Red Europea de Reflexión Geopolítica

Red Europea de Reflexión Geopolítica


Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking





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Jean-Paul Baquiast
Sábado, 17 de Septiembre 2011


On le pressentait déjà mais Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre de la Turquie et fondateur du parti largement majoritaire dit Parti de la Justice et du Développement (Adalet ve Kalkınma Partisi ou AKP), manifeste une volonté forte de s'imposer comme le leader, au moins moral, des peuples touchés par le printemps arabe.



Il vient d'y faire une tournée très applaudie. Il sert dorénavant ainsi aussi de référence aux oppositions visant à renverser les régimes autoritaires au Proche et Moyen-Orient. Son influence se substitue à celle des Etats-Unis, en recul dans toute la zone. Quant à l'Europe, bien que directement concernée par tout ce qui passe à ses frontières méditerranéennes, elle semble plus que jamais incapable d'exercer un rôle constructif. Ajoutons que Recep Tayyip Erdogan n'entend pas limiter l'influence de la Turquie à la Méditerranée. C'est un grand voyageur et, comme le montre la carte jointe, il y a peu de pays un tant soit peu importants qu'il n'ait pas visités.

Plusieurs raisons, abondamment soulignées par les experts en géopolitique, justifient ce rôle grandissant de la Turquie et de son Premier ministre. Il y a d'abord la géographie. La Turquie occupe un espace charnière entre l'Europe, la Russie, l'Afrique et l'Asie. Son importante population, avec de fortes capacités migratoires, dont au moins une moitié s'est dotée de compétences comparables à celles des sociétés occidentales, lui permet de jouer parmi les grands Etats développés. Son économie, sans disposer de ressources naturelles considérables, a bénéficié d'investissements internes et étrangers qui lui assurent aujourd'hui une croissance d'environ 6%, inégalée dans la région. Son modèle économique est envié, notamment en Egypte, de taille voisine mais qui n'a pas su encore valoriser ses atouts.

Au plan politique, la Turquie, longtemps considérée comme un satellite des Etats-Unis, de par notamment sa présence dans l'Otan, en gardien avancé contre l'influence de la Russie, a réussi à s'émanciper. Elle entretient dorénavant de bons rapports avec Moscou. Par ailleurs et surtout elle se distingue de plus en plus de Washington dans le rôle traditionnel d' « allié d'Israël » qui lui avait été assigné. Il faut dire que l'intransigeance et les maladresses répétées du gouvernement Netanyahu ont beaucoup contribué à cette prise de distance. Tant que la question palestinienne n'aura pas été réglée, la Turquie jouira ainsi d'un prestige considérable auprès notamment de la « rue arabe » dans les différents pays arabo-musulmans. L'armée puissante dont elle dispose contribue à ce prestige.

On pourrait penser que ces pays précisément, se méfieraient du rôle grandissant de la Turquie, susceptible de réactiver l'influence de l'Empire Ottoman, qui avait ensanglanté la région avant et après la première guerre mondiale. Mais ces souvenirs sont lointains et tant que la Turquie restera diplomatiquement prudente, nul ne reprochera aux Turcs de n'être pas des Arabes. La volonté commune à la Turquie et aux Etats arabes, y compris à ceux issus du printemps démocratique récent, de favoriser un islam présenté comme politique mais néanmoins modéré, ne peut que plaire à des populations restées, y compris en Afrique du Nord, profondément pieuses. La Russie elle-même, qui se débat avec des républiques musulmanes agitées, s'intéresse beaucoup à la référence apaisante que représente l'islam modéré sur le mode turc.

Reste la question des relations entre la nouvelle Turquie et l'Union européenne. Il fut un temps, il y a quelques années, où les Etats-Unis, soucieux avant tout d' handicaper le développement de l'Europe en tant que puissance souveraine et indépendante, avaient beaucoup fait pour imposer l'entrée de la Turquie dans l'Union. La Turquie occidentalisée et atlantisée, soumise à leur influence, aurait été pour eux un cheval de Troie permettant de pénétrer de l'intérieur les institutions et l'économie des pays européens. Les élites turques avaient un moment pensé que l'adhésion les auraient favorisées. Les patronats européens, quant à eux, avaient été séduits par la possibilité de jouer sur une abondante main d'oeuvre peu exigeante circulant au sein de l'espace commun.

