Réseau européen de réflexion géopolitique/European network of geopolitical thinking
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Red Europea de Reflexión Geopolítica. Réseau européen de réflexion géopolitique.
Session inaugurale. Ile de San Simon. 27 avril 2011.
Présentation de Jean-Paul Claude Empereur:
Jean-Claude Empereur est président-délégué de l'Union paneuropéenne France.
___________________________________________________________________
Cette présentation revient sur le thème d'une nécessaire souveraineté européenne, en reliant celle-ci à la solidarité entre Etats-membres qui ne devrait pas être considérée comme séparable du concept d'Union.
Le monde est entré dans une phase de dislocation/recomposition géopolitique générale.
De nouvelles solidarités se dessinent, de nouvelles souverainetés s'affirment.
Ce mouvement s'annonçait depuis quelques années. La crise financière, économique et sociale dont la dimension systémique et géopolitique est devenue évidente aujourd'hui en fut le révélateur en même temps que l'élément déclencheur.
Il agit sur l'Europe « en miroir ». Cohésion sociale, relations entre Etats membres (solidarité) et présence dans la compétition multipolaire, (souveraineté) de l'Union en sont fortement affectés.
Quatre concepts intimement liés: crise de la dette, crise de l'Euro, crise de solidarité et crise de souveraineté
Solidarité, puissance, indépendance et souveraineté sont les maillons d'une chaîne conceptuelle qui devrait orienter la stratégie de l'Europe dans la décennie à venir. Il en va de sa place sur la scène mondiale voire de sa survie en tant qu'acteur planétaire global.
La solidarité permet la puissance, celle-ci assure l'indépendance (surtout la non-dépendance) laquelle fonde la souveraineté.
Aux deux extrémités de cette chaîne, solidarité et souveraineté sont liées par une relation réciproque, « bi-univoque » diraient les mathématiciens.
Nulle mieux que la crise de la dette, qui affecte l'ensemble des Etats européens, et ses conséquences sur l'Euro n'illustre les tensions sous-jacentes à cette relation.
Crise de la dette.
La crise de la dette Européenne reflet d'une crise mondiale, d'origine anglo-saxonne dont nous ne sommes sans doute qu'aux préliminaires est un puissant révélateur des forces de désolidarisation qui menacent en permanence les équilibres entre Etats membres de l'Union et l'évolution de leurs rapports de force.
Petit à petit s'est installé un climat de suspicion généralisé entre les Etats membres de l'Union. Certains sont présentés comme plus vertueux, rigoureux ou compétitifs que d'autres. La vérité est qu'il y a des différences de niveaux de développement et de structures économiques entre ces Etats. Cette différence était connue depuis longtemps. On l'a ignorée en feignant de penser que la création d'une monnaie unique et la définition de critères de stabilité suffiraient pour aplanir ces différences.
Aujourd'hui la crise met en évidence ces contradictions. Un discours de stigmatisation, pour utiliser une expression à la mode, de certains Etats par rapport à d'autres, présumés vertueux d'un côté (bien peu nombreux) et présumés laxistes de l'autre n'à d'autre effet que de rompre une solidarité européenne plus que jamais nécessaire.
A y regarder de plus près, on ne tarderait pas à s'apercevoir que les premiers se nourrissent des faiblesses des autres. De ce point de vue la révérence permanente au modèle allemand qui n'est certes pas toujours injustifiée, mériterait sans doute d'être quelque peu réinterprétée.
Cette rupture de solidarité est, bien entendu, encouragée par le jugement intéressé et sans appel, d'agences de notation d'Outre Atlantique qui, bien que dépourvues de toute légitimité ne cessent de porter atteinte à la souveraineté des membres de l'Union et par voie de conséquence à celle de l'Union tout entière.
Or même si les appréciations de ces agences au comportement « supra national » comportent une part de rationalité financière, sinon économique et sociale, ces atteintes répétées à la souveraineté des membres de l'Union seront à la longue de plus en plus difficiles à supporter par une opinion publique « fatiguée » par un discours exclusivement financier néolibéral et béatement mondialisateur. La tendance à la radicalisation politique qui se vérifie partout en Europe au fil des élections successives en est un signe avant-coureur extrêmement préoccupant.
Crise de l'Euro
L'Euro est souvent présenté comme l'un des acquis majeurs de la construction européenne mais les incertitudes évidentes qui pèsent sur son avenir expriment encore mieux ces tendances à la dissociation du binôme solidarité/souveraineté.
L'Euro est une monnaie singulière qui malgré les apparences, n'est comparable à aucune autre des grandes monnaies.
L'Union européenne en effet peut s'analyser en une sorte de mini mondialisation assortie d'un système monétaire. C'est à la fois un formidable accélérateur de croissance, d'un côté, mais aussi une énorme imposition pour l'ensemble de l'économie européenne de l'autre. L'accélération, vient de l'abolition des frontières qui contribue au développement du commerce intra européen et donc au bien être des Européens. L'imposition tient à la création de l'Euro qui, s'assimile à un système de taux de change fixes à l'intérieur de la zone et variable à l'extérieur de celle-ci. Cet aspect des choses a bien été mis en évidence par Jean Luc Baslé dans une récente intervention. Ce double visage qui exprime une solidarité monétaire imposée à l'intérieur et une souveraineté monétaire assumée à l'extérieur avec tout ce qu'entraine politiquement cette ambivalence explique les difficultés de sa gestion en même temps que l'incompréhension que celle-ci suscite dans l'opinion.
La zone Euro rassemble en effet, on l'a vu, des Etats aux structures économiques et aux niveaux de compétitivité radicalement différents. Les inégalités de performance sont inévitables et l'alignement forcé sur le plus performant d'entre eux, l'Allemagne, tant que l'homogénéité de la zone n'est pas assurée, est un piège, ceci d'autant plus que celle-ci profite de cette inégalité pour maintenir une balance commerciale excédentaire au sein de ses échanges avec la zone. La compétitivité allemande ne s'explique pas uniquement par les lourds sacrifices demandés aux salariés d'Outre Rhin, mais aussi par l'exploitation systématique de cette situation de déséquilibre. Ce n'est pas faire injure à nos amis allemands que de le rappeler.
Dans un Etat Fédéral le problème est résolu par la mise en œuvre de mécanismes budgétaires de péréquation. C'est le cas aux Etats Unis. Or l'Union Européenne est une structure politique imparfaite. Elle s'est toujours refusée à mettre en place ces mécanismes. Les appels répétés et très insistants du gouverneur de la BCE, Jean-Claude Trichet, en faveur d'un « fédéralisme budgétaire » et qui vont dans ce sens, sont jusqu'a maintenant restés sans echo. Il est à craindre qu'ils le restent longtemps encore.
Si les tensions inévitables que cette situation provoque devait se prolonger et nécessairement s'accentuer, une bonne partie de l'opinion publique européenne jusqu'ici plutôt favorable cessera de soutenir l'Euro, et les futures grandes élections qui vont affecter, dans les mois à venir, certains Etats membres vont placer les gouvernements de la zone dans une situation critique en les obligeant à arbitrer entre les exigences des marchés , les oukases de trois agences de notation américaines et celles de leurs opinions publiques.
Crise de solidarité et crise de souveraineté
Le risque d'explosion politique et sociale est aveuglant. Les conséquences des atteintes portées à la souveraineté monétaire et celles portées au modèle de solidarité sociale européen fondé jusqu'a maintenant sur une alliance subtile entre cohésion sociale et efficacité économique vont bientôt se révéler politiquement insupportables.
L'exemple tiré des contradictions inhérentes aux ambigüités de l'Euro, monnaie sans maître, illustre la gravité de l'absence de réflexion cohérente sur les relations compliquées mais vitales existant ou, plutôt n'existant pas, entre solidarité et souveraineté, et plus particulièrement, entre solidarité interne à l'Union et souveraineté externe à celle-ci.
Mais en bien d'autres domaines les contradictions non résolues entre ces deux concepts affectent la solidité et même la pérennité d'une construction européenne confrontée sans s'y être préparée suffisamment tôt à l'émergence de ce « monde d'après » que dévoile la crise actuelle.
La grille d'analyse solidarité/compétitivité mériterait d'être appliquée à des domaines aussi différents mais pourtant stratégiques pour l'Union que sont : les relations transatlantiques, le partenariat Euro-russe, l'Union pour la Méditerranée, les rapports avec l'Afrique etc. mais aussi aux relations intra-européennes et tout particulièrement celles assez perturbées aujourd'hui entre la France et l'Allemagne.
On le pressent, cette analyse à la fois économique, sociétale et géopolitique est riche de développements futurs.
Dans l'immédiat que faire ?
Si l'on se limite à la dette et à l'Euro : un certain nombre de mesures s'imposent :
1. Une réflexion politique approfondie doit être menée sur le fédéralisme budgétaire. Mais il faut être conscient du fait que la mise en œuvre d'une telle politique impose la création et le contrôle politique d'un véritable budget européen. Celui-ci ne représente actuellement qu'un peu plus de 1% du PIB de l'Union. Il faudra une volonté politique extrêmement forte exprimée pendant une génération, au moins, pour qu'il atteigne le niveau atteint dans un Etat fédéral (13 à 15%). Un tel effort économique et politique est il à la portée des Européens aujourd'hui ?
2. Concernant la dette, les propositions très intéressantes d'Edouard Balladur visant à créer une Caisse Nationale d'Amortissement pour régler le cas français doivent être poursuivies au niveau européen, assorties d'un système d'émission d'Euro-obligations. La réappropriation par les Européens de leur propre dette devrait être une priorité. De ce point de vue le modèle Japonais selon lequel ceux-ci détiennent plus de 90 % de leur endettement devrait être médité.
3. La révision des statuts de la BCE doit être impérativement envisagée pour lui permettre de tenir compte dans sa politique de taux de la croissance et de l'emploi et non pas de se limiter au maintien du niveau des prix.
4. La création d'une ou plusieurs agences européennes de notation mieux au fait des réalités économiques et sociales de l'Union apparait comme une nécessité.
