvres par les pays capitalistes occidentaux. Ce conditionnement est l'un des résultats de la domination intellectuelle (le soft power) imposée aux élites asiatiques à travers les formations universitaires, les expertises fournies par le FMI, la Banque mondiale et les agences de conseil. Il est relayé à grande échelle aujourd'hui par le réseau des messages publicitaires commerciaux omniprésents, qui tiennent tous le même discours. La pression occidentale s'exerce plus fortement encore qu'auparavant, puisque elle se porte désormais dans le champ diplomatique. A la suite de la crise, les gouvernements occidentaux pressent la Chine à développer son marché consommateur intérieur, afin de réduire les excédents de trésorerie que lui ont acquis ses exportations.

Mais que signifiera consommer pour la Chine? Quels en seront les revers? Les observateurs extérieurs et intérieurs se félicitent de constater la rapide croissance urbaine, ou celle des achats d'automobiles, mais ils ne s'interrogent pas sur le prix grandissant d'un simple verre d'eau potable obtenue au robinet. Les producteurs d'eaux minérales seront là pour répondre au besoin.

Les gouvernements asiatiques devraient donc, selon Chandran Nair, assumer un devoir urgent: convaincre les populations qu'elles ne pourront jamais avoir accès, sauf dans le cas d'étroites minorités, au niveau de vie occidental. Il s'agit d'ailleurs de la prudence la plus élémentaire. Face aux révoltes qui naîtront du fait que les populations en question se rendront vite compte des limites incontournables de la croissance promise, ils seront balayés.

Le salut consisterait au contraire à préconiser le retour aux valeurs et aux modes de vie traditionnels, privilégiant notamment l'agriculture durable et les activités non gourmandes en énergie, l'éducation et la santé en priorité. Trouvera-t-on là de quoi assurer les besoins matériels comme les stimulants moraux nécessaires à la survie de centaines de millions de personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté? Chandran Nair en semble convaincu. En faveur de cette thèse, nous pouvons citer ici le tout récent programme que compte mettre en oeuvre le UN Environment Program. Il s'agira de développer et rémunérer non seulement les agricultures locales soucieuses de l'environnement, mais divers investissements destinés à protéger les sols et la biodiversité que les paysans négligent aujourd'hui car ils ne sont pas inclus dans les prix des produits finaux.

Un organisme analogue à l'IPCC dans le domaine du climat vient dans ce cadre d'être créé. C'est l'Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity destiné à intégrer les actions intéressant la production agricole et la conservation. Dans le même temps, un projet appelé The Economics of Ecosystems and Biodiversity visera à évaluer les coûts de la perte de biodiversité et de la dégradation des écosystèmes (http://www.teebweb.org/) Ces initiatives sont louables, mais elle nécessiteraient des dizaines ou centaines de milliards d'investissements, lequels se dirigent actuellement vers les dépenses militaires.

Comment déconstruire le « rêve consommériste » ?

Nous nous sommes toujours montré favorables aux programmes dits de décroissance. Comme l'on sait, ces objectifs avaient été proposés au plus fort des Trente Glorieuses, en Europe, par le Club de Rome et des économistes tels qu'Yvan Illitch faisant valoir l'impossibilité à terme de poursuivre indéfiniment une consommation destructrice de ressources matérielles nécessairement limitées. Depuis lors, à l'encontre des défenseurs de la thèse selon laquelle le progrès convergent des sciences et des technologies reculerait à l'infini les risques de rareté, la conscience du caractère illusoire de la croissance ininterrompue a fini par se généraliser. Dans cette esprit, une morale de la croissance zéro (sinon de la décroissance) et de l'auto-limitation des consommations a fini par recruter un certain nombre de soutiens parmi les mouvements anti-productivistes et écologiques.

Mais il faut bien voir que ce fut principalement en Occident et non dans le tiers-monde que cette morale s'est répandue. Ceci pour une raison de bon sens: comment prêcher l'austérité à des populations qui se maintenaient à grand peine au dessus du seuil de survie. Elle n'a d'ailleurs connu, même dans les pays riches, qu'un succès limité. Les milieux économiques et financiers tirant leur pouvoir de leur capacité à transformer les citoyens en consommateurs robotisés par une publicité omniprésente privent encore aujourd'hui de tribunes les activistes de la décroissance. Quant aux gouvernements, confrontés aux revendications des couches les plus défavorisés, plutôt qu'imposer un partage des ressources destiné à réduire les inégalités, ils préfèrent faire croire à un mythe, celui de la croissance de la consommation résolvant par miracle les conflits sociaux.

