Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking
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Jean-Paul Baquiast
Jueves, 19 de Enero 2012
Un certain nombre d'experts, dont le politologue franco-européen Franck Biancheri 1), prévoient pour les prochaines décennies d'importants changements dans l'ordre du monde. Il ne s'agit pas d'annoncer des évènements encore inattendus, mais de mettre en perspective un certain nombre de changements en profondeurs (dits aussi systémiques) que la plupart des observateurs constatent mais dont ils ne tirent pas encore de conclusions significatives.
Ces changements vont du plus attendu au plus inattendu. Parmi les premiers se situe la montée en puissance d'un bloc asiatique comprenant évidemment la Chine mais aussi les autres puissances régionales, Corée du Sud et Japon en premier lieu. Même si un accord politique parfait ne règne pas encore entre elles, inévitablement, leurs compétitions et échanges croisées feront de l'Asie un des principal pôle de restructuration du monde de demain. Il y a tout lieu de penser que l'Inde en fera partie. Le phénomène ne surprendra personne, puisque désormais le concept de BRICS pour désigner ces pays fraichement émergés ou réémergés mais en pleine croissance s'est imposé dans le langage diplomatique. Le Brésil et la Russie en constituent des cas particuliers sur lesquels nous reviendrons. Mais leur spécificité ne justifie pas de leur attribuer un rôle à part. L'avenir n'est pas uniformément rose pour les Etats constituants le BRICS. Ils sont directement confrontés à une détérioration rapide de leur environnement, comme à une croissance encore excessive de leur population. Ceci limitera nécessairement leurs ambitions géopolitiques
Un changement peu attendu encore par les observateurs, malgré des signaux concordants, sera le déclin sinon l'effondrement de la puissance américaine. Il vaudrait mieux parler de la puissance atlantique pour y inclure la Grande Bretagne. Celle-ci ne semble pas en voie de se désolidariser de la puissance américaine et risquera donc de la suivre dans sa chute. Cet effondrement sera militaire, politique (avec sans doute l'éclatement de l'Union sous la pression des Etats fédérés), culturel (avec un retour en force des intégrismes religieux évangéliques, et la fin corrélative du « rêve américain » proposé au reste du monde). Les Etats Unis conserveront longtemps une avance scientifique, technologique et industrielle considérable, mais celle-ci se fragilisera de l'intérieur par son incapacité à maitriser un développement anthropotechnique suicidaire 2) et le fait, contradictoire et rarement évoqué, que cette avance repose en partie sur des chercheurs d'origine asiatique qui pourront changer de camp d'une année à l'autre si l'opportunité leur en était offerte.
Mais selon les experts cités en introduction, le changement le plus inattendu et qui de ce fait sera le plus significatif sera l'apparition d'un véritable puissance européenne. Sous la pression de la crise et des contraintes globales, les Européens abandonneront leurs conflits internes, dépasseront leurs rivalités et s'uniront pour valoriser des atouts humains, géopolitiques et de connaissances dont ils sont les seuls à disposer. Le probable rassemblement dans les prochaines années autour d'un pôle franco-allemand social démocrate de toutes les forces de progrès européennes jouera un rôle essentiel dans l'émergence d'une véritable puissance géopolitique et civilisationnelle européenne.
Cette puissance sera attractive, reprenant à cet égard le rôle de la puissance américaine déchue. Elle sera dans un premier temps attractive pour la Russie et le Brésil, membres du BRICS auxquels nous venons de faire allusion. De par leurs liens divers avec l'Europe, ces pays se tourneront tout naturellement vers l'Europe rénovée tout autant que vers les pays asiatiques, afin de conclure des alliances stratégiques conjuguant leurs atouts divers.
Par ailleurs, du fait de leurs accointances avec les puissances asiatiques du BRICS, la Russie et le Brésil pourront avantageusement favoriser les rapprochements des stratégies asiatiques et européennes. Certes, les Européens ne pourront pas se permettre d'être naïfs, notamment à l'égard de la Chine. Mais ils ne devront pas faire de celle-ci comme tend à le faire l' Amérique un substitut de l'URSS dans une relance de la guerre froide qui serait bien utile à Washington mais désastreuse pour l'Europe.
Que conclure de cette présentation rapide? Si les changement évoqués ici se concrétisent, on verrait effectivement se préciser un nouvel ordre du monde autour d'un axe euroasiatique (euroBRICS) qui se substituerait à l'axe euroatlantique actuel. Il pourrait bénéficier des atouts respectifs et possiblement convergents dont disposent les vieilles civilisations de l'euroBRICS, notamment pour mieux contrôler qu'actuellement les différentes menaces économiques et environnementales qui mettent en danger la planète toute entière.
1)Voir notamment son ouvrage "Crise mondiale: En route vers le Monde d'après", Franck Biancheri, Editions Anticipolis . Nous présenterons prochainement ce livre.
* http://fr.wikipedia.org/wiki/Franck_Biancheri
* http://www.franck-biancheri.info/fr/accueil.htm
* Franck Biancheri anime le think-tank LEAB E2020 qui publie régulièrement la lettre d'information confidentielle (sur souscription GEAB Global European Anticipation Bulletin http://www.leap2020.eu/GEAB-N-61-is-available-Global-Systemic-Crisis-2012-The-year-of-the-world-s-great-geopolitical-swing_a8770.html
2)Nous faisons par exemple allusion à la prolifération de l'usage des drones aux mains de mercenaires privés qui prive dorénavant l'US Air Force et le Département d'Etat de leurs capacités décisionnelles.