5. La mise en œuvre d'une politique de « patriotisme économique européen » consistant, tout simplement, à faire ce que font tous les autres acteurs du monde multipolaire s'impose également.
6. La création au niveau de l'Union d'un vaste fond souverain destiné à soutenir les industries stratégiques et les technologies de souveraineté, à développer les infrastructures de cohésion du territoire européen et finalement à préserver nos intérêts vitaux dans la compétition multipolaire acharnée entre grands blocs continentaux dont la monde est le théâtre est le complément indispensable d'une stratégie de protection géoéconomique fondée sur la réciprocité et non pas sur l'asymétrie.
7. Le maintien, en l'adaptant aux réalités actuelles, d'un modèle européen de société fondé sur les racines humanistes de notre culture doit être considéré comme une exigence civilisationelle, politique et morale incontournable. Pour ce qui est du volet économique et social de ce modèle, le développement de l'association du capital et du travail ainsi que de la participation et de la cogestion dans les entreprises est une nécessité impérieuse.
Le général De Gaulle définissait la souveraineté comme la « puissance de gouverner ». On ne saurait mieux la définir. Il était également très attaché à la cohésion sociale c'est-à-dire à la solidarité.
Aujourd'hui il est urgent de faire « migrer » ces deux concepts, étroitement liés, au niveau européen. Un long chemin reste à faire. Il est même possible que dans la situation critique que connait l'Europe de fortes oppositions se fassent jour et que renaissent de vieux réflexes. C'est la raison pour laquelle la relation franco-allemande à la fois pivot idéologique et pivot géographique de l'Europe doit être constamment entretenue et de nos jours vigoureusement relancée. Mais ne nous leurrons pas l'ensemble des thèmes évoqués précédemment feront débat entre nous avant d'aboutir à des positions communes. Le dialogue franco allemand sans lequel rien n'est possible doit se méfier de l'incantatoire dans laquel il se cantonne trop souvent et prendre en compte les réalités du monde qui vient.
Construite dans la perspective qui vient d'être ouverte, bien qu'encore très superficiellement, la souveraineté européenne, souveraineté « surplombant » les souverainetés des Etats membres, sans les annihiler mais au contraire les renforçant devrait se donner comme objectif d'être :
* protectrice en préservant un modèle de société profondément solidaire,
* libératrice en se dégageant peu à peu des systèmes et des liens de vassalisation technologiques, militaires, économiques, financiers et culturels hérités de la seconde guerre mondiale et consolidés sous la forme de l' « atlantisme » au fil des décennies, essentiellement par apathie et manque de vision à long terme,
* anticipatrice en prenant en compte les grands défis démographiques, environnementaux, culturels et surtout géopolitiques que nous allons devoir affronter dans les années qui viennent. Il faut, pour cela, rendre aux Européens le goût et le désir du futur.
L'Europe ne souffre pas aujourd'hui, comme on le dit trop souvent, d'un déficit de démocratie, elle souffre d'un déficit de solidarité, de souveraineté et surtout d'espérance
Cette présentation revient sur le thème d'une nécessaire souveraineté européenne, en reliant celle-ci à la solidarité entre Etats-membres qui ne devrait pas être considérée comme séparable du concept d'Union.
Le monde est entré dans une phase de dislocation/recomposition géopolitique générale.
De nouvelles solidarités se dessinent, de nouvelles souverainetés s'affirment.
Ce mouvement s'annonçait depuis quelques années. La crise financière, économique et sociale dont la dimension systémique et géopolitique est devenue évidente aujourd'hui en fut le révélateur en même temps que l'élément déclencheur.
Il agit sur l'Europe « en miroir ». Cohésion sociale, relations entre Etats membres (solidarité) et présence dans la compétition multipolaire, (souveraineté) de l'Union en sont fortement affectés.
Quatre concepts intimement liés: crise de la dette, crise de l'Euro, crise de solidarité et crise de souveraineté
Solidarité, puissance, indépendance et souveraineté sont les maillons d'une chaîne conceptuelle qui devrait orienter la stratégie de l'Europe dans la décennie à venir. Il en va de sa place sur la scène mondiale voire de sa survie en tant qu'acteur planétaire global.
La solidarité permet la puissance, celle-ci assure l'indépendance (surtout la non-dépendance) laquelle fonde la souveraineté.
Aux deux extrémités de cette chaîne, solidarité et souveraineté sont liées par une relation réciproque, « bi-univoque » diraient les mathématiciens.
Nulle mieux que la crise de la dette, qui affecte l'ensemble des Etats européens, et ses conséquences sur l'Euro n'illustre les tensions sous-jacentes à cette relation.
Crise de la dette.
La crise de la dette Européenne reflet d'une crise mondiale, d'origine anglo-saxonne dont nous ne sommes sans doute qu'aux préliminaires est un puissant révélateur des forces de désolidarisation qui menacent en permanence les équilibres entre Etats membres de l'Union et l'évolution de leurs rapports de force.
Petit à petit s'est installé un climat de suspicion généralisé entre les Etats membres de l'Union. Certains sont présentés comme plus vertueux, rigoureux ou compétitifs que d'autres. La vérité est qu'il y a des différences de niveaux de développement et de structures économiques entre ces Etats. Cette différence était connue depuis longtemps. On l'a ignorée en feignant de penser que la création d'une monnaie unique et la définition de critères de stabilité suffiraient pour aplanir ces différences.
Aujourd'hui la crise met en évidence ces contradictions. Un discours de stigmatisation, pour utiliser une expression à la mode, de certains Etats par rapport à d'autres, présumés vertueux d'un côté (bien peu nombreux) et présumés laxistes de l'autre n'à d'autre effet que de rompre une solidarité européenne plus que jamais nécessaire.
A y regarder de plus près, on ne tarderait pas à s'apercevoir que les premiers se nourrissent des faiblesses des autres. De ce point de vue la révérence permanente au modèle allemand qui n'est certes pas toujours injustifiée, mériterait sans doute d'être quelque peu réinterprétée.
Cette rupture de solidarité est, bien entendu, encouragée par le jugement intéressé et sans appel, d'agences de notation d'Outre Atlantique qui, bien que dépourvues de toute légitimité ne cessent de porter atteinte à la souveraineté des membres de l'Union et par voie de conséquence à celle de l'Union tout entière.
Or même si les appréciations de ces agences au comportement « supra national » comportent une part de rationalité financière, sinon économique et sociale, ces atteintes répétées à la souveraineté des membres de l'Union seront à la longue de plus en plus difficiles à supporter par une opinion publique « fatiguée » par un discours exclusivement financier néolibéral et béatement mondialisateur. La tendance à la radicalisation politique qui se vérifie partout en Europe au fil des élections successives en est un signe avant-coureur extrêmement préoccupant.
Crise de l'Euro
L'Euro est souvent présenté comme l'un des acquis majeurs de la construction européenne mais les incertitudes évidentes qui pèsent sur son avenir expriment encore mieux ces tendances à la dissociation du binôme solidarité/souveraineté.
L'Euro est une monnaie singulière qui malgré les apparences, n'est comparable à aucune autre des grandes monnaies.
L'Union européenne en effet peut s'analyser en une sorte de mini mondialisation assortie d'un système monétaire. C'est à la fois un formidable accélérateur de croissance, d'un côté, mais aussi une énorme imposition pour l'ensemble de l'économie européenne de l'autre. L'accélération, vient de l'abolition des frontières qui contribue au développement du commerce intra européen et donc au bien être des Européens. L'imposition tient à la création de l'Euro qui, s'assimile à un système de taux de change fixes à l'intérieur de la zone et variable à l'extérieur de celle-ci. Cet aspect des choses a bien été mis en évidence par Jean Luc Baslé dans une récente intervention. Ce double visage qui exprime une solidarité monétaire imposée à l'intérieur et une souveraineté monétaire assumée à l'extérieur avec tout ce qu'entraine politiquement cette ambivalence explique les difficultés de sa gestion en même temps que l'incompréhension que celle-ci suscite dans l'opinion.
La zone Euro rassemble en effet, on l'a vu, des Etats aux structures économiques et aux niveaux de compétitivité radicalement différents. Les inégalités de performance sont inévitables et l'alignement forcé sur le plus performant d'entre eux, l'Allemagne, tant que l'homogénéité de la zone n'est pas assurée, est un piège, ceci d'autant plus que celle-ci profite de cette inégalité pour maintenir une balance commerciale excédentaire au sein de ses échanges avec la zone. La compétitivité allemande ne s'explique pas uniquement par les lourds sacrifices demandés aux salariés d'Outre Rhin, mais aussi par l'exploitation systématique de cette situation de déséquilibre. Ce n'est pas faire injure à nos amis allemands que de le rappeler.
Dans un Etat Fédéral le problème est résolu par la mise en œuvre de mécanismes budgétaires de péréquation. C'est le cas aux Etats Unis. Or l'Union Européenne est une structure politique imparfaite. Elle s'est toujours refusée à mettre en place ces mécanismes. Les appels répétés et très insistants du gouverneur de la BCE, Jean-Claude Trichet, en faveur d'un « fédéralisme budgétaire » et qui vont dans ce sens, sont jusqu'a maintenant restés sans echo. Il est à craindre qu'ils le restent longtemps encore.
Si les tensions inévitables que cette situation provoque devait se prolonger et nécessairement s'accentuer, une bonne partie de l'opinion publique européenne jusqu'ici plutôt favorable cessera de soutenir l'Euro, et les futures grandes élections qui vont affecter, dans les mois à venir, certains Etats membres vont placer les gouvernements de la zone dans une situation critique en les obligeant à arbitrer entre les exigences des marchés , les oukases de trois agences de notation américaines et celles de leurs opinions publiques.
Crise de solidarité et crise de souveraineté
Le risque d'explosion politique et sociale est aveuglant. Les conséquences des atteintes portées à la souveraineté monétaire et celles portées au modèle de solidarité sociale européen fondé jusqu'a maintenant sur une alliance subtile entre cohésion sociale et efficacité économique vont bientôt se révéler politiquement insupportables.