Dans les pays émergents, les mêmes causes ont entrainé les mêmes effets. Le double intérêt des industriels et des gouvernements poussant à la généralisation du modèle consommériste dénoncé par Chandran Nair a pleinement joué pour faire espérer aux citoyens-consommateurs des lendemains qui chanteraient. Mais ce réflexe est encore récent. Ce fut seulement depuis une dizaine d 'années, sinon moins, qu'en Chine par exemple, les dirigeants ont encouragé les nouvelles classes moyennes à s'équiper en logements et biens industriels sur le mode occidental. Aujourd'hui encore, ils savent très bien que les quelques 600 millions de travailleurs pauvres n'atteindront jamais ce niveau de vie. Mais plutôt qu'en convenir ouvertement et recommander des modèles économiques plus ménagers des ressources, ils préfèrent laisser croire que chaque citoyen pourra rapidement disposer d'un appartement, d'une voiture et d'un régime alimentaire carné. C'est que la déconstruction du modèle consommériste à l'occidental prôné par Chandran Nair imposerait aux pouvoirs et aux sociétés un effort de reconversion et d'invention dont nul ne se sent capable aujourd'hui. Les efforts d'austérité ou de retour à la terre proposés par Chandran Nair seront encore longtemps associés à l'austérité imposée par les anciens pouvoirs communistes, austérité d'autant mal vue qu'y échappaient les hiérarches.

C'est là précisément que les Occidentaux dont nous sommes pourraient jouer un rôle essentiel. Ayant pour des raisons historiques acquis des niveaux de vie largement supérieurs à ceux du reste du monde, ayant aussi acquis une culture économique et environnementale encore peu répandue dans les autres pays, nous pourrions nous impliquer directement dans la réalisation, au sein même du monde occidental, d'un modèle de survie tel que celui préconisé par Chandran Nair et ses homologues au sein des réseaux alter-mondialistes. Construire un monde échappant aux terrorismes de la consommation-gaspillage, proscrivant la publicité, investissant au contraire dans des activités immatérielles liées au capitalisme cognitif, devrait être un idéal que chacun d'entre nous devrait désormais se donner, y compris dans le cadre de sa propre vie.

Le tiers-monde pourrait en bénéficier, mais le monde développé serait le premier à en tirer profit. Il ne s'agirait d'ailleurs pas là, que l'on se rassure, d'une sorte de luxe moral proposé par un idéal du partage. Il s'agirait d'une nécessité devenue déjà vitale pour chacun de nous. L'accident de Fukushima commence à rendre perceptible le besoin, dans les pays favorisés eux-mêmes, tel le Japon ou l'Europe, de réduire drastiquement les consommations d'énergie et de matière premières, autrement dit de définir un modèle non consommériste de développement.

Il fut un temps où certains pionniers se proposaient des activités autrement motivantes que celles consistant à s'acheter des écrans plats ou des voitures du dernier modèle, ou celles consistant à s'affaler devant des écrans publicitaires. Ces pionniers cherchaient à s'accomplir dans des activités ne relevant pas nécessairement du profit à court terme: recherche scientifique, création artistique, activités sportives personnelles, etc. Il serait temps d'y revenir, en inventant des sociétés où de tels luxes ne seraient plus le privilège de quelques élites, mais seraient à la disposition de tous. Que l'Europe, ayant mieux que les Etats-Unis de solides traditions dans ces divers domaines, recommence à donner l'exemple et les pays émergents, n'en doutons pas, rallieront la démarche. Nous avons besoin dorénavant de nouveaux activistes militant avec l'agressivité nécessaire pour que ces comportements décroissantistes (dans le bon sens du mot) s'imposent aux enfants dégénérés de la publicité commerciale.

