Red Europea de Reflexión Geopolítica

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Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking





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Jean-Paul Baquiast
Miércoles, 25 de Mayo 2011


Certains observateurs commencent à nommer ainsi le mouvement politique qui se développe actuellement en Espagne, à la date où nous écrivons (25 mai). Il se caractérise par l'occupation durable de la Puerta de Sol, à Madrid, provenant de manifestants rejetant globalement un système qui les condamne au chômage et à la misère. D'autres villes espagnoles sont aussi touchées. De telles manifestations de refus se sont produites précédemment dans d'autres Etats frappés eux-aussi par les mesures de rigueur imposées aux populations par la volonté de diminuer les dettes publiques: en Grèce, en Irlande et même en Grande Bretagne – pour ne pas mentionner celles qui ont eu lieu aux Etats-Unis, notamment à Madison dans le Wisconsin. Elles sont susceptibles de se reproduire dans tous les Etats européens touchés par la rigueur, y compris peut-être un jour en Allemagne. D'où la nécessité d'essayer de les comprendre.




On parle aujourd'hui de printemps espagnol par référence au mouvement dit du printemps arabe qui avait chassé les gouvernements autoritaires de Tunis et du Caire, sous la pression de foules rassemblées sur les places publiques des principales villes de ces pays. Des mouvements analogues mais encore en butte à la répression se déroulent dans un certain nombre d'autres Etats arabes.

Cependant la comparaison entre les deux « printemps » montre que le printemps espagnol, s'il persiste et se précise, posera des questions bien plus complexes que celles abordées par le printemps arabe. Le printemps arabe s'en est pris à des pouvoirs autoritaires ou à des théocraties qui étaient relativement faciles à renverser, dès lors que le soutien de l'armée et de la police leur a fait défaut. L'objectif en était relativement clair, tout au moins en Tunisie et en Egypte: obtenir les libertés publiques et les droits civils dont jouissent les démocraties politiques. Certes, dans le reste du Moyen-Orient, le printemps arabe se complique aujourd'hui d'incidences géo-politiques, ethniques ou religieuses propres à ces pays, mais ces dernières n'intéressent qu'indirectement les citoyens européens.

Le printemps espagnol est infiniment plus complexe et difficile à interpréter avec les outils de la science politique traditionnelle. Il a pris naissance dans un grand Etat européen jusqu'ici globalement prospère et bien géré, présentant malgré quelques archaïsmes le visage d'une société moderne, démocratique, ouverte. L'Espagne n'est pas par ailleurs le pays le plus pauvre de l'Union européenne, même s'il traverse actuellement une crise grave. Que veulent alors les manifestants (qui se sont nommés eux-mêmes des « indignados » par référence au livre de Stéphane Hessel) ? On dit d'eux qu'au delà d'un refus du chômage et de l'appauvrissement, ils refusent le Système, sans pouvoir toujours préciser ce que l'on entend par ce terme de Système, et ce qui est refusé au sein de celui-ci. Mais on pourrait aussi dire que beaucoup d'entre eux sont animés, fut-ce d'une façon mal formulée, par une volonté bien plus grandiose encore, celle de changer de civilisation.

Ainsi défini, le printemps espagnol risque de se répandre dans un grand nombre de pays européens, sinon dans tous, car le refus d'un certain type de civilisation, mercantiliste, sélective, gaspilleuse n'est pas propre à l'Espagne. Les conservateurs voient dans cette contamination quasi « virale », favorisé par la généralisation de la société de l'information, de nombreuses menaces. Les progressistes au contraire commencent à y attacher beaucoup d'espoir. Pourrait-on finalement espérer voir un univers marqué par les inégalités, la destruction aveugle des ressources naturelles, le rejet des grandes ambitions, céder la place à un monde plus harmonieux? L'utopie pourrait-elle commencer à se réaliser?

Que veulent exprimer les « indignados »?

Pourquoi pas après tout? Mais avant de rêver à un changement de civilisation, il faut chercher à comprendre ce que veulent exprimer les manifestants de la Puerta del Sol. On pourra ensuite se demander si, au delà de l'expression d'un sentiment global de refus, ils ne devraient pas se fixer des objectifs précis. L'exemple précédent des manifestations du peuple américain à Madison est intéressant à cet égard. Les foules du Wisconsin ont refusé explicitement un certain nombre de mesures de rigueur jugées injustes et ont cherché à faire plier les élus du parti républicain qui voulaient, en toute légitimité constitutionnelle, les faire appliquer.