L'exemple tiré des contradictions inhérentes aux ambigüités de l'Euro, monnaie sans maître, illustre la gravité de l'absence de réflexion cohérente sur les relations compliquées mais vitales existant ou, plutôt n'existant pas, entre solidarité et souveraineté, et plus particulièrement, entre solidarité interne à l'Union et souveraineté externe à celle-ci.
Mais en bien d'autres domaines les contradictions non résolues entre ces deux concepts affectent la solidité et même la pérennité d'une construction européenne confrontée sans s'y être préparée suffisamment tôt à l'émergence de ce « monde d'après » que dévoile la crise actuelle.
La grille d'analyse solidarité/compétitivité mériterait d'être appliquée à des domaines aussi différents mais pourtant stratégiques pour l'Union que sont : les relations transatlantiques, le partenariat Euro-russe, l'Union pour la Méditerranée, les rapports avec l'Afrique etc. mais aussi aux relations intra-européennes et tout particulièrement celles assez perturbées aujourd'hui entre la France et l'Allemagne.
On le pressent, cette analyse à la fois économique, sociétale et géopolitique est riche de développements futurs.
Dans l'immédiat que faire ?
Si l'on se limite à la dette et à l'Euro : un certain nombre de mesures s'imposent :
1. Une réflexion politique approfondie doit être menée sur le fédéralisme budgétaire. Mais il faut être conscient du fait que la mise en œuvre d'une telle politique impose la création et le contrôle politique d'un véritable budget européen. Celui-ci ne représente actuellement qu'un peu plus de 1% du PIB de l'Union. Il faudra une volonté politique extrêmement forte exprimée pendant une génération, au moins, pour qu'il atteigne le niveau atteint dans un Etat fédéral (13 à 15%). Un tel effort économique et politique est il à la portée des Européens aujourd'hui ?
2. Concernant la dette, les propositions très intéressantes d'Edouard Balladur visant à créer une Caisse Nationale d'Amortissement pour régler le cas français doivent être poursuivies au niveau européen, assorties d'un système d'émission d'Euro-obligations. La réappropriation par les Européens de leur propre dette devrait être une priorité. De ce point de vue le modèle Japonais selon lequel ceux-ci détiennent plus de 90 % de leur endettement devrait être médité.
3. La révision des statuts de la BCE doit être impérativement envisagée pour lui permettre de tenir compte dans sa politique de taux de la croissance et de l'emploi et non pas de se limiter au maintien du niveau des prix.
4. La création d'une ou plusieurs agences européennes de notation mieux au fait des réalités économiques et sociales de l'Union apparait comme une nécessité.
5. La mise en œuvre d'une politique de « patriotisme économique européen » consistant, tout simplement, à faire ce que font tous les autres acteurs du monde multipolaire s'impose également.
6. La création au niveau de l'Union d'un vaste fond souverain destiné à soutenir les industries stratégiques et les technologies de souveraineté, à développer les infrastructures de cohésion du territoire européen et finalement à préserver nos intérêts vitaux dans la compétition multipolaire acharnée entre grands blocs continentaux dont la monde est le théâtre est le complément indispensable d'une stratégie de protection géoéconomique fondée sur la réciprocité et non pas sur l'asymétrie.
7. Le maintien, en l'adaptant aux réalités actuelles, d'un modèle européen de société fondé sur les racines humanistes de notre culture doit être considéré comme une exigence civilisationelle, politique et morale incontournable. Pour ce qui est du volet économique et social de ce modèle, le développement de l'association du capital et du travail ainsi que de la participation et de la cogestion dans les entreprises est une nécessité impérieuse.
Le général De Gaulle définissait la souveraineté comme la « puissance de gouverner ». On ne saurait mieux la définir. Il était également très attaché à la cohésion sociale c'est-à-dire à la solidarité.
Aujourd'hui il est urgent de faire « migrer » ces deux concepts, étroitement liés, au niveau européen. Un long chemin reste à faire. Il est même possible que dans la situation critique que connait l'Europe de fortes oppositions se fassent jour et que renaissent de vieux réflexes. C'est la raison pour laquelle la relation franco-allemande à la fois pivot idéologique et pivot géographique de l'Europe doit être constamment entretenue et de nos jours vigoureusement relancée. Mais ne nous leurrons pas l'ensemble des thèmes évoqués précédemment feront débat entre nous avant d'aboutir à des positions communes. Le dialogue franco allemand sans lequel rien n'est possible doit se méfier de l'incantatoire dans laquel il se cantonne trop souvent et prendre en compte les réalités du monde qui vient.
Construite dans la perspective qui vient d'être ouverte, bien qu'encore très superficiellement, la souveraineté européenne, souveraineté « surplombant » les souverainetés des Etats membres, sans les annihiler mais au contraire les renforçant devrait se donner comme objectif d'être :
* protectrice en préservant un modèle de société profondément solidaire,
* libératrice en se dégageant peu à peu des systèmes et des liens de vassalisation technologiques, militaires, économiques, financiers et culturels hérités de la seconde guerre mondiale et consolidés sous la forme de l' « atlantisme » au fil des décennies, essentiellement par apathie et manque de vision à long terme,
* anticipatrice en prenant en compte les grands défis démographiques, environnementaux, culturels et surtout géopolitiques que nous allons devoir affronter dans les années qui viennent. Il faut, pour cela, rendre aux Européens le goût et le désir du futur.
L'Europe ne souffre pas aujourd'hui, comme on le dit trop souvent, d'un déficit de démocratie, elle souffre d'un déficit de solidarité, de souveraineté et surtout d'espérance
Comentarios
Galicia 2011
Jean-Paul Baquiast
Martes, 10 de Mayo 2011
Red Europea de Reflexión Geopolítica. Réseau européen de réflexion géopolitique.
Session inaugurale. Ile de San Simon. 27 avril 2011.
Présentation de Jean-Paul Baquiast:
Jean-Paul Baquiast est co-président de l'association Automates-Intelligents.
Rappelons que la géopolitique est généralement considérée comme une science. Elle reste cependant encore très éloignée des sciences exactes. D'où l'intérêt de l'aborder avec le maximum d'objectivité, afin d'en éliminer des approches trop partisanes. Il est impossible cependant de ne pas se référer aux grandes options politiques sous-jacentes au choix des questions ou des solutions qui sont évoquées. Une démarche géopolitique bien conçue impose un esprit critique permanent. Elle suscite donc des débats. D'où son intérêt.
Automates Intelligents propose ici une première liste de thèmes paraissant importants pour les futurs travaux du Réseau européen de Réflexion géopolitique. Il sera possible d'en tirer des articles, des sujets d'étude, voire des dossiers à l'attention des décideurs économiques et politiques. Il faudra faire un tri en fonction des moyens d'approfondissement disponibles. Mais il nous semble qu'il s'agit de questions existentielles mettant en jeu la survie même de l'Europe en tant qu'entité géopolitique indépendante.
Plan
1. Evaluation des risques et des ressources
2. Définition de politiques stratégiques
3. Evolution des institutions européennes
4. Conclusion
1. Evaluation des risques et des ressources
Evaluation des risques menaçant le monde global
L'Europe n' échappera évidemment pas à ces risques. Elle devra mettre en oeuvre pour les prévenir, dans son propre intérêt comme dans celui du reste du monde, des politiques aussi efficaces que possible.
* Le changement climatique et ses conséquences: désertification, inondations, phénomènes météorologiques violents...D'une façon générale, les scientifiques prévoient pour 2050 et au delà une montée du niveau des mers et un déplacement vers les pôles (notamment l'arctique) des régions tropicales et tempérées.
* L'effondrement, au détriment de beaucoup d'espèces déjà menacées, de la biodiversité terrestre et océanique.
* La possibilité d'une croissance démographique mondiale supérieure aux plafonds actuellement estimés. La demande en produits alimentaires pourrait alors dépasser les prévisions actuelles.
* L'épuisement progressif de certaines ressources vitales: eau, terres arables, air non pollué, matières premières rares.
* Les catastrophes de type technologique, pouvant survenir partout y compris dans les pays développés. Avec l'accident de Fukushima au Japon, l'exemple du nucléaire de fission est aujourd'hui présent dans tous les esprits. Mais on doit évoquer aussi certains risques tenant notamment aux biotechnologies.
* Le maintien ou le développement, au niveau mondial, des inégalités de niveau de vie et d'éducation entre pays pauvres et pays riches. Il en résulte une dégradation croissante des services publics et des équipements dans de nombreux pays. Différentes tensions, pouvant prendre des formes violentes, en découleront nécessairement.
* La faiblesse persistantes des institutions internationales, au moment où la mondialisation des dangers demanderait une grande efficacité des organisations destinées à les combattre.
* La géopolitique du crime organisé (monde)
Evaluation des risques menaçant plus particulièrement l'Europe
Ces risques découlent des précédents. Mais certains sont inhérents à l'histoire ou à l'organisation de l'ensemble pan-européen.
* Le risque démographique: baisse de la natalité, vieillissement. L'appel à l'immigration ne permettra pas de résoudre les insuffisance de population active prévisibles. Des mesures de redressement de la natalité s'imposeraient donc sans attendre.
* L'insuffisance marquée de la plupart des matières premières énergétiques et industrielles jugées stratégiques.
* La perte progressive, par manque d'investissement et par délocalisation hors d'Europe, du potentiel scientifique, technologique et industriel ayant fait jusqu'à présent la puissance de l'Europe. Il en résulte un chômage de moins en moins supportable par les structures de l'Etat providence.
* Le maintien sinon la croissance des inégalités sociales et géographiques. Le sous-investissement dans les banlieues affecte toutes les villes européennes. Les transferts de ressources des pays européens riches vers les pays plus pauvres semblent bloqués.
* La tentation qu'éprouve, face à ces difficultés comme face à la crise, chaque Etat ou ensemble régional à se replier sur lui-même, au détriment de l'idéal européen. Ceci peut se traduire à l'extrême par un retour des nationalismes de type populiste.