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Jean-Paul Baquiast
Domingo, 8 de Mayo 2011


Le projet Désertec, grand enjeu géostratégique
Jean-Paul Baquiast 08/05/2011

La conviction selon laquelle les pays développés doivent envisager des programmes de grande ampleur pour produire de l'électricité à partir d'énergies renouvelables se répand de plus en plus. Le terme de programmes de grande ampleur désigne des projets technologiques se chiffrant en dizaines de milliards d'euros, s'étendant sur plusieurs décennies, susceptibles d'intéresser des industriels majeurs et d'avoir une signification géopolitique de grande portée.

Ceci ne veut pas dire qu'il faille négliger ni de petits investissements à ambition locale, ni les économies d'énergie, qui demeureront indispensables. Mais si l'on veut progressivement commencer à remplacer à la fois le nucléaire de fission et les centrales au charbon, qui fournissent actuellement l'essentiel de l'électricité consommée, il faut voir grand. Il faut aussi, ne l'oublions pas, parler aux imaginations afin de susciter les vocations technoscientifiques et les épargnes.

Il se trouve que, dans le domaine de l'énergie solaire, existait depuis quelques années, à partir d'une initiative principalement européenne, un grand programme de cette nature, nommé Desertec. Pour différentes raisons (notamment la résistance des intérêts investis dans les formes actuelles de production d'énergie) ce programme avait été recouvert par ce qu'il faut bien appelé une chape de silence. Deux facteurs différents poussent à le relancer.

Le premier est bien entendu l'accident de Fukushima au Japon. Le second, de nature géopolitique, découle de ce que l'on a nommé le printemps arabe. Un certain nombre de pays du sud-méditerranéen se sont débarrassés de leurs dictatures. Ils se sont ouverts au dialogue avec les pays du nord et ont montré que leurs populations se détournaient progressivement des fantasmes de djihad. Mais ce faisant ces pays posent, en premier lieu aux Européens, la question de savoir si les économies du Nord pourront ou non proposer, en dehors de tout retour au néocolonialisme, des projets de co-développement susceptibles de créer des emplois par miliers et des revenus susceptibles de se réinvestir sur place. Sans ces emplois et ces revenus, les nouvelles démocraties retomberont nécessairement dans le désordre. Or c'est précisément ce que le projet Desertec, s'il était bien mené, pourrait permettre: une vague de co-développement à l'échelle euro-africaine.

Nous pensons donc essentiel que l'Union européenne s'intéresse désormais officiellement à Désertec, tant au regard de ses retombées socio-économiques que pour ses composantes géopolitiques. Il s'agirait de concrétiser, pour toute l'Europe et non pour les seuls pays européens du sud, le thème évoqué par le projet d'Union pour la Méditerranée: créer dans cette partie du monde un grand ensemble d'intérêts communs. L'intérêt de Desertec est à cet égard de pouvoir s'étendre au delà de la seule Méditerranée. Il pourrait intéresser, en conjuguant d'autres sources de production d'électricité, notamment l'éolien et le marée-moteur, une grande partie de l'hémisphère nord à l'est du 20e Méridien. Pour l'Europe, il s'agirait donc également d'une démarche véritablement emblématique

Les adversaires du projet ont fait valoir qu'impliquant directement des Etats ou des régions sahariennes plus ou moins en but au terrorisme, des organisations telles que l'actuelle AQMI pourraient en profiter pour exercer un chantage permanent sur les partenaires du projet. Mais il s'agit d'une vue de l'esprit. Si Desertec était mis en oeuvre avec la volonté d'associer dès le début les Etats et les populations du Maghreb, il représenterait un tel enjeu qu'il serait non pas agressé mais protégé et soutenu par tous les partenaires africains du programme.

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Nous extrayons des sites de la Fondation Desertec de Wikipédia quelques informations permettant de préciser la teneur de cette grande ambition.

Le Projet Desertec est un projet éco-énergétique de grande envergure mené par la Desertec Foundation. Il a été initialisé sous les auspices du Club de Rome et de la Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation.

Il s'agit de créer un réseau interconnecté alimenté par des centrales solaires du Maroc à l’Arabie Saoudite, reliées par des réseaux à très haute tension. Le projet vise à répondre en grande partie aux besoins des pays producteurs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et à fournir 15% (dans un premier temps) de l'électricité nécessaire à l'Europe.