Le message des « indignados » espagnols est plus difficile à interpréter. On peut penser qu'au delà d'une protestation contre l'extension du chômage et de l'appauvrissement, frappant aussi bien les jeunes diplômes que les travailleurs de la base, ils veulent signifier le fait que le peuple de gauche ne fait plus confiance aux partis de gauche pour le représenter. Au plan électoral, c'est ce message que viennent parallèlement d'exprimer les élections municipales marquées par la défaite du Parti socialiste espagnol (PSOE). La même défiance à l'égard du parti socialiste s'est répandue dans des termes voisins au Portugal en en Grèce. Beaucoup de manifestants espagnols, bien que se réclamant de la gauche, s'indignent du fait que le gouvernement dirigé par une majorité socialiste ne les protège pas des abus du capitalisme financier et de la spéculation mondialisée. Au contraire ce gouvernement paraît se ranger du côté des spéculateurs nationaux et internationaux (banques et entreprises) pour contraindre les citoyens à supporter les fautes de gestion ou les manœuvres frauduleuses du monde économique. Le même reproche est fait aux gouvernements grec et portugais, eux-aussi pourtant dirigés par des socialistes.

La population en déduit que les partis socialistes appartiennent désormais aux oligarchies sociales qui pressurent les citoyens en les privant des produits de leur travail et de leur épargne. En Espagne comme ailleurs, les gouvernements, qu'ils soient de gauche ou de droite, tiennent le même discours imposé par la finance internationale et relayé par le FMI: comprimer les dépenses sociales, supprimer les investissements publics, licencier les fonctionnaires, privatiser les établissements et les entreprises publiques...

Or les « indignés », aussi naïfs qu' ils soient en économie, se rendent bien compte que cette destruction progressive de ce qui restait de l'Etat protecteur se fait au profit des sociétés internationales et des fonds d'investissements spéculatifs. Les activités abandonnées par le secteur public, sous prétexte de rééquilibrer les budgets, seront récupérées et assurées à grand frais par des investisseurs anonymes qui ne travailleront que pour une clientèle à hauts revenus. Le coût économique final de ces services payants ne diminuera pas, au contraire. Mais les actionnaires et les managers en charge de ces nouveaux services ne s'en plaindront pas puisque les sommes correspondantes viendront directement accroître leurs profits.

Nous pensons pour notre part que ce qui indigne particulièrement les manifestants du printemps espagnol, qui indignera ceux d'autres printemps à venir dans d'autres pays, tient à la découverte progressive d'une entente mondiale entre privilégiés (que nous nommons ici des oligarchies) pour maintenir dans le bas de l'échelle sociale les diverses catégories de travailleurs qui sont en fait les principaux créateurs de richesse dans l'économie réelle. Or parmi ces oligarchies se trouvent désormais, en apparence et souvent en fait, les représentants des partis de gauche, qu'ils soient dans l'opposition ou au pouvoir.

La découverte de cette réalité, dénoncée depuis longtemps par les extrêmes-gauches, provoque dans ce que nous continuerons à nommer les couches populaires, y compris dans les classes moyennes, un rejet de la vie politique et des institutions, qu'elles soient nationales ou européennes: tous corrompus, selon une formule facile mais hélas souvent vraie. Ce rejet peut pousser certains « indignés » vers les mouvements d'extrême-droite populistes et souverainistes, dont le discours fait illusion. Mais un minimum d'attention montre que ceux-ci ont, encore plus que les socialistes, partie liée avec les oligarchies. Ils seront par ailleurs, de toutes façons, incapables de proposer les solutions permettant de remettre l'économie au service des travailleurs, puisqu'ils refusent la dimension européenne indispensable pour se faire entendre face aux grands Etats mondiaux.

Si nous retenons l'hypothèse qui précède, nous dirons que le message des « indignados » s'adresse d'abord aux partis socialistes, en Espagne comme dans le reste de l'Europe: changez ou nous vous changerons. Dans la mesure où demeure encore un minimum de démocratie représentative, ce premier message est facile à comprendre par des responsables politiques qui veulent être élus ou réélus, que ce soit au plan national ou au plan local. Jose Luis Zapatero devrait le comprendre, comme en France le candidat (ou la candidate) du parti socialiste aux élections présidentielles.