* La perte d'influence des valeurs dont l'Europe était jusqu'à ces derniers temps le berceau: droits de l'homme, égalité entre les sexes, laïcité, démocratie politique et contre-pouvoirs, Etat régulateur et Etat-providence.
* L'abandon systématique des efforts de défense.
* D'une faon générale, l'absence d'une coordination politique suffisante. L'Union européenne, face aux grands empires, se présente comme un ectoplasme politique.
* La géopolitique du crime organisé (Europe)
Evaluation des ensembles géopolitiques concurrents
Dans un monde désormais multipolaire, la naïveté n'est pas de mise. Il faut connaitre les concurrents susceptibles de se transformer en adversaires. Il faut définir des stratégies globales de résistance à leur égard. Il faut aussi parallèlement identifier les partenaires occasionnels ou de long terme, afin de coopérer efficacement avec eux. Pour cela, des services efficaces de guerre et contre-guerre économique s'imposent, non seulement dans les principaux Etats mais au niveau européen.
* Les Etats-Unis. Indéniablement en perte d'influence face aux nouvelles puissances (dites émergées plutôt qu'émergentes), les Etats-Unis conservent des potentiels de compétitivité considérables, dont l'Europe doit s'inspirer. Ceci notamment dans le domaine scientifique et technologique, comme dans celui des technologies de puissance (défense, espace) et des industries culturelles (soft power). Cependant les Européens, trop souvent fascinés par la puissance américaine, oublient que l'Amérique n'a jamais encouragé l'émergence d'une puissance européenne autonome. Elle a toujours considéré l'Europe comme un instrument et avant-poste au service de ses propres stratégies. Sans tomber dans l'anti-américanisme, l'Europe doit se débarrasser d'un atlantisme naïf et se méfier de tous les réseaux d'influence actifs en son sein et travaillant au service des politiques américaines;
* La Chine. Deuxième, bientôt sans doute première puissance économique mondiale, la Chine sera de plus en plus en compétition sur la plupart des domaines avec l'Europe. Ceci ne justifie pas d'en faire un adversaire politique. L'Europe doit apprendre à mieux la connaître (dans ses forces comme dans ses faiblesses) et surtout adopter les moyens de se comporter elle-aussi en puissance vis-à-vis d'elle. Autrement dit pratiquer sans états d'âme la politique du donnant-donnant ou de la réciprocité. Mais pour cela l'Europe devra se renforcer considérablement.
* L'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et les autres puissances émergentes. L'Europe devra dans l'ensemble adopter à leur égard des politiques sans naïveté, elles-aussi sur la base du donnant-donnant. Dans de nombreux cas, des partenariats stratégiques limités pourront être envisagés.
* La Russie. Malgré ses faiblesses actuelles, la Russie représente (pensons-nous) pour l'Europe un prolongement géographique, linguistique et culturel qu'il conviendrait de valoriser dans de nombreux domaines. L'inverse est également vrai. Des partenariats stratégiques euro-russes, voire de véritables accords industriels, scientifiques et économiques s'imposeront de plus en plus. Ils pourront être déterminants, tant pour l'avenir de la Russie que de l'Europe.
* L'Amérique latine et le continent africain. L'Europe ne peut se désintéresser de ces pays, malgré leurs difficultés actuelles. Il s'agit souvent, notamment pour les Etats européens du Sud, de véritables prolongements territoriaux ou civilisationnels. Les négliger représenterait une perte d'influence notable pour l'Europe, y compris pour les Etats de l'Europe centrale et orientale davantage tournés vers l'est. Ceci ne voudra pas dire une ouverture sans précautions, mais plutôt des co-investissements, dépourvus d'esprit néocolonialiste, dans les domaines économiques et techno-scientifiques essentiels. Dans cette perspective, on attachera désormais un intérêt particulier à ce que l'on nomme les « révolutions » dans le monde arabo-musulman, qui paraissent riches de promesses.
Evaluation et protection des potentiels européens
L'Europe dispose de potentiels exceptionnels, que par euro-pessimisme elle a tendance à négliger. Ils doivent au contraire faire l'objet de valorisation systématique, y compris dans le cadre de partenariats stratégiques avec les pays non-européens alliés de l'Europe.
* L'existence de structures étatiques et administratives solides, sans lesquelles s'installe ou demeure le désordre sociétal (on peut lire à cet égard ce qu'en dit Francis Fukuyama dans son dernier ouvrage « The origines of political order », 2011).
* L'existence de services publics et d'administrations publiques intervenant dans le domaine social (droit du travail, protection sociale, santé publique) et dans de nombreux secteurs relevant des « public utilities » (recherche scientifique désintéressée, transports, aménagement du territoire...). Les intérêts financiers globalisés mènent contre les structures étatiques et les services publics européens des offensives permanentes afin de les « privatiser » autrement dit afin de se les approprier. Ils ont réussi jusqu'à présent à le faire, avec l'appui de la Commission européenne et de gouvernements libéraux ou ultra-libéraux. Mais ce faisant l'Europe est en train de se priver des bases de sa puissance au plan mondial, comme de nombreux thèmes qu'elle pourrait « exporter » au bénéfice des jeunes Etats se tournant vers elle.
* Au plan humain et sociétal, l'existence d'une grande diversité de langues et de cultures, ainsi que de compétences professionnelles, rendant l'Europe capable de s'adapter rapidement, sur le mode biologique, à des changements dans les contraintes globales. Les valeurs européennes, évoquées précédemment pour en déplorer la perte d'influence, font partie de ces potentiels.
* La présence de nombreuses épargnes mobilisables, notamment au profit d'investissements localisés en Europe. Ceci fait contraste dans un monde où généralement les dettes publiques et privées paralysent les perspectives d'investissement.
* L'existence de secteurs économiques dynamiques, potentiellement au service du développement européen et des exportations: secteur agricole et agro-alimentaire, industries de l'infrastructure et du bâtiment, secteurs des technologies avancées (aéronautique et espace, transports terrestres, applications des NBIC), secteur des services. On mentionnera aussi le tourisme, qu'il ne faut pas négliger.
* Au plan géographique, l'Europe dispose d'un potentiel important en termes de facilités climatiques, de terres agricoles, de ressources fluviales, littorales et océaniques, dont il convient d'assurer la protection contre les tentations de sur-exploitations.
2. Définition de politiques stratégiques
Appelons ainsi des politiques intéressant le plus de partenaires européens possible, visant de préférence le moyen et le long terme, et impliquant, dans la tradition européenne, le plus grand nombre possible de ressources et de moyens publics.
Stratégies globales
Les choix quasiment philosophiques faits dans ces domaines impliquent de véritables options de société.
* Comment définir les domaines respectifs du libre-échange ou libéralisme économique et de l'économie régulée par la puissance publique (ou dirigée)? Peut-on envisager des économies mixtes, et sous quelles formes?
* Peut-on aujourd'hui en priorité élaborer ou diffuser une nouvelle pensée économique, vis-à-vis de la crise économique, de l'endettement et du recours aux marchés financiers. Notre réponse est affirmative. (Voir par exemple nos commentaires au « Manifeste des économistes atterrés » )
* Comment définir et financer les besoins de développement des laboratoires et universités en Europe, notamment dans les pays encore mal représentés à cet égard?
* Comment évaluer et commencer à prendre en compte les externalités internes et externes, positives et négatives. Il s'agit de données économiques que ne connaissent pas les comptabilités nationales et budgétaires mais qui représentent des actifs et des passifs déterminants pour la survie des populations et des sociétés).
Politiques de développement économiques et de lutte pour l'emploi
Le développement économique et le soutien à l'emploi ne signifient pas nécessairement la croissance systématique de la consommation, qui serait impossible. Ils doivent au contraire s'accompagner de décroissance dans un grand nombre de secteurs inutilement gaspilleurs, mais aussi de croissance dans ce que l'on nomme parfois le « capital cognitif ».
* Liste des domaines d'investissement et des politiques industrielles prioritaires dans les secteurs des technologies avancées et des recherche fondamentales et appliquées. Comment financer et protéger les investissements stratégiques? Le patriotisme industriel. Le protectionnisme sélectif.
* Comment contrôler les dérives actuelles du secteur des banques et des assurances? Comment lutter efficacement contre les paradis fiscaux?
* Comment exporter tout en préservant la capacité d'innovation? La question des transferts de technologie.
* Comment sélectionner et financer les programmes de recherche dans les sciences émergentes.
* Dans quels domaines et comment définir une politique européenne de l'environnement: lutte contre le réchauffement, protection de la biodiversité terrestre et marine.
* Dans quels domaines et comment définir une politique européenne de l'énergie (mix énergétique, production, transport, économies).
* Comment améliorer le fonctionnement de la zone euro? Faut-il chercher à l'étendre ou au contraire à la réduire?
* Comment augmenter les ressources publiques? Augmentation des impôts. Mobilisation et protection de l'épargne européenne? Faut-il créer un Fonds d'investissement stratégique européen?
* Quelles limites donner aux politiques budgétaires dites d'austérité (ou de réforme)
Le domaine particulier des grands programmes impliquant les technologies de souveraineté
Ce terme désigne des secteurs d'investissement dont aucune puissance mondiale ne peut prétendre aujourd'hui se passer sauf à aliéner son indépendance. On y retrouve les questions précédentes, appliquées à des recherches et applications imposant des politiques publiques spécifiques
* Technologies et matériels de défense et sécurité (de préférence duales).
* Technologies de l'information et du calcul.
* Robotique autonome et intelligence artificielle générale.
* Neurosciences et sciences cognitives.
* Espace civil et militaire, sous leurs diverses formes.
* Energies nouvelles.
* Biotechnologies et Industries pharmaceutiques
Politiques culturelles
Il s'agit de ce que les Etats-Unis ont nommé le soft-power. Le domaine recoupe ce dont l'Europe a longtemps été un symbole mondial: la création philosophique, artistique, culturelle. La généralisation des réseaux et outils numériques y exige une créativité et une adaptation continue. Des investissements permanents sont nécessaires, engageant les particuliers, les associations mais aussi les Etats. Pour l'Europe, il s'agit aussi de détecter et le cas échéant combattre les dépendances politiques à forme culturelle, notamment au regard de l'atlantisme dont la pénétration est mondiale. On évoquera également sous cette rubrique le développement des universités européennes et leur large ouverture aux étudiants étrangers qui contribuent éminemment à l'influence européenne dans le monde.