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Jean-Paul Baquiast
Lunes, 16 de Enero 2012
Au regard des valeurs démocratiques qui cimentent l'Union européenne, les récentes décisions prises par le gouvernement Viktor Orban et entérinées par les institutions hongroises imposent une réponse négative. La Hongrie se met dorénavant en contradiction ouverte avec l'article 7 du traité de Lisbonne sur les droits fondamentaux. Ceci avec l'approbation explicite ou tacite d'une majorité de son opinion publique.
On lira ci-dessous un interview de l'opposant Gaspard M.Tamas qui mentionne une résistance de la gauche et de l'extrême gauche à ces décisions, mais pour le moment cette opposition semble en perte de vitesse au regard de la montée des nationalismes et des formes en pleine résurgence de ce qu'il faudra bien appeler du fascisme, sinon du nazisme. http://www.humanite.fr/monde/en-hongrie-%C2%AB-la-republique-est-dans-la-rue-%C2%BB-487756 1)
En bonne logique, les gouvernements et les citoyens des autres Etats européens membres de l'Union devraient donc exiger que celle-ci proclame sans tarder l'expulsion de la Hongrie, à moins qu'elle ne revienne rapidement dans le droit commun européen. Malheureusement, il règne un tel doute aujourd'hui sur ce qu'est l'Europe et les valeurs représentées par elle que, dans divers pays, des voix s'élèvent, à droite et aussi à gauche, pour prétendre que les positions prises par une majorité politique dans un ou plusieurs pays doivent être respectées, fussent-elles contraires à tous les intérêts tant de l'Union dans son ensemble qu'a ceux de la démocratie en général.
C'est le même raisonnement que l'on entend dorénavant chez tous les souverainistes: sortons de l'Union ou de l'euro, quels que soient les engagements pris, si une majorité politique fut-elle occasionnelle le décidait. En aucun cas on ne devrait alors se préoccuper des dégâts que de telles décisions pourrait apporter à l'image et l'influence de l'Europe dans le monde. Si la Hongrie ou tout autre pays (la France comme le demande semble-t-il le FN) rétablissait la peine de mort, les autres peuples qui s'étaient entendus pour la bannir n'auraient qu'à en prendre leur parti. Pourquoi pas la torture dans les procédures criminelles? On le voit, sous prétexte de démocratie, un retour à l'avant deuxième-guerre mondiale ne serait pas loin.
Pour éviter cela, il serait urgent que les opinions publiques démocratiques en Europe se réveillent. Non seulement pour demander la mise à l'écart de la Hongrie et de tout pays qui suivrait son exemple, mais pour défendre les valeurs européennes fondamentales. Celles-ci, faut-il le rappeler , continuent à distinguer notre ensemble civilisationnel de tous les autres existant au monde. Sans ces valeurs, nous n'existerions plus à terme face à la montée de tous les intégrismes, tous les nationalismes, tous les impérialismes.
1) Les plus excités ne seraient-ils pas allés jusqu'à demander l'interdiction de la possession de chiens qui ne soient pas de pure race Magyar. On peut rire....mais il n'y a pas là vraiment de quoi.
Il est évident que la perte du Triple A imposée à la France rend un très grand service aux intérêts financiers qui combattent le retour à des Etats interventionnistes capables de réguler et développer les économies. Il rend service du même coup à ceux qui, en Europe et surtout hors d'Europe, combattent la volonté des Européens de s'organiser en puissance politique et économique autonome face aux grands Etats. Dans la guerre économique qui nous oppose aux puissants de ce monde, il s'agit d'une véritable trahison visant l'Europe toute entière.
La hausse éventuelle des taux d'intérêts qui en résulterait ne sera évidemment pas en soi une grande catastrophe. La catastrophe viendra du fait qu'elle donnera, dans tous les pays européens, des arguments renforcés à ceux qui veulent diminuer les dépenses publiques par suppression des services administratifs et sociaux d'intérêt général, autrement dit tuer à petit feu ce qui reste d'Etat et de services publics capables de s'opposer à la financiarisation de la société.
Ce sera aussi et peut-être surtout parce qu'elle sera utilisée pour déconsidérer tous les projets d'investissements stratégiques susceptibles de rendre à l'Europe sa puissance industrielle et scientifique en voie de perdition (y compris à terme en Allemagne). Si de tels investissements sont nécessaires, nous disent les agences de notation, ils doivent désormais rester la chasse gardée des Etats-Unis, de la Chine et des pétrodollars.
On attend une réaction immédiate des gauches européennes. Non en affirmant mollement que S&P ne doit pas faire la loi, ce que fait actuellement François Hollande sans convaincre personne – et sans de ce fait se différencier de Sarkozy. Les gauches devraient immédiatement exiger des réformes de structures, que ce soit au niveau de l'Union ou à celui des Etats, qui permettent de financer y compris par création de monnaie au niveau de la BCE, les centaines de milliards d'investissements stratégiques auxquels nous faisions allusion. L'Europe dispose d'assez d'épargnes, de ressources humaines et de compétences pour que de tels investissements puissent devenir rapidement rentables. Mais il faudra pour cela qu'elle admette un début de sortie du système néo-libéral, avec notamment les protections aux frontières permettant de protéger ces investissements.
Quant aux nécessaires accords entre peuples européens sur les choix sous-jacents à la mise en oeuvre de tels investissements, nous n'avons aucune inquiétude. Tout le monde, sauf les arriérés mentaux, sera d'accord pour participer à la construction d'une Europe des sciences, des technologies et des nouvelles industries convenablement discutée et gérée au plan démocratique. Encore faudra-t- il que les projets soient suffisamment ambitieux pour que les résultats en soient visibles et bénéficient à tous.
European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.
La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.
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