Au delà du refus, se battre pour des revendications précises


Mais un mot d'ordre aussi général ne suffira pas à maintenir la mobilisation des manifestants et de ceux qui les soutiennent dans l'opinion. Il faudra que du sein des manifestations émergent des revendications plus précises (analogues au « Ben Ali dehors » des manifestants tunisiens). Les techniciens de l'économie et de la politique ont formulé depuis quelques mois déjà des objectifs que nous avons pour notre part repris et illustrés: transformer le statut de la Banque centrale européenne de façon à ce qu'elle puisse racheter et restructurer les dettes publiques des Etats, créer un service public bancaire européen regroupant les activités de dépôt et de prêts aux entreprises des banques européennes en les distinguant clairement des opérations spéculatives, créer un fonds européen d'investissement stratégique au profit des activités industrielles et de recherche capables de créer des emplois à forte valeur ajoutée non délocalisables, adapter en conséquences en les harmonisant les législations fiscales et douanières européennes.

Mais de tels objectifs sont complexes à exprimer, difficiles et longs à mettre en oeuvre. Ils supposent un certain nombre de bouleversements de fond contrer lesquels se mobiliseront l'ensemble des oligarchies de pouvoir. Peut-on espérer que des manifestations populaires s'en saisissent? Nous pensons pour notre part qu'il existe un atout en ce sens, qui est l'Internet. Il faudrait que les (rares) experts proposant de telles mesures et les représentants des partis de gauche décidés à retrouver leur vocation traditionnelle au service du changement social s'obligent sans attendre en discuter via notamment l'internet afin de populariser les véritables révolutions pouvant en découler.

Des propositions immédiates pourraient alors être faites, au service desquels les « indignés » présents et futurs pourraient se mobiliser. Il s'agirait d'abord de refuser les mesures telles que les suppressions d'emplois ou les privatisations dans les services publics. Mais au delà du refus, des projets à forte valeur démonstrative pourraient être mis en oeuvre dans de courts délais. Ils impliqueraient notamment le secteur coopératif et associatif, sans préjudice de tous les investissements d'esprit alternatif dans des secteurs émergents comme les énergies renouvelables, la réhabilitation des habitats et la formation-culture. Les « indignés » pourraient alors manifester pour que de telles initiatives soient reconnues et prises en compte par ceux qui disposent encore de l'autorité. A défaut, ces responsables seront renvoyés, d'une façon ou d'une autre.

Rien n'empêcherait évidemment que, du chaos créateur né de l'indignation collective, naissent d'autres idées novatrices et d'autres initiatives concrètes.

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Jean-Paul Baquiast
Miércoles, 18 de Mayo 2011


Une centaine de manifestations ont eu lieu dans un grand nombre de villes espagnoles, dont Madrid sur la Puerta del Sol, le mercredi 18 mai. Comme dans d'autres villes européennes, notamment en Grèce et en Grande-Bretagne, les manifestants sont principalement composés de jeunes sans emplois ou de travailleurs récemment licenciés. Les syndicats semblent se tenir en retrait, sans doute faute de solutions à offrir aux revendications.


Manifestations du refus en Espagne
Les observateurs ont noté une similitude avec les manifestations de jeunes qui ont provoqué récemment la chute des régimes tunisien et égyptien. Au départ, les manifestants semblent ne pas très bien savoir ce qu'ils veulent, sauf exprimer un refus général du Système. Puis les troubles peuvent dégénérer, donnant naissance à des phénomènes révolutionnaires. Mais la situation est plus grave en Europe, car il s'agit de démocraties où les libertés civiles sont relativement garanties. Le Système contre lequel manifestent les jeunes européens est donc principalement le capitalisme néo-libéral, et le poids des sacrifices qu'il impose aux populations incapables de se défendre, sous la pression des oligarchies dirigeantes.

Les restrictions budgétaires qu'imposent ces oligarchies et les gouvernements à leur service sont présentées comme devant stabiliser les déficits et relancer la croissance. Mais il s'agit d'un faux- semblant répandu intentionnellement par la « nov'langue » politique désormais de rigueur. L'objectif en est inverse: obliger à sacrifier les services publics et les administrations qui pourraient au contraire contribuer non seulement à maintenir l'emploi mais à fournir des prestations particulièrement indispensables en période de crise. La privatisation imposée se fait au profit des prestataires privés de service à des coûts qui les rendent inaccessibles aux victimes de la récession.