Aujourd'hui, la question de l'opportunité de l'adhésion de la Turquie à l'Europe ne devrait plus se poser. D'une part, comme indiqué plus haut, Recep Tayyip Erdogan suivi en cela par les forces vives de son pays a compris qu'il aurait plus d'influence, dans le monde et en Europe même, s'il restait à l'extérieur de l'Union au lieu de se soumettre à ses contraintes. Par ailleurs, les Européens sont de plus en plus sensibles, à tort ou à raison, aux incompatibilités diverses que représenterait l'entrée d'un Etat ayant renoncé à la laïcité et affichant son rattachement à l'islam, fut-il modéré. Ceci d'autant plus que beaucoup soupçonnent la possibilité, en Turquie comme dans les Etats arabo-musulmans, de voir monter en puissance des mouvements islamiques de plus en plus radicaux. Il n'est pas certain que la partie occidentalisée (et féminine) de la société turque verrait cette montée d'un bon oeil, mais le risque n'est pas nul et dans l'ensemble, pour le moment, les gouvernements européens veulent s'en prémunir.

Par contre, s'il existait une véritable union fédérale européenne capable de se comporter en puissance politique et économique indépendante, tant vis-à-vis de la Turquie que, pour d'autres raisons, vis-à-vis de la Russie ou d'Israël, les Européens pourraient envisager avec sérénité de véritables coopérations stratégiques avec ces divers pays. L'ensemble de la Région en bénéficierait, par exemple au sein d'une Union pour la Méditerranée rénovée. Mais l'Europe, restant divisée et soumise à l'influence de l'Amérique pour qui ceci constituerait un ultime affront et perte d'influence, n'ose pas se lancer dans cette voie. Ses relations avec la Turquie et avec les nouvelles démocraties arabes en souffriront nécessairement.





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Jean-Paul Baquiast
Martes, 13 de Septiembre 2011


Après avoir beaucoup tergiversé, Obama se décide à présenter très prochainement devant le Congrès le « paquet » de $447 Milliards destiné à relancer l'activité face au maintien du chômage.



Il s'agit de suppressions de taxes pour les petits revenus et de mesures de dépense jusque là refusées par les Républicains, mais sur lesquelles vu l'urgence de la situation de crise il espère obtenir un accord. Rien n'est encore acquis car les Républicains vont demander l'évaluation détaillée de ce programme par le Bureau du Budget du Congrès (Congressional Budget Office) non partisan. Mais on peut penser que l'opposition va momentanément suspendre son refus de dialogue avec la Maison Blanche, qui paraîtrait de plus en plus suicidaire.

Cette action de relance est considérée par les plus keynésiens des Démocrates comme trop timide vu l'ampleur de la crise. Paul Krugman l'a qualifiée d'« insuffisante et trop tardive ». De plus, les promesses de taxation des hauts revenus n'ont pas été tenues. Enfin un certain nombre de dépenses, notamment dans les infrastructures, bien que très utiles à terme, n'auront pas d'effet immédiat sur le chômage.

Il apparaît cependant qu'Obama, confronté à la nécessité de rassembler une majorité suffisante pour obtenir sa réélection, ait clairement décidé de s'engager à gauche. Il renonce ainsi à sa politique de recherche de compromis avec les plus déterminés de ses ennemis, qui lui a valu une baisse dramatique de popularité parmi ses soutiens traditionnels. Par ailleurs, il semble ne plus accepter de céder au terrorisme de ceux qui voudraient à tous prix diminuer la dette publique pour reconquérir les bonnes grâces des agences de notation.