* Peut-on ou doit-on définir un soft-power européen. Qui doit s'en charger? Comment en préciser les cibles, les acteurs et les modes de diffusion?
* Dans quels domaines affecter des ressources publiques aux investissements culturels? Aides à la création et à la diffusion tous médias et supports. Développement de la traduction assistée et des programmes de gestion des compétences par l'intelligence artificielle.
* Doit-on encourager la production d'émission et la mise en place de chaînes plurilinguistiques (sur le modèle de Arte) ? Faut-il encourager l'édition en ligne? Faut-il limiter par voie réglementaire la publicité commerciale sur les réseaux culturels?
* Faut-il soutenir par des investissement publics la numérisation non commerciale des Bibliothèques et musées européens?
3. Evolution des institutions européennes
Beaucoup des reproches faits à l'Union européenne et plus généralement à l'Europe, tiennent à l'obsolescence de ses institutions laissant place parfois à une inadaptation de plus en plus criante. Ces institutions, définies au temps du libéralisme et dans l'optique d'éviter la mise en place en Europe d'une puissance mondiale indépendante, doivent aujourd'hui être profondément modifiées. La difficulté de la tâche ne devrait pas empêcher d'en faire une priorité. Les changements pourront être relativement ponctuels, mais dans une approche plus ambitieuse, ils pourront conduire (perspective que nous préconisons pour notre part) à la mise en place d'un véritable Etat Fédéral européen, proche de ce que sont les Etats-Unis d'Amérique.
Réforme des institutions européennes
On mentionnera dans cette rubrique les différents techniques permettant de donner plus de poids aux institutions européennes actuelles, sans modifier radicalement (par une constitution fédérale) leurs domaines de compétences et pouvoirs respectifs.
* Les frontières de l'Europe. Ce terme désigne la question complexe de l'élargissement possible de l'Union, mais aussi éventuellement de la sortie, sur leur demande, de certains Etats membres.
* Les « moteurs bi-nationaux». Le « moteur franco-allemand ». Faut-il le conserver? L'élargir à d'autres pays ? En encourager d'autres ? Faudrait-il envisager un statut particulier pour le Royaume-Uni, si celui-ci persistait à se considérer, au moins partiellement, comme « en dehors » de l'Europe ?
* Les coopérations renforcées ou structurées. Comment les développer? Dans quels domaines? La défense constitue sans doute la première priorité, au delà des actions de défense européenne existantes. On étendra à cette fin les compétences et ressources de l'Agence européenne de défense.
* Les Agences. Celles-ci constituent des formes souples et efficaces d'association entre gouvernements, administrations et entreprises européennes. On citera l'Agence spatiale européenne, les agences de sécurité alimentaire ou de pharmacovigilance, l'Agence Eurocontrol. Nous proposons pour notre part d'en créer de nouvelles, avec des pouvoirs étendus: Agence européenne de l'énergie, Agence européenne de l'environnement...On renforcera parallèlement les services européens en charge de la coopération avec les pays pauvres.
* Le renforcement du gouvernement économique et financier de la zone euro. Il s'agit d'une priorité absolue, afin de doter l'ensemble des pays de la zone euro des moyens d'harmonisation fiscale, douanière, réglementaire sans lesquels aucune gestion commune de la monnaie unique n'est viable. Il s'agira pratiquement d'un premier pas vers une Europe fédérale plus étendue.
* Comment augmenter et dans quels domaines les compétences de la présidence de l'Union et de la Commission? Il serait indispensable en priorité d'accroître les transferts budgétaires des Etats vers l'Union, de façon à ce que le budget communautaire atteigne au moins 10 à 15% de l'ensemble des budgets européens.
Vers une Europe fédérale au service d'un souverainisme européen
Appelons souverainisme européen la capacité de l'Union européenne de se comporter globalement comme un Etat souverain, analogue aux Etats-Unis, à la Chine et à bien d'autres. Cela ne serait pas possible sans la transformation de l'Union. en faisant non plus une confédération d'Etats nationaux mais une Fédération d'Etats fédérés. Vu l'importance des résistances probables, une démarche en plsieurs temps, accompagnée de simulations sur Internet, pourrait être envisagée.
* Mise en place d'une Assemblée constituante et adoption d'une première constitution fédérale.
* Election d'une chambre des députés et d'une chambre des Etats-membres.
* Election d'un Président
* Développement d'une administration fédérale avec transfert progressif de compétences, moyens budgétaires et ressources humaines.
4. Conclusion
Comment mobiliser les opinions publiques au service de la construction européenne?
Cette question est essentielle, mais souvent perdue de vue. Des sacrifices importants s'imposeront avec l'aggravation et la conjonction des crises. Comment les faire accepter? En dehors des mobilisations spontanées, les futurs responsables de l'approfondissement de la construction européenne pourront compter sur plusieurs facteurs simultanés.
* La peur devant l'aggravation des risques, poussant à l'union (fear factor).
* L'enthousiasme face à des objectifs difficiles, par exemple de grands enjeux technologiques, la conquête de nouveaux territoires (spatial, intelligence artificielle...)
*La volonté de ne pas se laisser dépasser par des compétiteurs non européens.
* La production de l'adhésion par la multiplication des débats et controverses, utilisant notamment les réseaux interactifs.
Automates Intelligents propose ici une première liste de thèmes paraissant importants pour les futurs travaux du Réseau européen de Réflexion géopolitique. Il sera possible d'en tirer des articles, des sujets d'étude, voire des dossiers à l'attention des décideurs économiques et politiques. Il faudra faire un tri en fonction des moyens d'approfondissement disponibles. Mais il nous semble qu'il s'agit de questions existentielles mettant en jeu la survie même de l'Europe en tant qu'entité géopolitique indépendante.
Plan
1. Evaluation des risques et des ressources
2. Définition de politiques stratégiques
3. Evolution des institutions européennes
4. Conclusion
1. Evaluation des risques et des ressources
Evaluation des risques menaçant le monde global
L'Europe n' échappera évidemment pas à ces risques. Elle devra mettre en oeuvre pour les prévenir, dans son propre intérêt comme dans celui du reste du monde, des politiques aussi efficaces que possible.
* Le changement climatique et ses conséquences: désertification, inondations, phénomènes météorologiques violents...D'une façon générale, les scientifiques prévoient pour 2050 et au delà une montée du niveau des mers et un déplacement vers les pôles (notamment l'arctique) des régions tropicales et tempérées.
* L'effondrement, au détriment de beaucoup d'espèces déjà menacées, de la biodiversité terrestre et océanique.
* La possibilité d'une croissance démographique mondiale supérieure aux plafonds actuellement estimés. La demande en produits alimentaires pourrait alors dépasser les prévisions actuelles.
* L'épuisement progressif de certaines ressources vitales: eau, terres arables, air non pollué, matières premières rares.
* Les catastrophes de type technologique, pouvant survenir partout y compris dans les pays développés. Avec l'accident de Fukushima au Japon, l'exemple du nucléaire de fission est aujourd'hui présent dans tous les esprits. Mais on doit évoquer aussi certains risques tenant notamment aux biotechnologies.
* Le maintien ou le développement, au niveau mondial, des inégalités de niveau de vie et d'éducation entre pays pauvres et pays riches. Il en résulte une dégradation croissante des services publics et des équipements dans de nombreux pays. Différentes tensions, pouvant prendre des formes violentes, en découleront nécessairement.
* La faiblesse persistantes des institutions internationales, au moment où la mondialisation des dangers demanderait une grande efficacité des organisations destinées à les combattre.
* La géopolitique du crime organisé (monde)
Evaluation des risques menaçant plus particulièrement l'Europe
Ces risques découlent des précédents. Mais certains sont inhérents à l'histoire ou à l'organisation de l'ensemble pan-européen.
* Le risque démographique: baisse de la natalité, vieillissement. L'appel à l'immigration ne permettra pas de résoudre les insuffisance de population active prévisibles. Des mesures de redressement de la natalité s'imposeraient donc sans attendre.
* L'insuffisance marquée de la plupart des matières premières énergétiques et industrielles jugées stratégiques.
* La perte progressive, par manque d'investissement et par délocalisation hors d'Europe, du potentiel scientifique, technologique et industriel ayant fait jusqu'à présent la puissance de l'Europe. Il en résulte un chômage de moins en moins supportable par les structures de l'Etat providence.
* Le maintien sinon la croissance des inégalités sociales et géographiques. Le sous-investissement dans les banlieues affecte toutes les villes européennes. Les transferts de ressources des pays européens riches vers les pays plus pauvres semblent bloqués.
* La tentation qu'éprouve, face à ces difficultés comme face à la crise, chaque Etat ou ensemble régional à se replier sur lui-même, au détriment de l'idéal européen. Ceci peut se traduire à l'extrême par un retour des nationalismes de type populiste.
* La perte d'influence des valeurs dont l'Europe était jusqu'à ces derniers temps le berceau: droits de l'homme, égalité entre les sexes, laïcité, démocratie politique et contre-pouvoirs, Etat régulateur et Etat-providence.
* L'abandon systématique des efforts de défense.
* D'une faon générale, l'absence d'une coordination politique suffisante. L'Union européenne, face aux grands empires, se présente comme un ectoplasme politique.
* La géopolitique du crime organisé (Europe)
Evaluation des ensembles géopolitiques concurrents
Dans un monde désormais multipolaire, la naïveté n'est pas de mise. Il faut connaitre les concurrents susceptibles de se transformer en adversaires. Il faut définir des stratégies globales de résistance à leur égard. Il faut aussi parallèlement identifier les partenaires occasionnels ou de long terme, afin de coopérer efficacement avec eux. Pour cela, des services efficaces de guerre et contre-guerre économique s'imposent, non seulement dans les principaux Etats mais au niveau européen.