Un protocole d'accord pour le projet a été signé par douze sociétés basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, le 13 juillet 2009 à Munich. En mars 2010, quatre nouveaux investisseurs ont annoncé qu'ils s'associaient au projet, ce qui porte à 17 le nombre de partenaires (16 entreprises représentant un potentiel technique et de savoir-faire considérable) et la fondation Desertec elle-même.

L'entreprise vise à connecter plusieurs grandes centrales solaires thermiques et peut-être d'autres installations d'énergies renouvelables (fermes éoliennes) entre elles ainsi qu'au réseau de distribution de l'électricité qui alimenterait l'Afrique du Nord, l'Europe et le moyen-Orient, ce réseau pouvant être optimisé via une approche de type SuperGrid.

Mais Desertec ne se limitera pas à la production d’énergie : il participera aussi au développement des pays en créant de nombreux emplois locaux. Dans un premier temps, il s'agira de la main d'œuvre acceptant de travailler dans les conditions difficiles du milieu désertique.Mais il faudrait très vite que s'y investissent les ingénieurs et gestionnaires originaires des pays du sud.

Les promoteurs estiment qu'un tel réseau pourrait avant 2050 fournir plus de 50 % des besoins en électricité de la région EUMENA (Europe + Moyen-Orient + Afrique du Nord).
Les difficultés à résoudre seront nombreuses, mais tout à fait à la portée des technologies actuelles ou disponibles dfans un proche avenir .

Pour la production, on envisage des centrales solaires thermodynamiques à concentrateurs, c'est-à-dire utilisant des miroirs paraboliques pour produire de la vapeur d’eau à très haute température et sous forte pression, qui fait tourner une turbine et un alternateur produisant de l’électricité. Divers équipements de cette nature existent déjà en Europe
Ces centrales consomment beaucoup d'eau douce (un problème en zone aride) et conduisent à modifier la météorologie du désert et contribuer peut-être à exacerber certains effets du dérèglement climatique. Mais des remèdes sont possibles.

Pour le transport de l'électricité, les concepteurs du projet espèrent pouvoir utiliser de nouveaux types de lignes Haute Tension (lignes de transmission modernes en Courant Continu Haute Tension ou CCHT ou HVDC) devant permettre de transporter l'électricité sur de grandes distances avec beaucoup moins de pertes en ligne (3% pour 1.000 km) qu'avec les lignes classiques à courant alternatif, et presque sans pollution électromagnétique. Dans la conjoncture actuelle, caractérisée par le prix croissant du cuivre et alliages conducteurs, il s'agira d'une partie fragile, à protéger.

Pour le strockage, la production d'électricité ne se faisant que de jour, une partie de celle-ci pourra en être utilisée pour pomper l'eau vers des lacs de montagne en Europe, qui en possède beaucoup. L'utilisation la nuit de l'énergie de cette eau dans des turbines assurerait sa mise à disposition homogène au profit de l'ensemble du réseau.

Le coût global du projet a été estimé à 400 milliards d'euros sur plusieurs dizaines d'années, dont 50 milliards pour construire 20 lignes CCHT de 5 GW chacune. On peut craindre que ce coût n'augmente. Mais il sera aisément amorti grâce au prix de vente de l'électricité, dont les pays développés doivent cesser de considérer qu'il s'agit d'une énergie bon marché.

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Jean-Paul Baquiast
Jueves, 5 de Mayo 2011



Les révolutions arabes, y compris lorsque leurs suites restent encore incertaines, avaient réussi à détourner l'attention de l'évolution des relations entre Israël et ses voisins, ceci jusqu'aux Etats-Unis traditionnels soutiens de l'Etat juif. Ces révolutions viennent d'avoir cependant un résultat qui s'impose à l'attention du monde et rappelle l'urgence d'un traité de paix entre Israël et la Palestine. Il s'agit de l'accord qui vient d'être rendu public entre le Fatah et le Hamas, redonnant un rôle essentiel au président Mahmoud Habbas.