Il n'est pas certain cependant que les jeunes manifestants espagnols ou grecs perçoivent clairement les solutions qui permettraient aux pays européens de sortir de l'appauvrissement systématique imposé par le capitalisme financier. Tout au plus disent-ils, avec raison, ne pas vouloir payer les coûts d'une crise imposée par les erreurs des banques et des milieux d'affaire, coûts aggravés par les fraudes multiples de ces mêmes milieux devant l'impôt.

Pour transformer les révoltes encore informelles en véritables processus visant à un changement de Système, il faudrait que les mouvements politiques d'opposition proposent clairement aux manifestants d'exiger des mesures de type keynésien permettant d'en revenir à des interventions publiques favorables à l'investissement et à la protection sociale. Les gouvernements européens devraient alors dans ce but, comme nous l'avons expliqué plusieurs fois dans de précédents articles, harmoniser les réglementations économiques dans l'ensemble de la zone euro et restructurer radicalement les dettes de façon à pouvoir mobiliser les épargnes nationales plutôt que faire appel aux financements spéculatifs - le tout au service d'une réactualisation des valeurs sociétales trop oubliées aujourd'hui par les partis de gauche et les syndicats.

Mais les mouvements politiques d'opposition, en Espagne comme ailleurs, ne sont-ils pas déjà passés du côté des intérêts du capitalisme financier, comme nous le redoutions dans l'article intitulé « Vive les banques, à bas les Grecs »? Autrement dit, ne sont-ils pas déjà et depuis longtemps faits « corrompre », dans tous les sens du terme par le Système? Si c'était le cas, on pourrait craindre en effet que les foules en colère ne versent progressivement dans un nihilisme de plus en plus destructeur.


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Jean-Paul Baquiast
Miércoles, 18 de Mayo 2011


Un grand nombre d'économistes anticipent une crise majeure de l'économie américaine, entrainant une crise du dollar, dont les effets désastreux seront sans comparaison avec les difficultés éprouvées actuellement par les Etats européens de la zone euro.


En résumant beaucoup, quels sont les facteurs de cette crise américaine à venir? Le premier concerne l'incapacité de l'Etat fédéral, aujourd'hui, de prendre les mesures qui permettraient de diminuer les déficits considérables du budget fédéral. On peut attribuer cela à une véritable crise de gouvernance, tenant à la guerre sans merci que se livrent les trois factions politiques dominantes, Républicains, Démocrates et représentants du Tea party. L'exécutif, c'est-à-dire Barack Obama, n'a pas constitutionnellement les pouvoirs qui seraient nécessaires pour imposer des arbitrages. De plus, politiquement et humainement, il se révèle incapable d'en appeler à l'opinion pour que le pays sorte des affrontements mortels entre politiciens. Un article de Paul Krugman, l'honnête « columnist » économique du New York Times, pose bien le problème.

Le budget fédéral correspond à environ 20% du PNB. Globalement les ressources servent à financer deux postes principaux, celui des dépenses sociales principalement destinées aux plus âgés et aux plus faibles (Medicare et Medicaid) et celui du budget militaire. Les dépenses militaires ne seront pas réduites car le lobby militaro-industriel s'y oppose. Il se confirme ainsi par exemple que l'US Air Force est décidée à passer commande d'un bombardier de nouvelle génération, le B3, capable de mener des opérations en n'importe quelle partie du globe. Cela n'empêchera pas de poursuivre le financement toujours plus exigeant de l'avion furtif F 35. Les deux postes s'ajouteront évidemment aux dépenses militaires plus courantes dont le gouvernement n'envisage en aucune façon la réduction, même s'il retirait progressivement l'armée d'Afghanistan.

Au plan social, le vieillissement de la population et l'aggravation de la pauvreté obligeront, sauf à laisser au sens propre mourir de faim les populations concernées, à augmenter la charge des deux programmes Medicare et Medicaid. Ceci conduira donc, en tenant compte de modalités différentes de calcul, à un déficit fédéral de plus de $1.26 trillion (différence entre $3.83 trillion en dépense et $2.57 trillion en recettes.(NB. Le trillion équivaut à mille milliards). Par ailleurs, le GDP (gross domestic product) ne devrait pas augmenter à cette date.