* Les Etats-Unis. Indéniablement en perte d'influence face aux nouvelles puissances (dites émergées plutôt qu'émergentes), les Etats-Unis conservent des potentiels de compétitivité considérables, dont l'Europe doit s'inspirer. Ceci notamment dans le domaine scientifique et technologique, comme dans celui des technologies de puissance (défense, espace) et des industries culturelles (soft power). Cependant les Européens, trop souvent fascinés par la puissance américaine, oublient que l'Amérique n'a jamais encouragé l'émergence d'une puissance européenne autonome. Elle a toujours considéré l'Europe comme un instrument et avant-poste au service de ses propres stratégies. Sans tomber dans l'anti-américanisme, l'Europe doit se débarrasser d'un atlantisme naïf et se méfier de tous les réseaux d'influence actifs en son sein et travaillant au service des politiques américaines;
* La Chine. Deuxième, bientôt sans doute première puissance économique mondiale, la Chine sera de plus en plus en compétition sur la plupart des domaines avec l'Europe. Ceci ne justifie pas d'en faire un adversaire politique. L'Europe doit apprendre à mieux la connaître (dans ses forces comme dans ses faiblesses) et surtout adopter les moyens de se comporter elle-aussi en puissance vis-à-vis d'elle. Autrement dit pratiquer sans états d'âme la politique du donnant-donnant ou de la réciprocité. Mais pour cela l'Europe devra se renforcer considérablement.
* L'Inde, le Brésil, l'Afrique du Sud et les autres puissances émergentes. L'Europe devra dans l'ensemble adopter à leur égard des politiques sans naïveté, elles-aussi sur la base du donnant-donnant. Dans de nombreux cas, des partenariats stratégiques limités pourront être envisagés.
* La Russie. Malgré ses faiblesses actuelles, la Russie représente (pensons-nous) pour l'Europe un prolongement géographique, linguistique et culturel qu'il conviendrait de valoriser dans de nombreux domaines. L'inverse est également vrai. Des partenariats stratégiques euro-russes, voire de véritables accords industriels, scientifiques et économiques s'imposeront de plus en plus. Ils pourront être déterminants, tant pour l'avenir de la Russie que de l'Europe.
* L'Amérique latine et le continent africain. L'Europe ne peut se désintéresser de ces pays, malgré leurs difficultés actuelles. Il s'agit souvent, notamment pour les Etats européens du Sud, de véritables prolongements territoriaux ou civilisationnels. Les négliger représenterait une perte d'influence notable pour l'Europe, y compris pour les Etats de l'Europe centrale et orientale davantage tournés vers l'est. Ceci ne voudra pas dire une ouverture sans précautions, mais plutôt des co-investissements, dépourvus d'esprit néocolonialiste, dans les domaines économiques et techno-scientifiques essentiels. Dans cette perspective, on attachera désormais un intérêt particulier à ce que l'on nomme les « révolutions » dans le monde arabo-musulman, qui paraissent riches de promesses.
Evaluation et protection des potentiels européens
L'Europe dispose de potentiels exceptionnels, que par euro-pessimisme elle a tendance à négliger. Ils doivent au contraire faire l'objet de valorisation systématique, y compris dans le cadre de partenariats stratégiques avec les pays non-européens alliés de l'Europe.
* L'existence de structures étatiques et administratives solides, sans lesquelles s'installe ou demeure le désordre sociétal (on peut lire à cet égard ce qu'en dit Francis Fukuyama dans son dernier ouvrage « The origines of political order », 2011).
* L'existence de services publics et d'administrations publiques intervenant dans le domaine social (droit du travail, protection sociale, santé publique) et dans de nombreux secteurs relevant des « public utilities » (recherche scientifique désintéressée, transports, aménagement du territoire...). Les intérêts financiers globalisés mènent contre les structures étatiques et les services publics européens des offensives permanentes afin de les « privatiser » autrement dit afin de se les approprier. Ils ont réussi jusqu'à présent à le faire, avec l'appui de la Commission européenne et de gouvernements libéraux ou ultra-libéraux. Mais ce faisant l'Europe est en train de se priver des bases de sa puissance au plan mondial, comme de nombreux thèmes qu'elle pourrait « exporter » au bénéfice des jeunes Etats se tournant vers elle.
* Au plan humain et sociétal, l'existence d'une grande diversité de langues et de cultures, ainsi que de compétences professionnelles, rendant l'Europe capable de s'adapter rapidement, sur le mode biologique, à des changements dans les contraintes globales. Les valeurs européennes, évoquées précédemment pour en déplorer la perte d'influence, font partie de ces potentiels.
* La présence de nombreuses épargnes mobilisables, notamment au profit d'investissements localisés en Europe. Ceci fait contraste dans un monde où généralement les dettes publiques et privées paralysent les perspectives d'investissement.
* L'existence de secteurs économiques dynamiques, potentiellement au service du développement européen et des exportations: secteur agricole et agro-alimentaire, industries de l'infrastructure et du bâtiment, secteurs des technologies avancées (aéronautique et espace, transports terrestres, applications des NBIC), secteur des services. On mentionnera aussi le tourisme, qu'il ne faut pas négliger.
* Au plan géographique, l'Europe dispose d'un potentiel important en termes de facilités climatiques, de terres agricoles, de ressources fluviales, littorales et océaniques, dont il convient d'assurer la protection contre les tentations de sur-exploitations.
2. Définition de politiques stratégiques
Appelons ainsi des politiques intéressant le plus de partenaires européens possible, visant de préférence le moyen et le long terme, et impliquant, dans la tradition européenne, le plus grand nombre possible de ressources et de moyens publics.
Stratégies globales
Les choix quasiment philosophiques faits dans ces domaines impliquent de véritables options de société.
* Comment définir les domaines respectifs du libre-échange ou libéralisme économique et de l'économie régulée par la puissance publique (ou dirigée)? Peut-on envisager des économies mixtes, et sous quelles formes?
* Peut-on aujourd'hui en priorité élaborer ou diffuser une nouvelle pensée économique, vis-à-vis de la crise économique, de l'endettement et du recours aux marchés financiers. Notre réponse est affirmative. (Voir par exemple nos commentaires au « Manifeste des économistes atterrés » )
* Comment définir et financer les besoins de développement des laboratoires et universités en Europe, notamment dans les pays encore mal représentés à cet égard?
* Comment évaluer et commencer à prendre en compte les externalités internes et externes, positives et négatives. Il s'agit de données économiques que ne connaissent pas les comptabilités nationales et budgétaires mais qui représentent des actifs et des passifs déterminants pour la survie des populations et des sociétés).
Politiques de développement économiques et de lutte pour l'emploi
Le développement économique et le soutien à l'emploi ne signifient pas nécessairement la croissance systématique de la consommation, qui serait impossible. Ils doivent au contraire s'accompagner de décroissance dans un grand nombre de secteurs inutilement gaspilleurs, mais aussi de croissance dans ce que l'on nomme parfois le « capital cognitif ».
* Liste des domaines d'investissement et des politiques industrielles prioritaires dans les secteurs des technologies avancées et des recherche fondamentales et appliquées. Comment financer et protéger les investissements stratégiques? Le patriotisme industriel. Le protectionnisme sélectif.
* Comment contrôler les dérives actuelles du secteur des banques et des assurances? Comment lutter efficacement contre les paradis fiscaux?
* Comment exporter tout en préservant la capacité d'innovation? La question des transferts de technologie.
* Comment sélectionner et financer les programmes de recherche dans les sciences émergentes.
* Dans quels domaines et comment définir une politique européenne de l'environnement: lutte contre le réchauffement, protection de la biodiversité terrestre et marine.
* Dans quels domaines et comment définir une politique européenne de l'énergie (mix énergétique, production, transport, économies).
* Comment améliorer le fonctionnement de la zone euro? Faut-il chercher à l'étendre ou au contraire à la réduire?
* Comment augmenter les ressources publiques? Augmentation des impôts. Mobilisation et protection de l'épargne européenne? Faut-il créer un Fonds d'investissement stratégique européen?
* Quelles limites donner aux politiques budgétaires dites d'austérité (ou de réforme)
Le domaine particulier des grands programmes impliquant les technologies de souveraineté
Ce terme désigne des secteurs d'investissement dont aucune puissance mondiale ne peut prétendre aujourd'hui se passer sauf à aliéner son indépendance. On y retrouve les questions précédentes, appliquées à des recherches et applications imposant des politiques publiques spécifiques
* Technologies et matériels de défense et sécurité (de préférence duales).
* Technologies de l'information et du calcul.
* Robotique autonome et intelligence artificielle générale.
* Neurosciences et sciences cognitives.
* Espace civil et militaire, sous leurs diverses formes.
* Energies nouvelles.
* Biotechnologies et Industries pharmaceutiques
Politiques culturelles
Il s'agit de ce que les Etats-Unis ont nommé le soft-power. Le domaine recoupe ce dont l'Europe a longtemps été un symbole mondial: la création philosophique, artistique, culturelle. La généralisation des réseaux et outils numériques y exige une créativité et une adaptation continue. Des investissements permanents sont nécessaires, engageant les particuliers, les associations mais aussi les Etats. Pour l'Europe, il s'agit aussi de détecter et le cas échéant combattre les dépendances politiques à forme culturelle, notamment au regard de l'atlantisme dont la pénétration est mondiale. On évoquera également sous cette rubrique le développement des universités européennes et leur large ouverture aux étudiants étrangers qui contribuent éminemment à l'influence européenne dans le monde.
* Peut-on ou doit-on définir un soft-power européen. Qui doit s'en charger? Comment en préciser les cibles, les acteurs et les modes de diffusion?
* Dans quels domaines affecter des ressources publiques aux investissements culturels? Aides à la création et à la diffusion tous médias et supports. Développement de la traduction assistée et des programmes de gestion des compétences par l'intelligence artificielle.