Le printemps arabe sensible jusque en Palestine et même semble-t-il à Gaza, combiné à l'affaiblissement du président syrien voire à la perspective d'un changement de régime à Damas, ont convaincu les deux frères ennemis palestiniens de trouver un terrain d’entente. Le Hamas semble avoir perdu une partie de ses appuis en Syrie, tandis que le soutien de l'Iran se faisait plus chancelant. L'Egypte de son côté, à l'instigation du ministre Nabil El-Araby, avait repris des pressions, dont Hosni Moubarak avait été l'instigateur, pour la création d'un Etat palestinien, la formation d'un gouvernement de transition et le choix d'une date pour les élections. La Turquie s'y est associée.  

L'avenir de cet accord et par conséquent l'évolution des relations avec Israël reposera d'abord très largement dans les mains du peuple palestinien. Les plus extrémistes choisiront-ils la persistance du conflit, avec attentats, morts et représailles. La majorité des Palestiniens préférera-t-elle une relation pacifiée avec Israël, dont les bénéfices économiques et moraux ne seraient pas négligeables. Dans ce cas, Mahmoud Abbas verrait confirmer sa légitimité afin de signer un accord durable avec les Israéliens, sans être qualifié de traitre.  Il a du pour cela cependant concéder d'importantes contreparties au Hamas, en acceptant son renforcement en Cisjordanie et en libérant des terroristes impliqués dans des actions contre Israël.

Comme prévisible, l'accord a été reçu à Jérusalem avec une consternation affichée. Certes, des négociations secrètes s’étaient tenues en Turquie sous l’égide américaine avec l’arbitrage du premier ministre Erdogan mais elles trainaient en longueur. Les services de renseignement israéliens auraient du prévenir Benjamin Netanyahou du fait que la conjoncture politique dans la région était en train de changer. Or il a réagi par une surprise indignée, en affirmant que le Hamas visait toujours à détruire Israël et, en attendant, continuait à « tirer des roquettes sur les Israéliens ». Il savait depuis longtemps cependant que les Etats-Unis, faute d'être crédibles dans une intervention directe, avaient réactivé une négociation avec la Turquie destinée à faire de celle-ci la garante d'un accord de paix palestino-israélien.

Les Israéliens devront donc rapidement revoir leur stratégie fondée sur la dissension entre Fatah et Hamas. Comment réagiront les partis actuels? Sans doute mal. Le parti travailliste semble décomposé. Le parti centriste Kadima ne propose pas de politique. Benjamin Netanyahou dispose d'une majorité de droite qui semble lui laisser les mains libres. Mais qu'en fera-t-il? L'intransigeance et la stagnation semblent lui être désormais interdites. En bonne logique, l'unité palestinienne retrouvée devrait permettre la formulation de propositions palestiniennes originales, présentées officiellement avec la reconnaissance « de jure » de l’Etat d’Israël, incluant des concessions notables sur quelques questions fondamentales. Le droit au retour des réfugiés, la rectification des frontières de 1967 et la question des implantations devraient faire l’objet de propositions palestiniennes devant lesquelles l'opinion israélienne devra se prononcer. De nouvelles élections en Israël seront sans doute nécessaires.

Peut-on espérer que le vent de liberté et d'indépendance qui souffle actuellement au sein des populations du Moyen-Orient touchera aussi les peuples palestiniens et israéliens ? Ainsi ils pourraient pousser à l'entente réciproque malgré les résistances de leaders restés attachés à leurs anciens pouvoirs. L'Europe, mieux encore que les Etats-Unis, toujours suspectés (non sans raisons) d'arrière-pensées militaro-industrielle, pourrait trouver là l'occasion d'affirmer enfin diplomatie contribuant à la pacification durable de la région, autrement dit à la résolution de l'interminable conflit israélo-palestinien, lequel se répercute partout dans le monde, y compris dans les banlieues européennes.

On attend maintenant de Bruxelles, comme des principaux gouvernements européens, des incitations claires et des aides concrètes allant dans le sens de la paix. Puisse-t-on ne pas attendre trop longtemps.
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European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.

La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.


Geoeconomía. Blog de Eduardo Olier

Conocimiento. Blog de Fernando Davara

Inteligencia. Blog de Fernando Velasco


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