Ceci devrait être une leçon pour les dirigeants européens, qui ont traditionnellement les yeux fixés sur Washington pour savoir comment se comporter. En fait, le minimum face à la crise de la dette souveraine qui après la Grèce risque d'emporter l'Italie ou l'Espagne, serait de mutualiser l'ensemble des dettes publiques au sein d'une Agence européenne de la Dette, que la Banque européenne approvisionnerait en liquidité pour faire face aux échéances les plus immédiates. Ceci évidemment sans préjudice de mesures visant non à sabrer dans les dépenses publiques et investissements indispensables, mais à augmenter la contribution des riches, lutter contre la spéculation et autres éléments d'un véritable programme économique et social que devraient adopter les gauches européennes, sinon l'ensemble des partis européens de gouvernement.

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Jean-Paul Baquiast
Viernes, 9 de Septiembre 2011


Appelons eurofédéralisme le mouvement politique pour qui l'avenir de l'Europe, face aux difficultés actuelles et prévisibles, ne sera assuré que par l'adoption d'une constitution fédérale. Différentes formules intéressant de futurs Etats-Unis européens sont possibles.



Même si les schémas dominants aujourd'hui portent surtout sur les questions économiques et financières, avec la désignation d'un ministre fédéral dans ces domaines, il est évident que de proche en proche la solution qui s'imposera sera proche de celle en oeuvre depuis deux siècles au sein des Etats-Unis d'Amérique. Pour nous, comme nous l'avons plusieurs fois expliqué sur ce site, il s'agit d'une obligation, sans laquelle il n'y aura bientôt plus d'Union européenne ni d'euro, chaque Etat se retrouvant livré à lui même dans un monde dominé par de grands ensembles organisés sur le mode d'Etats fédéraux puissants.

Mais pour qu'un tel projet devienne crédible, il faut qu'il trouve des soutiens forts dans les grands Etats européens actuels, la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne notamment. Si en France une certaine frange de l'opinion n'y serait pas hostile, il avait paru jusqu'à présent que ce n'était pas le cas en Allemagne, notamment dans les rangs du parti chrétien-démocrate actuellement en pouvoir. Les fédéralistes européens sont donc réjouis en constatant ces jours-ci qu'une sorte de printemps eurofédéraliste serait peut-être en voie d'apparaître outre-Rhin. Un article de l'ancien chancelier Gerhard Schröder (Le Monde 7 septembre p. 6), une déclaration de l'actuelle ministre du travail CDU Ursula von der Leyen, suivie de différentes autres, indiquent que les partisans d'un fédéralisme européen commencent à donner de la voix en Allemagne, y compris à droite.

Fait encore plus important, la Cour fédérale de Karlsruhe (photo) vient de valider, le 7 septembre, les mécanismes d'aides à la zone euro. On pouvait craindre, vu les précédents arrêts de cette Cour, qu'elle considère une telle décision comme inconstitutionnelle, car dépassant les pouvoirs du pouvoir fédéral. Cela aurait marqué un véritable coup d' arrêt à l'intégration européenne et le retour à l'isolationnisme allemand. Heureusement, le bon sens l'a emporté. La presse allemande en prend acte mais indique, comme le Süddeutsche Zeitung, que pour poursuivre dans la voie d'une Europe fédérale intégrant l'Allemagne, il faudrait réécrire la Constitution fédérale allemande et la faire approuver par le peuple.

C'est tout à fait évident. Il faudra faire de même tant au niveau des Traités européens que dans chacun des pays, tel la France, qui soutiendrait la même voie. Cela demandera du temps – sauf si, sous la pression des nécessités, des opinions de plus en plus étendues défendaient le projet d'Etats-Unis d'Europe. On peut espérer que ce sera le cas d'un futur gouvernement socialiste en France. Il convient donc que les militants français de la solution eurofédérale ne se découragent pas, et se fassent entendre bien plus fort qu'à présent dans les différentes tribunes dominées actuellement par des eurosceptiques n'ayant que leur scepticisme à proposer.
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European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.

La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.


Geoeconomía. Blog de Eduardo Olier

Conocimiento. Blog de Fernando Davara

Inteligencia. Blog de Fernando Velasco


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