* Doit-on encourager la production d'émission et la mise en place de chaînes plurilinguistiques (sur le modèle de Arte) ? Faut-il encourager l'édition en ligne? Faut-il limiter par voie réglementaire la publicité commerciale sur les réseaux culturels?
* Faut-il soutenir par des investissement publics la numérisation non commerciale des Bibliothèques et musées européens?
3. Evolution des institutions européennes
Beaucoup des reproches faits à l'Union européenne et plus généralement à l'Europe, tiennent à l'obsolescence de ses institutions laissant place parfois à une inadaptation de plus en plus criante. Ces institutions, définies au temps du libéralisme et dans l'optique d'éviter la mise en place en Europe d'une puissance mondiale indépendante, doivent aujourd'hui être profondément modifiées. La difficulté de la tâche ne devrait pas empêcher d'en faire une priorité. Les changements pourront être relativement ponctuels, mais dans une approche plus ambitieuse, ils pourront conduire (perspective que nous préconisons pour notre part) à la mise en place d'un véritable Etat Fédéral européen, proche de ce que sont les Etats-Unis d'Amérique.
Réforme des institutions européennes
On mentionnera dans cette rubrique les différents techniques permettant de donner plus de poids aux institutions européennes actuelles, sans modifier radicalement (par une constitution fédérale) leurs domaines de compétences et pouvoirs respectifs.
* Les frontières de l'Europe. Ce terme désigne la question complexe de l'élargissement possible de l'Union, mais aussi éventuellement de la sortie, sur leur demande, de certains Etats membres.
* Les « moteurs bi-nationaux». Le « moteur franco-allemand ». Faut-il le conserver? L'élargir à d'autres pays ? En encourager d'autres ? Faudrait-il envisager un statut particulier pour le Royaume-Uni, si celui-ci persistait à se considérer, au moins partiellement, comme « en dehors » de l'Europe ?
* Les coopérations renforcées ou structurées. Comment les développer? Dans quels domaines? La défense constitue sans doute la première priorité, au delà des actions de défense européenne existantes. On étendra à cette fin les compétences et ressources de l'Agence européenne de défense.
* Les Agences. Celles-ci constituent des formes souples et efficaces d'association entre gouvernements, administrations et entreprises européennes. On citera l'Agence spatiale européenne, les agences de sécurité alimentaire ou de pharmacovigilance, l'Agence Eurocontrol. Nous proposons pour notre part d'en créer de nouvelles, avec des pouvoirs étendus: Agence européenne de l'énergie, Agence européenne de l'environnement...On renforcera parallèlement les services européens en charge de la coopération avec les pays pauvres.
* Le renforcement du gouvernement économique et financier de la zone euro. Il s'agit d'une priorité absolue, afin de doter l'ensemble des pays de la zone euro des moyens d'harmonisation fiscale, douanière, réglementaire sans lesquels aucune gestion commune de la monnaie unique n'est viable. Il s'agira pratiquement d'un premier pas vers une Europe fédérale plus étendue.
* Comment augmenter et dans quels domaines les compétences de la présidence de l'Union et de la Commission? Il serait indispensable en priorité d'accroître les transferts budgétaires des Etats vers l'Union, de façon à ce que le budget communautaire atteigne au moins 10 à 15% de l'ensemble des budgets européens.
Vers une Europe fédérale au service d'un souverainisme européen
Appelons souverainisme européen la capacité de l'Union européenne de se comporter globalement comme un Etat souverain, analogue aux Etats-Unis, à la Chine et à bien d'autres. Cela ne serait pas possible sans la transformation de l'Union. en faisant non plus une confédération d'Etats nationaux mais une Fédération d'Etats fédérés. Vu l'importance des résistances probables, une démarche en plsieurs temps, accompagnée de simulations sur Internet, pourrait être envisagée.
* Mise en place d'une Assemblée constituante et adoption d'une première constitution fédérale.
* Election d'une chambre des députés et d'une chambre des Etats-membres.
* Election d'un Président
* Développement d'une administration fédérale avec transfert progressif de compétences, moyens budgétaires et ressources humaines.
4. Conclusion
Comment mobiliser les opinions publiques au service de la construction européenne?
Cette question est essentielle, mais souvent perdue de vue. Des sacrifices importants s'imposeront avec l'aggravation et la conjonction des crises. Comment les faire accepter? En dehors des mobilisations spontanées, les futurs responsables de l'approfondissement de la construction européenne pourront compter sur plusieurs facteurs simultanés.
* La peur devant l'aggravation des risques, poussant à l'union (fear factor).
* L'enthousiasme face à des objectifs difficiles, par exemple de grands enjeux technologiques, la conquête de nouveaux territoires (spatial, intelligence artificielle...)
*La volonté de ne pas se laisser dépasser par des compétiteurs non européens.
* La production de l'adhésion par la multiplication des débats et controverses, utilisant notamment les réseaux interactifs.
Jean-Paul Baquiast 08/05/2011
La conviction selon laquelle les pays développés doivent envisager des programmes de grande ampleur pour produire de l'électricité à partir d'énergies renouvelables se répand de plus en plus. Le terme de programmes de grande ampleur désigne des projets technologiques se chiffrant en dizaines de milliards d'euros, s'étendant sur plusieurs décennies, susceptibles d'intéresser des industriels majeurs et d'avoir une signification géopolitique de grande portée.
Ceci ne veut pas dire qu'il faille négliger ni de petits investissements à ambition locale, ni les économies d'énergie, qui demeureront indispensables. Mais si l'on veut progressivement commencer à remplacer à la fois le nucléaire de fission et les centrales au charbon, qui fournissent actuellement l'essentiel de l'électricité consommée, il faut voir grand. Il faut aussi, ne l'oublions pas, parler aux imaginations afin de susciter les vocations technoscientifiques et les épargnes.
Il se trouve que, dans le domaine de l'énergie solaire, existait depuis quelques années, à partir d'une initiative principalement européenne, un grand programme de cette nature, nommé Desertec. Pour différentes raisons (notamment la résistance des intérêts investis dans les formes actuelles de production d'énergie) ce programme avait été recouvert par ce qu'il faut bien appelé une chape de silence. Deux facteurs différents poussent à le relancer.
Le premier est bien entendu l'accident de Fukushima au Japon. Le second, de nature géopolitique, découle de ce que l'on a nommé le printemps arabe. Un certain nombre de pays du sud-méditerranéen se sont débarrassés de leurs dictatures. Ils se sont ouverts au dialogue avec les pays du nord et ont montré que leurs populations se détournaient progressivement des fantasmes de djihad. Mais ce faisant ces pays posent, en premier lieu aux Européens, la question de savoir si les économies du Nord pourront ou non proposer, en dehors de tout retour au néocolonialisme, des projets de co-développement susceptibles de créer des emplois par miliers et des revenus susceptibles de se réinvestir sur place. Sans ces emplois et ces revenus, les nouvelles démocraties retomberont nécessairement dans le désordre. Or c'est précisément ce que le projet Desertec, s'il était bien mené, pourrait permettre: une vague de co-développement à l'échelle euro-africaine.
Nous pensons donc essentiel que l'Union européenne s'intéresse désormais officiellement à Désertec, tant au regard de ses retombées socio-économiques que pour ses composantes géopolitiques. Il s'agirait de concrétiser, pour toute l'Europe et non pour les seuls pays européens du sud, le thème évoqué par le projet d'Union pour la Méditerranée: créer dans cette partie du monde un grand ensemble d'intérêts communs. L'intérêt de Desertec est à cet égard de pouvoir s'étendre au delà de la seule Méditerranée. Il pourrait intéresser, en conjuguant d'autres sources de production d'électricité, notamment l'éolien et le marée-moteur, une grande partie de l'hémisphère nord à l'est du 20e Méridien. Pour l'Europe, il s'agirait donc également d'une démarche véritablement emblématique
Les adversaires du projet ont fait valoir qu'impliquant directement des Etats ou des régions sahariennes plus ou moins en but au terrorisme, des organisations telles que l'actuelle AQMI pourraient en profiter pour exercer un chantage permanent sur les partenaires du projet. Mais il s'agit d'une vue de l'esprit. Si Desertec était mis en oeuvre avec la volonté d'associer dès le début les Etats et les populations du Maghreb, il représenterait un tel enjeu qu'il serait non pas agressé mais protégé et soutenu par tous les partenaires africains du programme.
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Nous extrayons des sites de la Fondation Desertec de Wikipédia quelques informations permettant de préciser la teneur de cette grande ambition.
Le Projet Desertec est un projet éco-énergétique de grande envergure mené par la Desertec Foundation. Il a été initialisé sous les auspices du Club de Rome et de la Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation.
Il s'agit de créer un réseau interconnecté alimenté par des centrales solaires du Maroc à l’Arabie Saoudite, reliées par des réseaux à très haute tension. Le projet vise à répondre en grande partie aux besoins des pays producteurs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et à fournir 15% (dans un premier temps) de l'électricité nécessaire à l'Europe.
Un protocole d'accord pour le projet a été signé par douze sociétés basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, le 13 juillet 2009 à Munich. En mars 2010, quatre nouveaux investisseurs ont annoncé qu'ils s'associaient au projet, ce qui porte à 17 le nombre de partenaires (16 entreprises représentant un potentiel technique et de savoir-faire considérable) et la fondation Desertec elle-même.
L'entreprise vise à connecter plusieurs grandes centrales solaires thermiques et peut-être d'autres installations d'énergies renouvelables (fermes éoliennes) entre elles ainsi qu'au réseau de distribution de l'électricité qui alimenterait l'Afrique du Nord, l'Europe et le moyen-Orient, ce réseau pouvant être optimisé via une approche de type SuperGrid.
Mais Desertec ne se limitera pas à la production d’énergie : il participera aussi au développement des pays en créant de nombreux emplois locaux. Dans un premier temps, il s'agira de la main d'œuvre acceptant de travailler dans les conditions difficiles du milieu désertique.Mais il faudrait très vite que s'y investissent les ingénieurs et gestionnaires originaires des pays du sud.