Il résulte de ceci que l'équilibre du budget fédéral devrait, personne ne voulant réduire les dépenses, entraîner une hausse sensible des impôts, notamment par suppression des dégrèvements consentis aux plus riches du temps de l'administration Bush, et confirmés à ce jour par l'administration Obama. Mais le Congrès s'y oppose. La seule façon de financer le déficit sera donc de continuer à emprunter des dollars, sous la forme notamment de Bons du Trésor.

Malheureusement, les deux sources de financement de la dette semblent désormais difficiles à utiliser. Les épargnants étrangers, notamment chinois, sont de plus en plus réticents à se procurer des dollars. Beaucoup cherchent au contraire à s'en débarrasser au profit d'autres monnaies. Par ailleurs, les mesures de soutien par achat de bons du Trésor et distribution de liquidités en provenance de la Banque centrale (Quantitative Easing 1 et 2) ne paraissent plus désormais possibles. Elles contribueraient seulement à augmenter des liquidités que personne n'utilise tout en accroissant encore le déficit public.

Au sein de l'économie, la reprise se se fait pas. La baisse des prix de l'immobilier a repris. Or celui-ci est de fait l'échelle avec laquelle on mesure la valeur de l'économie américaine. Si une certaine reprise d'activité a été constatée dans certains secteurs, elle n'entraîne pas de relance des emplois non plus que des exportations.

Au plan international, les pays émergents, la Chine en premier lieu, continuent leurs achats sur les marchés de matières premières industrielles et agricoles. Les approvisionnements en pétrole sont de moins en moins garantis. Le pays semble désormais incapable de faire face à n'importe crise de grande ampleur que ce soit, fut-elle climatique comme le montre l'inquiétude qui s'empare actuellement du sud des Etats-Unis devant la montée des eaux du Mississipi.

La principale force compétitive dont l'Amérique dispose aujourd'hui repose, outre les moyens militaires qui ne pourront continuer à croître sur le rythme précédent, dans sa recherche industrielle et universitaire. Mais celle-ci dépend beaucoup aussi des financements publics. Par ailleurs les percées technologiques possibles n'auront d'effets qu'à long terme. Enfin et surtout les pays asiatiques sont désormais décidés à disputer aux Etats-Unis leur prédominance séculaire. Ils sont en bonne voie pour ce faire, grâce à des recrutements de chercheurs en grande quantité et l'accélération de programmes de souveraineté spectaculaires intéressant notamment le spatial et la défense.

Que peut-il donc se passer? Le défaut de certains grands établissements de crédit par retrait brutal de leurs prêteurs les rendant incapables de faire face aux demandes de remboursement? Une aggravation de cette première vague de crise par les fonds spéculatifs américains jouant à la baisse, bien abrités dans des paradis fiscaux? Une réaction d'ampleur des pouvoirs publics serait alors nécessaire, par fermeture des marchés, nationalisation de certaines banques importantes, mise en place de politiques d'investissements publics dans le domaine des infrastructures et des industries de pointe, financées par le budget fédéral lui-même complètement réformé afin de diminuer drastiquement les dépenses militaires ou les gaspillages politiciens. On ne voit pas cependant ni Barack Obama, plus affaibli que jamais, ni l'actuelle majorité parlementaire, se lancer dans de telles réformes.

Ajoutons que dans cette conjoncture, provoquant un cours international du dollar erratique, les Etats-Unis auraient besoin d'un FMI redevenu aux ordres, comme il le fut jusqu'à la précédente percée des Européens. Mais avoir réussi à se débarrasser du directeur général Dominique Strauss-Kahn aura sans doute une conséquence toute différente, la mise en place d'une direction représentant directement les pays émergents.

Dans ces conditions, avec la fragilisation du dollar à l'échelle du monde, se produiront des reclassements en chaîne des centres de puissance économique. Si l'Union européenne se décidait à se libérer de sa dépendance au dollar en puisant dans ses propres forces pour investir, elle pourrait cependant avoir de bonnes chances d'échapper à l'essentiel d'une telle crise. Mais quel responsable politique, quel parti aura-t-il le courage de faire de telles propositions?


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European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.

La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.


Geoeconomía. Blog de Eduardo Olier

Conocimiento. Blog de Fernando Davara

Inteligencia. Blog de Fernando Velasco


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