Les promoteurs estiment qu'un tel réseau pourrait avant 2050 fournir plus de 50 % des besoins en électricité de la région EUMENA (Europe + Moyen-Orient + Afrique du Nord).
Les difficultés à résoudre seront nombreuses, mais tout à fait à la portée des technologies actuelles ou disponibles dfans un proche avenir .
Pour la production, on envisage des centrales solaires thermodynamiques à concentrateurs, c'est-à-dire utilisant des miroirs paraboliques pour produire de la vapeur d’eau à très haute température et sous forte pression, qui fait tourner une turbine et un alternateur produisant de l’électricité. Divers équipements de cette nature existent déjà en Europe
Ces centrales consomment beaucoup d'eau douce (un problème en zone aride) et conduisent à modifier la météorologie du désert et contribuer peut-être à exacerber certains effets du dérèglement climatique. Mais des remèdes sont possibles.
Pour le transport de l'électricité, les concepteurs du projet espèrent pouvoir utiliser de nouveaux types de lignes Haute Tension (lignes de transmission modernes en Courant Continu Haute Tension ou CCHT ou HVDC) devant permettre de transporter l'électricité sur de grandes distances avec beaucoup moins de pertes en ligne (3% pour 1.000 km) qu'avec les lignes classiques à courant alternatif, et presque sans pollution électromagnétique. Dans la conjoncture actuelle, caractérisée par le prix croissant du cuivre et alliages conducteurs, il s'agira d'une partie fragile, à protéger.
Pour le strockage, la production d'électricité ne se faisant que de jour, une partie de celle-ci pourra en être utilisée pour pomper l'eau vers des lacs de montagne en Europe, qui en possède beaucoup. L'utilisation la nuit de l'énergie de cette eau dans des turbines assurerait sa mise à disposition homogène au profit de l'ensemble du réseau.
Le coût global du projet a été estimé à 400 milliards d'euros sur plusieurs dizaines d'années, dont 50 milliards pour construire 20 lignes CCHT de 5 GW chacune. On peut craindre que ce coût n'augmente. Mais il sera aisément amorti grâce au prix de vente de l'électricité, dont les pays développés doivent cesser de considérer qu'il s'agit d'une énergie bon marché.
La conviction selon laquelle les pays développés doivent envisager des programmes de grande ampleur pour produire de l'électricité à partir d'énergies renouvelables se répand de plus en plus. Le terme de programmes de grande ampleur désigne des projets technologiques se chiffrant en dizaines de milliards d'euros, s'étendant sur plusieurs décennies, susceptibles d'intéresser des industriels majeurs et d'avoir une signification géopolitique de grande portée.
Ceci ne veut pas dire qu'il faille négliger ni de petits investissements à ambition locale, ni les économies d'énergie, qui demeureront indispensables. Mais si l'on veut progressivement commencer à remplacer à la fois le nucléaire de fission et les centrales au charbon, qui fournissent actuellement l'essentiel de l'électricité consommée, il faut voir grand. Il faut aussi, ne l'oublions pas, parler aux imaginations afin de susciter les vocations technoscientifiques et les épargnes.
Il se trouve que, dans le domaine de l'énergie solaire, existait depuis quelques années, à partir d'une initiative principalement européenne, un grand programme de cette nature, nommé Desertec. Pour différentes raisons (notamment la résistance des intérêts investis dans les formes actuelles de production d'énergie) ce programme avait été recouvert par ce qu'il faut bien appelé une chape de silence. Deux facteurs différents poussent à le relancer.
Le premier est bien entendu l'accident de Fukushima au Japon. Le second, de nature géopolitique, découle de ce que l'on a nommé le printemps arabe. Un certain nombre de pays du sud-méditerranéen se sont débarrassés de leurs dictatures. Ils se sont ouverts au dialogue avec les pays du nord et ont montré que leurs populations se détournaient progressivement des fantasmes de djihad. Mais ce faisant ces pays posent, en premier lieu aux Européens, la question de savoir si les économies du Nord pourront ou non proposer, en dehors de tout retour au néocolonialisme, des projets de co-développement susceptibles de créer des emplois par miliers et des revenus susceptibles de se réinvestir sur place. Sans ces emplois et ces revenus, les nouvelles démocraties retomberont nécessairement dans le désordre. Or c'est précisément ce que le projet Desertec, s'il était bien mené, pourrait permettre: une vague de co-développement à l'échelle euro-africaine.
Nous pensons donc essentiel que l'Union européenne s'intéresse désormais officiellement à Désertec, tant au regard de ses retombées socio-économiques que pour ses composantes géopolitiques. Il s'agirait de concrétiser, pour toute l'Europe et non pour les seuls pays européens du sud, le thème évoqué par le projet d'Union pour la Méditerranée: créer dans cette partie du monde un grand ensemble d'intérêts communs. L'intérêt de Desertec est à cet égard de pouvoir s'étendre au delà de la seule Méditerranée. Il pourrait intéresser, en conjuguant d'autres sources de production d'électricité, notamment l'éolien et le marée-moteur, une grande partie de l'hémisphère nord à l'est du 20e Méridien. Pour l'Europe, il s'agirait donc également d'une démarche véritablement emblématique
Les adversaires du projet ont fait valoir qu'impliquant directement des Etats ou des régions sahariennes plus ou moins en but au terrorisme, des organisations telles que l'actuelle AQMI pourraient en profiter pour exercer un chantage permanent sur les partenaires du projet. Mais il s'agit d'une vue de l'esprit. Si Desertec était mis en oeuvre avec la volonté d'associer dès le début les Etats et les populations du Maghreb, il représenterait un tel enjeu qu'il serait non pas agressé mais protégé et soutenu par tous les partenaires africains du programme.
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Nous extrayons des sites de la Fondation Desertec de Wikipédia quelques informations permettant de préciser la teneur de cette grande ambition.
Le Projet Desertec est un projet éco-énergétique de grande envergure mené par la Desertec Foundation. Il a été initialisé sous les auspices du Club de Rome et de la Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation.
Il s'agit de créer un réseau interconnecté alimenté par des centrales solaires du Maroc à l’Arabie Saoudite, reliées par des réseaux à très haute tension. Le projet vise à répondre en grande partie aux besoins des pays producteurs d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient, et à fournir 15% (dans un premier temps) de l'électricité nécessaire à l'Europe.
Un protocole d'accord pour le projet a été signé par douze sociétés basées en Europe, au Proche-Orient et en Afrique du Nord, le 13 juillet 2009 à Munich. En mars 2010, quatre nouveaux investisseurs ont annoncé qu'ils s'associaient au projet, ce qui porte à 17 le nombre de partenaires (16 entreprises représentant un potentiel technique et de savoir-faire considérable) et la fondation Desertec elle-même.
L'entreprise vise à connecter plusieurs grandes centrales solaires thermiques et peut-être d'autres installations d'énergies renouvelables (fermes éoliennes) entre elles ainsi qu'au réseau de distribution de l'électricité qui alimenterait l'Afrique du Nord, l'Europe et le moyen-Orient, ce réseau pouvant être optimisé via une approche de type SuperGrid.
Mais Desertec ne se limitera pas à la production d’énergie : il participera aussi au développement des pays en créant de nombreux emplois locaux. Dans un premier temps, il s'agira de la main d'œuvre acceptant de travailler dans les conditions difficiles du milieu désertique.Mais il faudrait très vite que s'y investissent les ingénieurs et gestionnaires originaires des pays du sud.
Les promoteurs estiment qu'un tel réseau pourrait avant 2050 fournir plus de 50 % des besoins en électricité de la région EUMENA (Europe + Moyen-Orient + Afrique du Nord).
Les difficultés à résoudre seront nombreuses, mais tout à fait à la portée des technologies actuelles ou disponibles dfans un proche avenir .
Pour la production, on envisage des centrales solaires thermodynamiques à concentrateurs, c'est-à-dire utilisant des miroirs paraboliques pour produire de la vapeur d’eau à très haute température et sous forte pression, qui fait tourner une turbine et un alternateur produisant de l’électricité. Divers équipements de cette nature existent déjà en Europe
Ces centrales consomment beaucoup d'eau douce (un problème en zone aride) et conduisent à modifier la météorologie du désert et contribuer peut-être à exacerber certains effets du dérèglement climatique. Mais des remèdes sont possibles.
Pour le transport de l'électricité, les concepteurs du projet espèrent pouvoir utiliser de nouveaux types de lignes Haute Tension (lignes de transmission modernes en Courant Continu Haute Tension ou CCHT ou HVDC) devant permettre de transporter l'électricité sur de grandes distances avec beaucoup moins de pertes en ligne (3% pour 1.000 km) qu'avec les lignes classiques à courant alternatif, et presque sans pollution électromagnétique. Dans la conjoncture actuelle, caractérisée par le prix croissant du cuivre et alliages conducteurs, il s'agira d'une partie fragile, à protéger.
Pour le strockage, la production d'électricité ne se faisant que de jour, une partie de celle-ci pourra en être utilisée pour pomper l'eau vers des lacs de montagne en Europe, qui en possède beaucoup. L'utilisation la nuit de l'énergie de cette eau dans des turbines assurerait sa mise à disposition homogène au profit de l'ensemble du réseau.
Le coût global du projet a été estimé à 400 milliards d'euros sur plusieurs dizaines d'années, dont 50 milliards pour construire 20 lignes CCHT de 5 GW chacune. On peut craindre que ce coût n'augmente. Mais il sera aisément amorti grâce au prix de vente de l'électricité, dont les pays développés doivent cesser de considérer qu'il s'agit d'une énergie bon marché.
European Network of Geopolitical Thinking
Eduardo Martínez
The European Network of Geopolitical Thinking, established in April 2011 on the Isle of Thought, Galicia (Spain), aims to contribute to the positioning Europe in the new global geopolitical context.
La reunión constitutiva de la Red Europea de Reflexión Geopolítica tuvo lugar del 26 al 29 de abril de 2011 en San Simón, Isla del Pensamiento, Galicia, España.
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Tendencias 21 (Madrid). ISSN 2174-6850
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